Rodéos urbains : des incivilités érigées en mode de vie<!-- --> | Atlantico.fr
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Il y a eu près de 27 000 interventions pour rodéos sauvages en 2021.
Il y a eu près de 27 000 interventions pour rodéos sauvages en 2021.
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Tribune

Les causes sont multiples : Indifférence, lâcheté, calcul politique, manque de moyens, manque de places en milieu carcéral, inapplication des lois, politique de l’excuse, haine de la police, refus de la république, aveuglement idéologique, etc.

Jean-Pierre Marongiu

Jean-Pierre Marongiu

Jean-Pierre Marongiu est écrivain, conférencier, ingénieur, expert en Management et Directeur général et fondateur du thinktank GRES : Groupe de Réflexions sur les Enjeux Sociétaux.Perpetuel voyageur professionnel, il a parcouru la planète avant de devenir entrepreneur au Qatar où il a été injustement emprisonné près de 6 ans, sans procès. Il a publié plusieurs romans et témoignages dont : Le Châtiment des Elites, Qaptif, InQarcéré, Même à terre, restez debout ! Aujourd'hui conférencier et analyste societal, il met son expérience géopolitique au service d'une approche libérale-souverainiste de la démocratie.

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Deux enfants de 10 et 11 ans sont toujours hospitalisés à Pontoise après avoir été grièvement blessés par une moto lors d’un rodéo urbain le 5 aout 2022. L’une des deux victimes, une petite fille, a été touchée à la tête et risque de garder des séquelles neurologiques lourdes, selon le parquet. Le garçon souffre d'une fracture du tibia-péroné.

« Le sentiment d'insécurité est de l'ordre du fantasme. Ce sentiment d'insécurité est « nourri » par « les difficultés économiques », par « le Covid », mais aussi par « certains médias », et notamment les « chaînes d'infos continues ». Il existe en France un sentiment d’insécurité, mais la France n’est pas un coupe-gorge »déclarations d’Éric Dupont Moretti le 01/09/2020 pour mémoire le 16/10/2020 Samuel Paty se faisait décapiter.

À l'échelle nationale, il y a eu près de 27 000 interventions pour rodéos sauvages en 2021. La loi a été durcie en 2018.  Pour autant, tous les conducteurs ne sont pas arrêtés. La loi interdit aux policiers de les prendre en chasse au risque de les blesser gravement. Les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises hantent les mémoires des politiques. 

Rappel : ces émeutes avaient commencé à Clichy-sous-Bois à la suite de la mort de deux adolescents, électrocutés dans l'enceinte d'un poste électrique alors qu'ils cherchaient à échapper à un contrôle de police. Depuis, il est expressément recommandé aux forces de l’ordre de ne pas poursuivre les refus d’obtempérer, lesquels se multiplient quotidiennement, les délinquants étant convaincus de leur impunité.

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En vertu de la loi de 2018, les contrevenants encourent un an de prison et jusqu'à 15 000 euros d'amende. Or les condamnations à un an de prison ne sont jamais appliquées, le législateur qui définit le curseur ne pouvait l’ignorer.

Quand en 2018, Emmanuel Macron annonce que les peines de prison de moins d’un mois seraient interdites et les peines de 1 à 12 mois pourront être effectuées en milieu ouvert, il ouvre une troisième option, une version du en même temps juridique, conjuguant laxisme et répression. Selon Emmanuel Macron :  "les prisons déshumanisent les détenus, elles sont des écoles du crime." Il convient donc de les laisser en liberté.

Les solutions préconisées fusent de toutes parts, essentiellement de la droite : multiplication  des caméras vidéo, confiscation  et destruction  des engins motorisés concernés par le  délit, autoriser la police à poursuivre les délinquants quoiqu’il en advienne, faire appliquer les sanctions si ce n’est en prisons en camps de rééducation, supprimer les aides sociales aux familles concernées par un délinquant, dans le cas de doubles nationaux déchéance de la nationalité française et expulsion, condamner la mise sur les réseaux sociaux des exploits des contrevenants qui ne servent qu’à rehausser leurs performances…

Ces mesures, que d’aucuns à gauche de l’hémicycle qualifient d’extrêmes, pour un délit qui constitue certes une nuisance mais pas un crime, sont fortement contestées.

Il parait évidemment excessif que faire du bruit et troubler l’ordre public justifie un emprisonnement, à tout le moins jusqu’à ce qu’une petite fille voie sa vie brisée à jamais.

Comment rétablir une responsabilité civique si la police et la justice ne font plus peur ? Comment respecter la République si les juges garantissent l’immunité ? Comment éduquer une population dans des territoires inaccessibles aux fonctionnaires de l’État.

En son temps, Giscard d’Estaing confronté au même problème avait fait construire un circuit automobile pour permettre aux amoureux des deux roues d’assouvir leur passion. Cela s’adressait aux sportifs aujourd’hui, les rodéos urbains sont le fait d’une racaille rebelle qui recherche systématiquement l’affrontement avec la police.

Gerald Darmanin, à qui échoit la charge d’écoper à la cuillère un bateau qui prend l’eau de toutes parts, vient d’annoncer de nouvelles mesures vouées à l’échec tant que l’autorité de l’état n’aura pas été restaurée.

« Le gouvernement a la main extrêmement ferme contre non pas ces rodéos urbains que l'on présente comme un mot positif, comme si c'était un spectacle, mais contre ces actes souvent criminels qui viennent tuer, qui viennent blesser très gravement des femmes et des enfants. J'ai demandé à la police et à la gendarmerie nationale pour ce mois d'aout l'intensification de ces contrôles et je souhaite qu'il y ait 10.000 opérations de contrôle à partir d'aujourd'hui sur tout le territoire national pour lutter contre ces actes criminels de gens qui prennent la route pour leur territoire ». Gerald Darmanin

IL convient de rappeler qu’un Rodéo urbain est une infraction pénale qui se définit comme comportement compromettant délibérément la sécurité ou la tranquillité des usagers de la route.

Les éléments constitutifs cumulatifs de l’infraction de rodéo sont :

  • Le manquement à une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par le Code de la route.
  • Un comportement répété : un comportement isolé, même en violation d’une règle du Code de la route, ne peut à lui seul constituer un rodéo.
  • Un trouble à la tranquillité ou l’ordre public : un rodéo ne se constitue pas uniquement lorsque le comportement porte atteinte à l’ordre et la sécurité publique, mais aussi par un trouble à la tranquillité publique.

« L'incivilité n'est pas un vice de l'âme, elle est l'effet de plusieurs vices, de la sotte vanité, de l'ignorance de ses devoirs, de la paresse, de la distraction, du mépris des autres, de la jalousie. »Jean de la Bruyère.

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