Retrait du Niger : et au fait, comment s’en sortent les Britanniques en Afrique anglophone ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le roi Charles III donne un côté humain aux relations de la Grande-Bretagne avec l’Afrique qui se sont tendues, notamment depuis le gouvernement de Boris Johnson.
Le roi Charles III donne un côté humain aux relations de la Grande-Bretagne avec l’Afrique qui se sont tendues, notamment depuis le gouvernement de Boris Johnson.
©Christophe ARCHAMBAULT / POOL / AFP

Retrait

Les Britanniques, eux, semblent plus discrets sur l'Afrique.

François Gaulme

François Gaulme

François Gaulme est chercheur associé à l'Institut français des relations internationales, Centre Afrique subsaharienne.

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Atlantico : Emmanuel Macron a annoncé le retrait des soldats français du Niger. Peu à peu, les Français sont poussés en dehors du continent africain. Quid des autres anciennes puissances coloniales ? Les Britanniques ont-ils les mêmes problèmes ?  

François Gaulme : Les Britanniques ne vont pas s’en aller car ils sont partis au moment des indépendances, tandis que les Français, surtout du temps du général de Gaulle, ont souhaité garder un rapport très proche avec les pays qu’on venait de décoloniser pour les rendre plus forts. On considérait que c’étaient des jeunes Etats et qu’il fallait les épauler dans de nombreux domaines : sécuritaire, financier, monétaire… Les Britanniques, eux, quand ils donnent l’indépendance, ils s’en vont. 

Comment explique-t-on le sentiment anti-français en Afrique alors qu'il n'y a pas de sentiment anti-british ? Qu'est-ce que les britanniques font mieux que nous ?

C’est dû sans doute à une différence de diplomatie. Les Britanniques sont plus discrets. Ils demandent facilement pardon pour la colonisation, pour l’esclavage… Ils le font beaucoup plus facilement que nous. 

Mais c’est dû au fait aussi que les Français ont gardé ces liens très forts, institutionnels, dans certains pays africains. Il y avait une garantie monétaire pour certains pays africains apportée par la Banque de France. Il y a maintenant des jeunes qui se révoltent contre ça. La première révolte s’est déroulée dans les années 60-70. Ça revient à nouveau parce qu’il y a une démographie galopante en Afrique et que la jeunesse est anticolonialiste comme elle l’était y a 50 ans. C’est une deuxième vague à laquelle on ne s’attendait pas 50 ans après. 

Le Commonwealth permet-il aux Britanniques d'avoir des relations apaisées avec ses anciennes colonies devenues des zones d'influence ? 

Les pays qui ont le plus compté dans l’empire britannique, ça reste l’Afrique du Sud et le Kenya qui était une colonie de peuplement. Dans l’Afrique anglophone, il y a d’autres pays qui se portent bien comme le Ghana.

Le Commonwealth, disait Georges VI, « c‘est un animal assez étrange ». Ce n’est pas la suite de la colonisation. C’est une sorte de club où tout le monde fait un peu ce qu’il veut comme dans les clubs anglais, tout en respectant certaines règles. L’Afrique du Sud et l’Inde peuvent se sentir très proches de la Russie et en même temps être satisfait d’être membre du Commonwealth. La première visite du roi Charles III a été pour l’Afrique du Sud. Ce qui ne veut pas dire que le pays n’est pas proche de la Russie pour autant. 

Le départ des Français est-ce une bonne affaire pour les Britanniques ?

A mon avis, non. Les Britanniques ont essayé ces dernières années (avec le Brexit) de récupérer des parts de marché et une influence politique comme au Gabon ou au Sahel. Aujourd’hui, il y a un désintérêt croissant pour l’Afrique. À Londres, ça me frappe beaucoup dans le gouvernement actuel. Il est entièrement dominé, ainsi que l’opposition, par les questions d’immigration et des migrants clandestins qui traversent la Manche. Les relations avec l’Afrique finissent par se concentrer là-dessus. L’un des objectifs fondamentaux du gouvernement actuel c’est d’envoyer des migrants clandestins au Rwanda. Ça fausse complètement la politique traditionnelle africaine et les relations avec la France aussi par ailleurs.

Est-ce que l'arrivée du roi Charles III va modifier les relations entre le Royaume-Uni et les pays africains ? 

Je l’ai dit dans une note récente publiée par l’IFRI, le roi Charles III donne un côté humain aux relations de la Grande-Bretagne avec l’Afrique qui se sont tendues, notamment depuis le gouvernement de Boris Johnson. Charles III apporte une touche humaine à un gouvernement de plus en plus dur vis-à-vis de tous les pays qui essayent d’envoyer leurs ressortissants en Grande-Bretagne. 

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