Remaniement : un condensé de macronisme sur le fond... comme sur la forme <!-- --> | Atlantico.fr
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Gabriel Attal et Pap Ndiaye lors de la passation de pouvoir au ministère de l'Education nationale.
Gabriel Attal et Pap Ndiaye lors de la passation de pouvoir au ministère de l'Education nationale.
©EMMANUEL DUNAND / AFP

Bizarre, vous avez dit bizarre

Après plusieurs jours d’attente et de tractations, l’Elysée a annoncé un remaniement partiel du gouvernement, ce jeudi 20 juillet.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Les apparences sont sauves. Ce jeudi soir à 19H40 la fumée blanche est enfin sortie officiellement de l’Elysée avec la publication du communiqué annonçant la composition du nouveau gouvernement d’Elisabeth Borne. Et Elisabeth Borne est même venue à l’Elysée pour finaliser le document avec Emmanuel Macron.  On y a découvert quelques ajustements à la marge, car l’essentiel était connu depuis des heures … On a en effet assisté à l’annonce la plus incongrue, la plus bizarre, voire la plus étrange de remaniement ministériel de l’histoire de la République, avec des ministres qui annoncent eux-mêmes leur nomination, tandis que d’autres ou plutôt une autre , (Marlène Schiappa), confirmait son départ . Comme si on voulait en minimiser la portée, alors qu’en réalité ce remaniement « technique » est assez conséquent au niveau des mutations et nominations . Il est surtout fortement marqué par le renforcement.

 En début d’après-midi de jeudi , on a appris la nomination du nouveau Ministre de la Santé, Olivier Rousseau, un peu plus tard, celle d’Aurore Bergé , la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée au Ministère des Solidarités, puis celle de Gabriel Attal à l’Education. Au fil des heures s’égrenaient les annonces, par les intéressés ou par des fuites organisées, celle de la présidente de la commission des Affaires Sociales, Fadila Khattabi  au Handicap, ou encore un peu plus tard  le remplacement de Gabriel Attal au Budget par Thomas Cazenave, député Renaissance de la Gironde, ancien directeur adjoint de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy , candidat malheureux à la mairie de Bordeaux…

Cette  séquence totalement baroque faisait  suite à une autre bizarrerie intervenue deux jours plus tôt, avec la « confirmation » d’Elizabeth à son poste …C’est par le truchement (- impossible de parler de la voix), d’un conseiller autorisé du Château, qui l’ a confirmé à des journalistes de première ligne , que l’information est sortie pour être répercutée …Comme si cela écorchait le décideur, en l’occurrence le Président de la République, de formuler directement ce renouvellement de bail…En attendant la suite, c’est-à-dire le remaniement, les supputations allaient bon train ; le sort du Ministre de l’Education semblait scellé pour de multiples raisons. Son successeur pressenti depuis quelques jours, Gabriel Attal, a fait annoncer sa nomination dans l’après-midi sans attendre le communiqué officiel. Lors de la passation des pouvoirs Pap Ndiaye lui a rappelé que « l'école est et doit rester la promesse d'un avenir meilleur », tandis que Gabriel Attal assurait que son jeune âge , 34 ans, n’était pas un obstacle à l’ampleur de la tâche qui l’attend  et mettait l’accent sur « le respect des savoirs fondamentaux, le respect de la laïcité »

Invisibles

Le sort de François Braun , Ministre de la Santé sortant, semblait également jeté depuis quelque temps : outre qu’il n’avait pas réussi à faire de miracle, c’est-à-dire former des médecins en moins d’un an, alors qu’il en faut dix, François Braun appartenait à ce petit groupe des « Invisibles », c’est-à-dire des ministres quasi inconnus du grand public …Défaut apparemment rédhibitoire à l’heure où la communication prime souvent sur l’action, et l’annonce sur la réalisation. Son successeur, Olivier Rousseau , ancien directeur de cabinet d’Elizabeth Borne, a fait un demi-tour express à la Caisse de Dépôts pour prendre en main le Ministère de la Santé, un secteur qu’il connait bien pour avoir dirigé l’Agence Régionale de Santé d’Ile de France pendant le COVID…Venu de la gauche, du PC précisément, l’homme a évolué au point d’être accueilli favorablement par les médecins libéraux …Il n’est pas une star des media , mais en connait le maniement.

L’ex ministre du Logement, Olivier Klein, était lui aussi affublé du même  défaut d’invisibilité , si l’on peut dire. Les media ont commencé à lui porter de l’intérêt au moment des émeutes… Avant, bah ! Son successeur, le maire de Dunkerque, Patrice Vergriete, ex-PS, aura-t-il la chance d’être plus exposé ? Il risque surtout de l’être pour la plus mauvaise des raisons, puisque le secteur du Logement va subir des coupes budgétaires au nom de la réduction des déficits ! Quant à l’autre volet de l’action de son prédécesseur, la Ville, il échoit à l’élue Renaissance de Marseille, Sabrina Agresti-Roubache, (- très investie sur Marseille et proche du couple Macron ). Ce secteur est désormais rattaché au ministère de l’Intérieur… Attendez-vous à ce qu’on parle  beaucoup  de politique de la Ville dans les jours et semaines à venir ! Il sera aussi beaucoup question du Service National Universel avec l’arrivée de Prisca Thevenot, porte parole de Renaissance élue des Hauts-de-Seine.

Minimisé par Emmanuel Macron, ce remaniement n’est pas celui du deuxième souffle voulu et espéré …Il marque en tous cas sinon la fin, une pause dans le recours à la société civile, un renforcement du macronisme au sein de l’exécutif. L’équilibre est respecté avec le MODEM de François Bayrou, mais on n’a pas élargi la présence d’Horizons d’Edouard Philippe. Seuls Christophe Béchu, le Ministre de la Transition Ecologique et Agnès Firmin Le Bodo, chargée de  l’Organisation territoriale et des Professions de santé représentent cette formation qui évolue sous l’œil suspicieux de l’Elysée . Le candidat malheureux à Matignon, Gerald Darmanin se voit conforté dans ses fonctions et son domaine est élargi à la politique de la Ville. Quant à Bruno Le Maire,  l’autre « poids lourd » venu de la droite, il devient numéro 2  du gouvernement… La majorité n’est pas élargie avec des  entrants LR … Quant à Elisabeth Borne, qui n’a dit mot, elle a laissé entendre qu’elle a imposé sa marque, voire mené un bras de fer avec Emmanuel Macron pour ce remaniement qui n’est manifestement pas le dernier du quinquennat …

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