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Si les robots détruisent de nombreux emplois, il faudra toujours des humains pour les créer et les entretenir.
Si les robots détruisent de nombreux emplois, il faudra toujours des humains pour les créer et les entretenir.
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Wall-E

Les robots infiltrent peu à peu toutes les professions. Mais si les machines détruisent de nombreux emplois, il faudra toujours des humains pour les créer et les entretenir. Derrière la peur d'aller pointer à Pôle Emploi à cause d'un robot, se cache en réalité l'angoisse de voir les machines prendre le pouvoir sur les humains.

Il s'appelle Octavia. Ce robot humanoïde est le dernier né de l'US Navy. Sa mission : secourir les victimes d'incendie. Doté d’une caméra infrarouge intégrée, il est capable de braver la fumée et les flammes pour se frayer un chemin à l’aide de son canon à eau. Mieux : il  réagit de façon autonome aux ordres de ses coéquipiers, formulés en langue des signes, rapporte le site Maxi Sciences.

Le petit humanoïde sans peur et sans reproche est d’ores déjà promu à un brillant avenir dans la force navale des États-Unis. Octavia fera ainsi ses premiers pas dans les navires et sous marins. « Même en temps de paix, les incendies représentent un des plus grands risques pour la flotte américaine », explique dans un communiqué le Laboratoire de recherche de l’US Navy. A terme, il se peut qu’il soit  intégré dans les équipes terrestres de pompiers.





De quoi réalimenter une inquiétude vieille comme la génération Y : les machines vont-elles voler le travail des hommes ? 

Un débat qui refait surface à chaque fois qu'une équipe de brillants scientifiques annonce la création d'un robot capable de surveiller des prisonniers, d'assister le chirurgien lors de l'ablation de la prostate, ou encore de remplacer les enfants jockeys lors de courses à dos de chameau.

Sur le papier, les robots n'ont que des avantages : ils travaillent sans compter leurs heures, sans avoir besoin de faire des pause et question salaire, ils ne sont pas vraiment exigeants puisqu'ils n'en perçoivent pas. De là à penser qu'ils pourraient remplacer les humains, il n'y a qu'un pas...

Mais pour Bruno Bonnell (patron de la société Robopolis, spécialisée dans la robotique personnelle), c'est une hypothèse hautement improbable. Dans une interview accordée en mars dernier au site Lyon Capitale, il estime que « les robots vont détruire des emplois pour permettre d'en créer d'autres ». « Aujourd’hui, pour le bien de l’homme, le robot peut le remplacer dans de très nombreuses tâches pénibles et dangereuses. (...) À plusieurs reprises dans l’histoire, les machines ont pris la place des hommes. (...) Pourtant, malgré les apparences, les robots sont une vraie réponse pour faire baisser le chômage, ils peuvent nous rendre notre compétitivité et permettre de réindustrialiser le pays », ajoute-t-il.

En ce qui concerne Octavia, les pompiers professionnels n'ont pas trop de souci à se faire. Pour le moment les réactions du robot manquent cruellement de spontanéité. Un défaut qui pourrait être fatale dans la panique d’un incendie. L'US Navy s’attèle donc à améliorer l’interface du cyborg afin qu’elle devienne plus naturelle. Les ingénieurs espèrent parvenir un jour à une version définitive d’Octavia capable non seulement d’aller là où les pompiers ne peuvent pas accéder, mais aussi d’identifier le type d’incendie et élaborer en conséquence la stratégie de sauvetage la plus efficace.



L'exemple d'Octavia est en fait assez représentatif de ce que nous réservent les décennies à venir en matière de robotique : les cyborgs contribuent à nous simplifier la vie et à nous épargner des tâches pénibles. Mais comme l'explique un article du Point, les robots ne savent pas tout faire, et ne peuvent fonctionner de manière autonome. En conséquence, il est impossible de passer le relais aux machines. Il faudra toujours des petites mains humaines pour mettre de l'huile dans leurs rouages, et des têtes pensantes capables de créer les qui les font fonctionner.

Mais derrière cette peur de pointer à Pôle Emploi à cause d'un robot, se cache l'angoisse de voir les machines prendre le pouvoir sur les humains. 

Les plaisanteries sur les robots déclenchant la fin du monde marchent à tous les coups.En juin 2011, le président Barack Obama annonçait que l’État américain allait doter la National Robotics Initiative (Initiative robotique nationale) d’un budget de 70 millions de dollars. Dans son intervention, le président américain s'autorisait cette plaisanterie : «Vous l’ignorez peut-être, mais une de mes responsabilités en tant que commandant en chef est de surveiller les robots. Et je suis heureux de pouvoir dire que les robots que vous fabriquez ici n’ont pas l’air méchant. Du moins pour l’instant. »

En réalité, un scénario catastrophe comme dans Terminator, où les machines se retournent contre leurs créateurs, relève de la fiction pure et simple. Aussi sophistiqués soient-ils, les robots ne sont capables que d’exécuter les tâches pour lesquelles ils ont été programmés.



« L’intelligence est humaine. Les robots sont déjà capables d’analyser une situation et de trouver une solution dans un univers fermé. Au jeu du backgammon, un ordinateur gagnera toujours. Par contre, de là à dire qu’ils créeront, il y a une grande marge de manœuvre, estime Bruno Bonnell. Ils se répareront par changement de pièce, ils sauront que l’élément A peut être trouvé dans le bâtiment B, mais je suis sûr qu’ils n’auront jamais l’astuce du mécanicien au fond de la savane capable de faire démarrer une voiture avec un lacet de chaussure. L’humain trouvera toujours des solutions décalées et absurdes, il pourra toujours bricoler avec tout ce qui lui tombe sous la main et restera toujours plus intelligent que le robot. »

En réalité, le mythe de la révolte des robots est si ancré en nous qu’il occulte les véritables questions de sécurité estime Torie Bosch, spécialiste des nouvelles technologies sur le site américain Slate. Si les cyborgs ne sont pas près d'asservir notre civilisation, ils peuvent bel et bien connaître des ratés. Ainsi, cet exemple venu de Suède. Selon un article du Local, « une société suédoise a écopé d’une amende de 25.000 couronnes (2 750 euros) suite à l’attaque, qui aurait pu être mortelle, d’un robot sur un ouvrier dans usine au nord de Stockholm ». L’ouvrier était en train de réparer un robot en panne et pensait avoir coupé l’alimentation de la machine. Mais le robot « s’est soudainement mis en marche et a agrippé la tête de la victime ».

Comment être sûr que les robots-aspirateurs ne roulent pas sur les pieds des gens ? Plus grave, que se passerait-il si un robot rencontrait une erreur système pendant qu’il vous opère du cœur ?, s’interrogeait The Economist en 2006. Autant de questions de sécurité qui méritent d'être posées. Pour Torie Bosch c'est là que se situe le réel danger pour l'homme : «si on néglige cette banale précaution, les robots nous écraseront plus tôt qu’on ne le pense. »

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