Quelles règles de politesse sommes-nous en train d’inventer pour le covoiturage ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
De plus en plus de voyageurs ont recours au covoiturage.
De plus en plus de voyageurs ont recours au covoiturage.
©Reuters/Charles Platiau

Code de bonne conduite

Selon un sondage réalisé par l'institut TNS Sofres conjointement avec la MAIF dans dix pays, en juin 2015, 80% des conducteurs inscrits sur BlaBlaCar pensent que le covoiturage les encourage à être plus courtois et respectueux de la signalisation. Si certains comportements sont à encourager, d'autres sont à proscrire.

Laure  Wagner

Laure Wagner

Première collaboratrice de Blablacar, en janvier 2009. Elle y travaille toujours.

Voir la bio »
Stéphanie Vincent-Geslin

Stéphanie Vincent-Geslin

Stéphanie Vincent-Geslin est docteure en sociologie de l’université Paris-Descartes. Elle est actuellement chercheuse au laboratoire d’économie des transports (LET).

Voir la bio »

Atlantico : Quelles sont les règles de politesse à respecter pour effectuer un bon covoiturage ?

Laure Wagner : Blablacar, comme son nom l'indique, est un moyen de transport où on papote, mais il y a un niveau de "papotage". Lorsque la personne s'inscrit, elle annonce si elle est "Bla", "Blabla" ou "Blablabla", une sorte de taux de bavardage. Mais, c'est vrai qu'il est poli et bienvenu de commencer le trajet par une discussion ouverte qui permet la présentation de chacun des passagers. 

La politesse c'est aussi d'être à l'heure. On a essayé d'encadrer cette notion. On a formalisé cela : on voit sur les annonces ce que le conducteur souhaite : s'il laisse une marge de manoeuvre de quelques minutes ou s'il souhaite partir pile à l'heure. Le passager doit être attentif à cela car si le conducteur avait annoncé qu'il partait pile à l'heure et que le passager est en retard, le conducteur est dans son bon droit s'il ne l'attend pas. Le passager, qui a payé en avance, s'il est trop en retard, ne sera pas remboursé. 

Le meilleur conseil à donner est évidemment d'être joignable pour un éventuel petit retard, mais surtout pour se retrouver au point de rendez-vous. Il faut donc penser à charger son téléphone avant. Quand on se retrouve comme à Paris au niveau des portes, il y a différentes possibilités.

Quelles sont donc les erreurs à éviter ?

On ne peut pas interdire certains sujets de conversation, comme la politique ou la religion, c'est la magie du covoiturage. On n'a jamais fait de règlement sur le sujet, c'est déjà assez intrusif de réglementer ce que disent les gens. On peut se retrouver à avoir de très bonnes conversations sur la religion ou la politique, sans polémique. Libre à chacun de lancer des discussions, il faut simplement le faire en bonne intelligence. La voiture étant un huis clos, si on ne le sent pas, il ne faut pas insister. Certaines personnes vont chercher à avoir l'avis des gens sur des sujets d'actualité. C'est aussi enrichissant de discuter avec des personnes que l'on ne connaît pas et que l'on ne reverra sans doute pas. 

On essaie d'anticiper les choses comme le fait d'indiquer que l'on est fumeur. 

Enfin, ne pas avoir une conversation longue au téléphone et si possible éviter les discussions privées pendant le trajet, c'est de l'ordre de la politesse. On peut demander aux autres si l'on doit passer un appel.

Et si quelqu'un se conduit mal, que risque-t-il à part une mauvaise note sur le site ?

Il risque d'être évincé de la communauté. Il faut que ce soit une raison valable, notamment lorsque la sécurité est en jeu. Si on nous rapporte que quelqu'un téléphone au volant ou qu'il fait des excès de vitesse, il sera retiré de la communauté. Au total, il y a 97 % d'avis positifs, donc ce sont des cas rares.

