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Comment les soi-disant petites mesures de la loi Macron sont en train de chambouler le marché des transports
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Petit poisson deviendra grand

De la création d'emploi à la baisse des prix des billets : la loi du ministre de l’Économie n’est pas encore entrée en vigueur qu'elle fait déjà bouger les lignes dans différents secteurs du marché des transports tels que la SNCF, Air France ou encore les autocars.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Quand Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, a présenté son projet de loi "pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques", plusieurs ont ricané sous cape : le texte n'était pas certes, "la loi du siècle" pour reprendre les propos de François Hollande, mais de là à en être réduite à traiter des transports en bus en province... Ils avaient tort ! La loi n’est pas encore entrée en vigueur - elle n’est pas même formellement adoptée par le Sénat -, et voici pourtant qu’elle produit déjà certains effets ! Preuve s’il en faut que des plus petites mesures peuvent naitre quelques grands effets.

La "loi Macron" prévoit de libéraliser le transport en bus, lequel est très réglementé. La presse l’a répété régulièrement : jusqu’à aujourd’hui, il n’est pas possible dans notre beau pays de faire un trajet Paris-Clermont Ferrand en autocar. Seuls les trajets internationaux sont permis. Emmanuel Macron veut changer cela, pour que le nombre de passagers passe de 110 000 en 2013 à plus de 5 millions dans les années à venir (en Grande-Bretagne, la libéralisation qui s’est faite au début des années 1980, a fait croître de 50 % le trafic, avant qu’il ne se stabilise).

Selon un groupe d’économistes indépendants, mandatés par le gouvernement et dirigés par Anne Perrot, ancienne vice-présidente de l’Autorité de la concurrence, cette réforme des autocars pourrait conduire à une création de 22 000 emplois nets et à une baisse des prix sensibles pour le consommateur ! Ce n’est pas totalement une surprise : l’Autorité de la concurrence avait déjà plaidé en ce sens en 2014.

Au-delà de ces chiffres qui, pour honorables qu’ils sont, ne sont pas impressionnants quand on se souvient qu’il y a plusieurs millions de chômeurs en France, la libéralisation du transport par autocar s’inscrit dans une révolution du secteur du transport de voyageurs, profondément concurrentielle.

Cette semaine, Air France a annoncé qu’elle développait une nouvelle offre autour de sa bannière "Hop !", pour densifier sa présence sur le réseau national et ainsi gagner des parts de marché en France. Le directeur de Hop ! était très clair : cette démarche s’inscrit dans une riposte "vis-à-vis du maillage territorial (…), le train, et les autocars qui arrivent". Car, sans qu’il soit besoin de revenir sur l’exemple du développement fulgurant du low cost (il faut lire iciet là les analyses d’Emmanuel Combe à ce sujet pour la Fondation pour l’innovation politique) c’est bien tout le secteur du transport qui bouge ! Les initiatives prolifèrent : la concurrence stimule l’innovation et la recherche de solutions nouvelles, au bénéfice des consommateurs !

Du côté de la SNCF, si l’inquiétude est toute relative face à l’initiative d’Air France, la vigilance est de mise en raison des offres alternatives au rail qui se développent rapidement. La compagnie ferroviaire a bien compris, depuis plusieurs années, qu’elle devait renouveler sa stratégie : en 2013, elle lançait par exemple Ouigo, les TGV low cost pour attirer et conserver ses clients. Le concurrent dans le viseur de l’entreprise nationale : le covoiturage (et particulièrement Blablacar), dont le succès expliquerait en partie la baisse du trafic sur les TGV.

Le secteur du transport de voyageurs est en pleine mutation. De nouvelles opportunités s’offrent aux consommateurs, à moindre coût, ouvrant une palette de choix et de gammes toujours plus large : le covoiturage, les voitures de location ou d’emprunt (comme autolib à Paris), le low-cost aérien – sans parler de Uber et autres ! Ce bouillonnement de création pousse les acteurs traditionnels à se révolutionner (Air France, SNCF, taxis etc.) : ils proposent des services nouveaux, des prestations rénovées. Bref, c’est toute la façon de penser la mobilité qui est bouleversée !

Tout cela est permis par la stimulation du marché, portée par internet qui permet aux consommateurs de comparer facilement les prix et qui facilite la mise en relation de l’offre et de la demande. Le Smartphone est le nouveau GPS du voyageur ; il est aussi le meilleur ami de son portefeuille.

Dans les années 1970 – 1980, le secteur du transport de marchandise avait fait sa révolution. Le brillant livre "The Box" l’a montré : cette mutation était permise notamment par l’invention du conteneur. Le monde en a été bouleversé, cette invention géniale facilitant la mondialisation. En France, il faut se rappeler que jusqu’en 1986 le transport routier de marchandise de plus de 150 kilomètres était soumis à autorisation administrative (pour ne pas concurrencer le rail). Sa libéralisation a fait croître le secteur, augmenter l’emploi, chuter les prix. Gageons qu’il en ira de même, de façon décuplée grâce aux nouvelles technologies, pour le transport de voyageurs !

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