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Quadras, divorcées… et plus débauchées que les ados
©Reuters

Nouvelle génération

Une étude publiée par l'Office National des Statistiques en Grande-Bretagne révèle que la plupart des divorcées de plus de 40 ans vivent par la suite des relations de très courte durée, sans aucun engagement. Reste à savoir si tel est le cas en France, et à découvrir les dessous coquins de la seconde jeunesse que ces femmes au désir ardent de liberté s'offrent.

Ghislaine Paris

Ghislaine Paris

Ghislaine Paris est médecin sexologue. Elle est notamment l'auteur de Un désir si fragile (Quotidien malin, 2014) ou encore Faire l'amour pour éviter la guerre dans le couple avec Bernadette Costa-Prades (Albin Michel, 2010)

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Atlantico : Une étude publiée par l’Office for National Statistics en Grande-Bretagne révèle que la plupart des divorcées de plus de 40 ans vivent par la suite des relations de courte durée et sans aucun engagement. Est-ce le cas en France ? Qui sont ces femmes ? Comment se caractérise la vie relationnelle post-divorce de ces femmes ?

Ghislaine Paris : Quoi qu’il en soit, si je me fie aux patientes que je reçois, il est vrai qu’un bon nombre d’entre elles correspondent à cette description, c’est-à-dire des femmes d’environ 40 ans, divorcées depuis peu et qui, pour 75 % d’entre elles, aspirent à des relations courtes mais intenses.

Il s’agit généralement de femmes qui ont un ou deux enfants mais pas plus, qui ont une vie professionnelle et donc qui s’assument financièrement et qui pour la plupart ont été mariées pendant quelques années, à savoir entre cinq et huit ans. La plupart se sont également mariées assez jeunes, elles se sont jetées assez précocement dans une vie de couple stable.

Pour un certain nombre, elles font de plus en plus appel à un site de rencontres ou à un réseau social car leur vie précédente les a coupées d’un réseau d’amis qui était étendu au moment de leurs études, c’est-à-dire une dizaine d’années plus tôt. Elles ont effectivement pour la plupart consacré beaucoup de temps à leur vie professionnelle et familiale, à l’éducation de leurs enfants en bas âge. Leur réseau s’est donc amoindri du fait de leur vie de couple, soit parce que le réseau de leur mari a pris le dessus, soit parce que leur mari faisait déjà parti de leur réseau d’amis et donc ne laissait que peu d’opportunités de rencontres. Elles ont également un temps limité de par leur travail et leurs enfants et elles ont donc besoin d’aller rapidement dans la rencontre et d’avoir les moyens d’y parvenir.

Concernant le type de partenaires, on peut remarquer une petite tendance chez ces femmes à avoir une recherche sexuelle et à ne pas hésiter à chercher des partenaires plus jeunes. Mais cette tendance est clairement minoritaire étant donné qu’il y a encore énormément de culpabilité à cause d’une image connotée de la femme plus âgée qui va aller chercher le petit jeune. Il s’agit donc majoritairement d’hommes de leur âge qui se retrouvent dans la même situation qu’elles, c’est-à-dire qui ont essuyé un divorce. Très rarement, on retrouve également quelques cas de femmes cherchant la compagnie éphémère d’un homme plus âgé justement car cela leur procure une nouvelle expérience et rejette l’idée d’une relation durable. Mais honnêtement, leurs critères de recherche n’insistent pas particulièrement sur l’âge.

Pour ce qui est de la durée, elles vont droit au but, elles ont envie de sortir et de reconquérir une vie sexuelle. Elles sont conscientes d’une certaine maturité mais ce fait demeure paradoxal dans la mesure où elles ont confiance en elles, de par leur statut et leur âge, mais elles ont l’impression également de devoir découvrir un certain nombre de choses à côté desquelles elles ont pu passer jusqu’à présent, notamment leur liberté et leur vie sexuelle. Dans cette mesure, leurs relations sont généralement de courte durée, également car elles cherchent et tâtonnent. Elles n’ont pas de projet immédiat. Ce que j’entends très souvent est qu’elles ne sont pas contre l’idée de se remettre en couple mais elles ont le temps, elles n’en veulent pas particulièrement tout de suite. La plupart sont assez désillusionnées et ne recherchent plus le romantisme, l’affectif, le prince charmant et la passion. Elles veulent avant tout vivre et alternent donc les relations courtes.