Pour un bon covoiturage, voici les conseils d'iDVROOM, pionnier du covoiturage depuis quinze ans et filiale SNCF :

A FAIRE :

1 - Avoir un SUPER profil qui rassure vos covoitureurs et donne envie de faire un trajet avec vous 

2 - Donner des précisions sur le trajet : grand coffre, petit coffre, détours ou adresse de destination... pour que chacun prépare bien son trajet

3 - Se mettre d’accord en amont sur les points de rendez-vous et les horaires

4 - Etre ponctuel : réglez vos montres ou avertissez vos covoitureurs si vous avez un peu de retard

5  - Vous êtes conducteur : passez un petit coup d’aspirateur dans votre auto 

6 - Respecter ces maître-mots : politesse et convivialité

7 - Pour rester serein : sur vos trajets quotidiens, faites les comptes de manière hebdo grâce au planning

8 - Demander l’autorisation pour fumer 

9 - Prévenir d’une éventuelle modification du trajet (maladie, retard, gros chargement imprévu, détour…)

10 - Pour les paiements en espèces, prévoyez la monnaie

A NE PAS FAIRE :

1 - Se croire dans un taxi (mettre ses écouteurs, téléphoner, demander de s’arrêter à chaque commerce…)

2 - Etre régulièrement là, mais en retard

3 - Finir son petit déjeuner dans la voiture au risque de tout faire tomber (est valable pour tout repas)

4 - Monopoliser la conversation ou parler de choses qui fâchent 

5 - Critiquer la conduite du conducteur (sa musique, sa tenue, son travail…)

6 – Râler !

Parlez-nous de ce nouvel engouement pour le covoiturage ?

Stéphanie Vincent-Geslin : Ce qui est drôle c'est que si vous m'aviez interviewé il y a quinze ans, vous m'auriez demandé pourquoi le covoiturage ne marchait pas en France. En l'espace de quinze ans, la tendance s'est inversée. Il y a trois grandes dynamiques qui jouent et se complètent.

En premier lieu, de plus en plus de gens se sentent concernés par les questions environnementales et écologiques. Le covoiturage est une manière de limiter l'impact sur l'environnement. Deuxio, il y a grande ligne générale autour de l'économie solidaire, dite du partage, qui se développe. On le voit avec la location de voitures entre particuliers, l'air BnB... Et puis, il y a un coup d'accélérateur qui a été donné avec la crise économique. Cela permet aux automobilistes de rentabiliser leur trajet.

Ce serait réducteur de ne voir qu'un aspect économique.

En combien de temps les usages se mettent-ils en place et se stabilisent-ils ?

Dans le cas du covoiturage en France, cela s'est fait avec la cration de Blablacar. Je ne suis pas là pour leur faire de la publicité, mais il faut faire ce constat. Ils ont fait un gros travail pour sécuriser le covoiturage et donner la confiance aux usagers. Ils ont eu l'effet masse. Il n'y pas qu'eux, les collectivités locales se sont emparées du covoiturage car cela leur donnait une alternative à la voiture facile à mettre en place. On peut le voir notamment dans le Grand Lyon dont les résultats sont bons. Il a fallu une bonne diazine d'années pour que le covioturage entre dans les moeurs d'une certaine partie de la population. Il s'agit surtout des gens, des étudiants pour la plupart.

Le covoiturage est né de l'auto-stop, mais s'ils ont un peu le même principe, le covoiturage est moins aventureux car sa pratique est encadrée.

Selon quel processus ?

Comme toute innovation sociale, elle prend au moment où la société est prête et rentre en concordance avec un certain nombre d'éléments favorables. Le développement des applications Internet sur smartphone a joué un rôle accélérateur dans le développement du covoiturage. C'est arrivé au bon moment pour pouvoir se développer, notamment avec la crise économique aussi. Pendant des années, des personnes ont essayé de développer le covioturage. La chance de Blablacar a été d'arriver au bon endroit au bon moment. Outre Internet et la crise, le Grenelle de l'environnement a joué un rôle primordial sur des questions de déplacement. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !