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Publication des parrainages pour la présidentielle : petits arrangements entre amis et déni de démocratie
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L'arnaque

Candidate malheureuse à la course aux 500 signatures, Corinne Lepage analyse la liste qui vient d'être publiée des élus ayant parrainé les candidatures à la présidentielle.

Corinne Lepage

Corinne Lepage

Corinne Lepage est avocate, ancien maître de conférences et ancien professeur à Sciences Po (chaire de développement durable).

Ancienne ministre de l'Environnement, ancienne membre de Génération écologie, fondatrice et présidente du parti écologiste Cap21 depuis 1996, cofondatrice et ancienne vice-présidente du Mouvement démocrate jusqu'en mars 2010, elle est députée au Parlement européen de 2009 à 2014. En 2012, elle fonde l’association Essaim et l’année suivante, la coopérative politique du Rassemblement citoyen. En 2014, elle devient présidente du parti LRC - Cap21.

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La publication des noms des élus ayant parrainé les 10 candidats sélectionnés illustre en creux les raisons pour lesquelles je n’ai pu y parvenir.

Rappelons d’abord que 15 000 élus sur 47 000 ont parrainé soit 2500 de moins qu’en 2007 et que près de 10 000 de ces parrainages sont allés sur les 2 candidats principaux. Cela signifie que les autres candidats se sont partagés moins de 6000 parrainages, Jean-Luc Mélenchon en récoltant 1500, grâce au réseau des élus communistes. 

Le premier sujet est donc celui des raisons de l’abstention massive des élus de la République qui ont refusé de faire vivre le pluralisme. Il exprime un rejet du système, un ras-le-bol massif  d’un pouvoir central qui a réduit les libertés locales, supprimé les moyens et oublié le statut des élus en même temps que les territoires. Curieusement, aucun des candidats sélectionnés n’a communiqué sur ce malaise profond, se contentant de souligner que le système des parrainages avait vécu. Comme d’habitude mieux vaut s’occuper des effets que des causes !

Cette abstention massive précède celle qu’exprimeront les citoyens lors du scrutin pour des raisons qui sont proches. Combien de messages ai-je reçus de citoyens furieux de ma mésaventure et l’interprétant comme un déni démocratique, autant que l’expression du refus du système que soient traités certains sujets majeurs de nature à remettre en cause quelques intérêts nucléaires ou agrochimiques 

La consultation des parrains est ainsi particulièrement intéressante. S’agissant de Jacques Cheminade, il faut noter la signature des maires sur le territoire desquels est située une centrale nucléaire. Etonnant ! Le lobby nucléaire serait il favorable à cette candidature et aurait-il a contrario, notamment grâce à son poids dans les médias et sur les collectivités locales bénéficiaires de la manne nucléaire, découragé la mienne ? Je me rappelle la conversation téléphonique avec un député UMP me conseillant de manière très insistante, à l’occasion d’un déplacement dans sa région, de ne pas parler de nucléaire… si je voulais des signatures…  cherchez l’erreur !

Quant aux signatures d’Eva Joly, au delà des conseillers régionaux et généraux obtenus par des accords avec le PS, faut-il s’étonner de trouver tant de signatures socialistes ? Sans doute pas compte tenu de l’accord EELV/PS, mais n’y a-t-il pas a minima rupture d’égalité entre candidats ? Et cette manière de faire – totalement confidentielle  est elle compatible avec la transparence, gage de démocratie, chère au Conseil Constitutionnel ? Où est le temps où Martine Aubry, première secrétaire du PS, demandait dans une lettre électronique qu’"aucun parrainage d’élu socialiste et républicain ne manque à notre candidat", François Hollande ?

En réalité, la preuve est faite qu’il n’est possible d’être candidat, qu’appuyé sur un grand parti ou aidé par lui ou accessoirement soutenu par un lobby. Il n’y a pas de place pour un candidat qui ne convient ni aux uns ni aux autres. La prétendue égalité, que le Conseil constitutionnel n’a appliqué qu’aux parrains, en oubliant les candidats, n’est qu’un leurre et que dire de la transparence liée à la publicité des parrainages qui couvre les petits arrangements entre amis quand il ne s’agit pas de pratiques répréhensibles ?

Il est plus que temps de revenir à des pratiques démocratiques et transparentes.

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