Leur divorce a-t-il un impact sur d'autres pans de leur vie ? Pourquoi ressentent-elles de tels besoins ?

Il y a effectivement un réel retour sur soi, un autocentrage. Elles ont très souvent l’impression d’avoir énormément consacré de temps aux autres, leur mari, leurs enfants, et ce divorce est en quelque sorte une revanche : elles vont désormais s’occuper d’elles-mêmes. Il y a également le cas particulier des gardes alternées : certaines femmes vivent en alternance, c’est-à-dire que pendant une semaine elles vont jouer le rôle de mère à la perfection et vont donc vivre une vie calme, puis la semaine suivante, elles vont jouir de leur liberté pleinement et vont sortir s’amuser et rencontrer des gens. On ne peut pas dire pour autant qu’elles renouent avec une vie d’étudiante, mais en tout cas, elles ont un appétit de liberté.

Finalement, le divorce a laissé de la frustration, une impression d’avoir perdu du temps, mais par conséquent, une envie de dévorer la vie, de se faire plaisir et quelques fois de regagner, de reconstruire, voire de construire une vie sexuelle. Pour certaines demeurent effectivement l’impression de ne pas être allées au bout de leur sexualité. Je vois des femmes qui découvrent réellement leur sexualité lors de cette période.

Au bout de combien de temps généralement trouvent-elles le besoin de se remarier ?

Il n’y a pas réellement de réponse concrète à cette question. La décision d’une vie plus stable ne se prend qu’en fonction d’un certains nombres de paramètres. Cela dépend dans un premier temps du type de rencontre qu’elles vont faire. Ces femmes sont généralement devenues exigeantes et par conséquent elles vont mettre plus ou moins de temps avant de trouver la bonne personne. De plus, il faut aussi qu’elles prennent le temps d’effectuer un travail sur elle-même. Pour certaines, cela se fera en quelques mois, pour d’autres, il leur faudra plusieurs années.

Donc finalement, il n’y vraiment pas de tendance claire concernant le temps dont elles vont avoir besoin avant de se remarier. Certaines ne mettront que quelques mois, d’autres ne se remarieront jamais car elles n’en auront pas envie. Quoi qu’il en soit, elles ont une conscience aiguë de ce qu’elles veulent. La période qui suit le divorce est une période extrêmement riche en réflexion, en bilan. Beaucoup de femmes viennent me consulter d’abord pour me parler de leur sexualité, puis finalement elles se livrent un peu plus et me parlent de leur vie, de leurs aspirations, de leurs erreurs, de leurs envies, etc.

Qu'en est-il des hommes ? Observe-t-on les mêmes tendances ?

On n’observe pas encore cette tendance. Après un divorce, les hommes ont moins de facilité à aller vers cette réflexion personnelle. Ils sont souvent dans une fuite en avant car extrêmement angoissés par l’échec de leur mariage. Ils essaient à tout prix de multiplier les expériences pour se rassurer. Par conséquent, il faut vraiment les pousser pour les amener à une réflexion sur eux-mêmes. Si je devais caricaturer, je dirais que les femmes viennent me voir pour me demander un accompagnement dans leur vie post-divorce, dans leurs remises en questions. La sexualité y est un fil rouge mais elle ne constitue pas en soi une source fondamentale d’angoisse. Elles sont plus dans l’optique de la développer. Les hommes, quant à eux, viennent me voir avec des angoisses de performance et de troubles sexuels, et ils mettent énormément de temps à se détacher de leur sexualité pour aller vers une réflexion plus approfondie. Finalement leur histoire est sensiblement identique mais leur réaction n’ont presque rien à voir.

Propos recueillis par Clémence de Ligny

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