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Réunion de Doha sur le pétrole : déjà 315 milliards de dollars évaporés pour les pays producteurs
©Reuters

Or noir

Les pays exportateurs ont perdu des centaines de milliards de dollars – jusqu'à 20% de leurs réserves financières – à cause de l'effondrement des prix du pétrole, et accusent des déficits budgétaires qui les conduisent à des mesures d'austérité

Rendez-vous crucial à Doha. Pour la première fois depuis quinze ans, un sommet prévu ce dimanche 17 avril pourrait déboucher sur un accord visant à stabiliser la production d’une coalition allant au-delà de l’OPEP. "Face à la vertigineuse chute des prix du brut, tombés fin janvier à leur plus bas niveau depuis douze ans, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a appelé d’autres Etats à la rescousse", relève Le Monde. C'est exceptionnel.

Cette union sacrée a un but : faire remonter les prix. Mais plusieurs experts doutent qu'un éventuel accord ait un impact significatif sur un marché pétrolier. De même, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a prévenu qu'un accord à Doha aurait un "impact limité" sur l'offre.

La situation est pourtant urgente pour les pays exportateurs. Alors qu'en juillet 2008, le prix du baril frisait les 150 dollars et qu'on prédisait des bonds à 250, 300 dollars – voire au-delà !  les cours se sont effondrés depuis l'été 2014, à moins de 30 dollars le baril aujourd'hui. Le ministre saoudien parle même de l'éventualité d'un baril à 20 dollars !

"La chute d'environ 60% des cours du brut depuis juin 2014 a été causée par une surabondance de l'offre, consécutive à une forte augmentation de la production de pétrole non conventionnel, dont le pétrole de schiste américain, et le refus par l'Opep en novembre 2014 de réduire sa production", rappelle L'Expansion.

Or, la fin de l'abondance des pétrodollars a un impact important sur les pays qui avaient basé leur économie sur cette manne. "Le point mort de tous ces pays se situe en effet à un seuil de 80 à 120 dollars le baril comparé aux 28 dollars actuels. Les Bourses du Golfe persique ont payé un lourd tribut. Les Etats puisent dans leurs fonds souverains qui font office d'amortisseur comme en Norvège. Ils vendent leurs actifs les plus liquides (actions et obligations d'Etat)", détaille le quotidien Les Echos.

L'agence Bloomberg a de son côté calculé que les 18 nations qui se retrouveront à Doha ce dimanche, et qui représentent la moitié de la production mondiale de pétrole, ont dépensé 315 milliards de dollars de leurs réserves monétaires depuis novembre 2014 pour compenser la chute des cours. C'est un cinquième de leur total, s'alarme Bloomberg. Sur les trois derniers mois de 2015, la facture était de 54 milliards de dollars, la plus haute depuis le début de la crise.

L'Arabie saoudite représente la moitié de ces dépenses, avec un total de 138 milliards de dollars – près d'un quart de ses réserves de change. Viennent ensuite la Russie, l'Algérie, la Libye et le Nigéria.

La situation est pire dans d'autres pays. Ainsi, comme l'expliquait Thierry Coville en mars 2015 à Atlantico, "si l'Arabie saoudite peut injecter ainsi 36 milliards de dollars pour soutenir son économie, c'est parce qu'ils les avaient mis en réserve ! En Iran, par exemple, le fond créé en 2000 a été dépensé par l'ancien président Ahmadinejad pour des projets sans rapport, et quand la période des sanctions s'est abattue sur le pays, l'Iran n'avait plus rien".

Pour autant, l'avenir risque d'être compliqué pour ce pays à 90% dépendant du pétrole. "La dépendance pétrolière est très forte et s'auto-entretient. Le seul exemple qui existe, c'est l'Indonésie qui a réussi à diversifier son économie quand il apparaissait évident que ses réserves pétrolières diminuaient", nous expliquait Thierry Coville.

Mardi, l'agence d'évaluation financière Fitch a d'ailleurs dégradé d'un cran la note de la dette de l'Arabie saoudite de «AA» à «AA-», notamment en raison des conséquences de la chute des prix du pétrole sur sa situation budgétaire. Pour faire face à ces énormes déficits, le gouvernement saoudien a augmenté de 80% les prix des ventes pétrolières en décembre et réduit les subventions à l'électricité et à l'eau.

L'Algérie aussi a fait face à une dégringolade de ses réserves de change. Elles ont baissé de 27,9 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année 2015, tombant à 151 milliards de dollars à fin 2015, selon des chiffres communiqués le 22 novembre par le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa. Les réserves devraient descendre à 121 milliards de dollars en 2016.

En Russie, Vladimir Poutine, qui a construit sa popularité grâce à la hausse du niveau de vie alimentée par la manne pétrolière et un baril au-delà de 100 dollars, commence à faire face à la grogne des citoyens, qui voient leur niveau de vie baisser suite à la mise en œuvre de politiques d'austérité.

Pour autant, cette situation a aussi de bons côtés. "Environ 6 milliards d’individus sur terre voient leur pouvoir d’achat progresser avec la baisse des prix de l’énergie, alors que seulement 1 milliard environ bénéficie naturellement des rentes pétrolières", indique aux Echos Jean-Marie Mercadal, directeur général délégué d'Ofi Asset Management.

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