"Si haute soit la montagne" de Louis Meunier : neufs histoires originales en terres afghanes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Si haute soit la montagne" de Louis Meunier : neufs histoires originales en terres afghanes
©

Atlanti-culture

Recueil de nouvelles de voyage. En Afghanistan, splendeur des cimes et folies des hommes

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey est chroniqueur pour Culture-Tops. 

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). 

Voir la bio »

THÈME

Ce livre est la somme de neufs histoires originales et de l'expérience de son auteur, Louis Meunier, qui arpente les hautes terres d'Asie depuis plus de 20 ans. Singulièrement, l'Afghanistan sera sa terre d'élection, et de prédilection.

C'est dans le cadre de ses chemins, vallées, plateaux et montagnes qu'il situe ces histoires courtes et épiques, dont bergers, enfants, animaux, paysans, talibans, sherpas, ermites, médecin, alpiniste sont les protagonistes. Histoires de solitude, de solidarités, de haines, histoires immobiles comme les montagnes, tendues ou vitales, elles racontent des vies suspendues entre hier et aujourd'hui, et celle située entre les rives du temps, dans ces terres résistant aux frontières et à la modernité, Wakhan, Sinjar, Hindou Kouch ou Pamir.

POINTS FORTS

Ces petits récits ont un grand pouvoir d'évocation sous une plume simple et alerte, habile à décrire les silences, l'immensité, l'instant, la beauté, l'absurde, l'humilité devant l'inattendu autant que devant la puissance de la nature…

Il est question dans ces pages des hommes, des femmes, des traditions, de la religion, des rivalités, du présent, des hautes terres et de leurs habitants. Il y est aussi question, dans une belle et terrible histoire, d'immigration et de Paris.

Ces nouvelles réservent aussi leurs surprises, qui n'en font pas des récits oniriques mais des immersions rapides dans les événements d'un instant, dont l'urgence surgit de nulle part, vous surprend, vous blesse ou vous charme.

QUELQUES RÉSERVES

Si vous trouvez votre bonheur dans la contemplation, et dans celle-là seulement, du boulevard périphérique parisien à 18h45, alors, ce livre ne vous séduira sans doute pas.

ENCORE UN MOT...

Si haute soit la montagne est empreint d'une étrange poésie qui fait cohabiter le sublime d'espaces suspendus dans le temps avec la violence des éléments et de la modernité, dont les hommes sont à la fois complices et victimes. 

J'ai aimé l'œil et le souffle épique, ce clin d'œil à la panthère des neiges, le déchirement de certaines rencontres, les espérances brisées, dont les cimes et les hauts plateaux semblent les témoins indifférents.

Ce livre vibre de l'expérience de son auteur et d'une forme de sagesse désabusée, en échos aux soubresauts que la modernité voudrait imposer aux hautes terres d’Afghanistan. Qu'il s'agisse de la nature ou d'habitants magnifiés dans leurs traditions, Louis Meunier pose sur eux un regard lucide autant qu'un voile d’espoir et d'éternité qui enveloppe mais ne cache pas la folie des hommes d'hier et d’aujourd’hui.

En deux mots, c'est simple, c'est joliment écrit - cela mérite, la dernière page tournée, la place à portée de main, comme les voyages de Loti, Soclum, London ou Kessel, pour un bain d'ailleurs !

UNE PHRASE

- "Cela amuse la bergère, qui réplique qu'elle n'est pas une fille facile. Elle est une sorcière, elle est mariée à la montagne, Ali devrait se méfier. Et puis ils appartiennent à deux mondes que tout oppose, lui riche et sédentaire, elle pauvre et nomade. Mais Ali veut croire que leurs différences sont autant de raisons de se rejoindre, que les anges ont tissé des fils entre eux, que si haute soit la montagne, on peut toujours trouver un chemin vers son sommet… " P 101

- "En hiver, le ciel chargeait l’air d'envoyer des baisers à la terre, les éléments se faisaient la noce et la vie naissait sous forme de flocons. La montagne soupirait de plaisir et, pour ne pas interrompre ces instants de grâce, elle se figeait sous le manteau blanc qui est le décors du commencement du monde et de la fin des temps. Je suis née dans un flocon, comme tout le reste autour." P 154

- "Jamila se relève, une boule de laine blanche dans chaque main, et observe la caravane approcher.  […] Elle dévisage Pierre. Sa figure au teint d'albâtre ne trahit aucune expression mais il se sent transpercé par ses yeux bleus, deux puits sans fond dans lequel il plonge et lit la majesté d'un lignage qui la rattache aux seigneurs des steppes, aux maîtres des routes de la soie, aux esclaves russes aux cheveux de paille. Pierre a la sensation de se tenir face à la princesse d'une turquerie de Delacroix qui aurait traversé les siècles, il est subjugué et manque de trébucher contre le yack devant lui lorsque la caravane s'arrête. " P 182

L'AUTEUR

Louis Meunier a choisi, de 2002 à 2021, de consacrer  l'essentiel de son énergie à l'Afghanistan. S'il y est arrivé jeune homme, en mission humanitaire, il y découvre aussi la guerre, politique et religieuse. Cela ne l'empêche pas de traverser le pays à cheval, de pratiquer, au sein de l'équipe de Kaboul, le Bouzkachi, qui est le sport équestre traditionnel du pays. Il fera  de ces expériences un livre (2014) et un film (2016) - Les Cavaliers afghans, qui recevront chacun de nombreux prix. Très investi dans la vie culturelle de Kaboul, il y crée sa société de production. Son activité "documentaire" lui vaudra aussi de nombreuses distinctions, et la qualité de membre de la Royal Geographic Society. Auteur en 2018 de Voyage en France buissonnière (édition Kero), Si haute soit la montagne est son quatrième roman.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !