Protocole 6C : la méthode israélienne qui a fait ses preuves pour gérer les chocs émotionnels <!-- --> | Atlantico.fr
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Des civils à Marioupol lors de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes.
Des civils à Marioupol lors de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes.
©Alexander NEMENOV / AFP

Premiers soins d’urgence psychologique

Ce protocole de premier secours psychologique a l’avantage d’être particulièrement efficace et d’être simple.

Michel Goya

Michel Goya

Officier des troupes de marine et docteur en histoire contemporaine, Michel Goya, en parallèle de sa carrière opérationnelle, a enseigné l’innovation militaire à Sciences-Po et à l’École pratique des hautes études. Très visible dans les cercles militaires et désormais dans les médias, il est notamment l’auteur de Sous le feu. La mort comme hypothèse de travail, Les Vainqueurs et, chez Perrin, S’adapter pour vaincre (tempus, 2023).

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Le 15 mars au soir, le grand reporter de Paris Match Nicolas Delesalle évoquait son déplacement en Ukraine au cœur de la guerre et sa rencontre avec la population en souffrance, parfois physique mais aussi et le plus souvent psychologique par le choc de l’arrivée du malheur sur leurs maisons et leurs familles. Le spectacle de ces tragédies n’est hélas pas une nouveauté.

Ce qui était plus étonnant, pour un observateur français du moins, fut la manière dont Nicolas Delesalle est lui-même intervenu en « premier secours psychologiques » devant des gens sidérés par le choc non pas en essayant de les rassurer, avec des mots gentils et l’appel au calme, mais au contraire en les « activant » cérébralement et physiquement sur des petits problèmes concrets à résoudre. Il les faisait sortir ainsi d’un stade de saturation émotionnelle -propice au développement futur de souffrances profondes et durables, les troubles du stress post-traumatique (TSPT)- pour activer le néocortex. Cela ne garantit pas l’impossibilité de développer un TSPT mais cela en réduit considérablement la probabilité. C’est d’autant plus utile que comme un garrot on peut appliquer la méthode à soi-même.

Il a alors appliqué la méthode dite des 6C mise en œuvre largement en Israël depuis dix ans par tout ceux qui peuvent être amenés à pénétrer dans les bulles de violence, à en être victimes soi-même avec une certaine probabilité et en être spectateurs à coup sûr. Cela concerne bien sûr prioritairement les militaires, policiers, soignants, secouristes, pompiers, journalistes, etc. dont c’est le métier mais de fait potentiellement tout le monde.

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C’est une méthode, ou plus précisément protocole de premier secours psychologique, qui, outre l’avantage évidemment d’être particulièrement efficace (et après une dizaine d’années de large pratique, il n’y a plus aucun doute à ce sujet) mais également d’être simple. Chacun peut l’apprendre pratiquement en aussi peu de temps que les gestes de premiers secours physiques. C’est peut-être paradoxalement son principal défaut, car il démocratise ainsi des choses qui pourraient apparaître comme un monopole de professionnels souvent attachés par ailleurs à des dogmes antérieurs aux dernières découvertes des neurosciences.

Si vous pensez que les gestes de premiers secours purement physiques sauvent des vies, dites vous que les gestes de premiers secours psychologiques sauvent des âmes et cette méthode du 6C est sans doute ce qui se fait de mieux pour cela. Je n’ai aucun intérêt là-dedans mais simplement le regret de ne pas avoir connu cela dans ma formation de soldat, cela aurait sans doute évité beaucoup de souffrances par la suite.

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Cet article a été initialement publiée sur le site La Voie de l'Epée : cliquez ICI

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