Prince Davoud Pahlavi : "le cafouillage sur la police des moeurs montre que les Mollahs ne savent plus comment gérer la situation en Iran"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Davoud Pahlavi, cousin du prince Reza en exil aux États-Unis
Davoud Pahlavi, cousin du prince Reza en exil aux États-Unis
©Alex Petrenko

Imbroglio

Davoud Pahlavi est le cousin du prince Reza, fils du dernier Shah d’Iran

Davoud Pahlavi

Davoud Pahlavi

Davoud Pahlavi est le cousin du prince Reza, fils du dernier Shah d’Iran.

Voir la bio »

Le Sénat a organisé le 29 novembre dernier une conférence sur l’Iran, à l’initiative de Bruno Retailleau, président du groupe LR. Le sénateur de Vendée recevait pour l’occasion des victimes des crimes perpétrés par le régime des Mollahs, des juristes et des journalistes représentant des voix plurielles de l’Iran. Lors d’un discours particulièrement fort tenu en présence de nombreux parlementaires, de l’impératrice Farah Pahlavi et de sa petite-fille la princesse Noor, il a annoncé une résolution sénatoriale portant sur un renforcement « des sanctions sur les commanditaires de la répression ».  

Parmi les invités se trouvait le Prince Davoud Pahlavi, cousin du Prince Reza en exil aux États-Unis. Il a accepté de répondre aux questions de notre journaliste.

Entretien conduit par Emmanuel Razavi

Comment avez-vous réagi à la demande de renforcement des sanctions contre plusieurs entités de la République islamique d’Iran comme les Pasdarans ou les Bassijis, par le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau ?

Prince Davoud Pahlavi : Je trouve que le renforcement des sanctions demandé par Bruno Retailleau est adapté à la situation et que la France, pays des droits de l’Homme, est dans son rôle, car on ne peut pas accepter ce qui se passe. Les méthodes de la République Islamique d’Iran ressemblent étrangement à celles de Daesh.

En Iran, des manifestants sont tués, torturés chaque jour. Parmi eux, des enfants de 10, 14 ou 15 ans. Il s'agit là de crimes contre l'humanité. Que pensez-vous de la proposition de Bruno Retailleau de saisir le Conseil de sécurité des Nations Unies pour la saisine de la Cour pénale internationale ?

Nous vivons dans un monde où la violence fait rage, où les extrêmes et les fanatismes explosent et plus encore dans certains pays comme l’Iran. Avec les injustices, la corruption, le peuple Iranien vit dans la servitude et le dictat des ayatollahs depuis 43 ans maintenant. Durant la Seconde Guerre mondiale, le peuple Allemand était pris en otage par Adolf Hitler et ses acolytes. Pour le vaincre, il a fallu l'union sacrée du monde libre et la condamnation des nazis pour crimes contre l’humanité.

Aujourd'hui, l'histoire se répète et cette fois-ci, c’est mon pays qui souffre et se retrouve dans la même situation que l’Allemagne d’autrefois. Il est évident que cette proposition est indispensable et incontournable. Comme vous dites, la République Islamique tue, et torture le peuple.


On a beaucoup parlé de la contestation antivoile. Mais quelle est la situation sociale et économique de l'Iran ?

En 1979, l’Iran était un pays prospère et respecté dans le monde entier, aux portes de sa souveraineté économique. Aujourd’hui, mon pays se retrouve dans une situation économique et sociale catastrophique, 70% de la population vit avec 300€/an. La population vit dans la pauvreté et la répression, d’une manière continue.

Croyez-vous que le régime des Mollahs va tomber, ou pensez-vous au contraire qu'il peut se maintenir par la répression ?

Les Iraniens ont abandonné Hejab street pour Masha Amini street. Cela symbolise à mes yeux le combat de toutes les femmes, de tout un peuple qui souffre depuis si longtemps. Je pense qu’il y a un avant et un après Masha Amini. C’était une contestation, aujourd’hui c’est une révolution. J’admire le courage de la jeunesse Iranienne, je pense sincèrement que le régime ne tiendra pas, trop de mal a été fait. La puissance du peuple est comme des vagues qui se brisent sur les rochers malgré la répression, la victoire se précise de jour en jour.

Quelles sont les forces en présence capables de prendre la suite en Iran ? Pensez-vous qu'un gouvernement d'union nationale soit un jour possible, et avec qui ?

Il est évident qu’il faut une période transitoire avec un gouvernement d’union nationale pour construire l’Iran de demain sur des bases solides. Il y a tout à refaire. Avec l’aide du peuple et celui de l’armée régulière, je pense que le Prince Reza Pahlavi est la seule alternative sérieuse pour obtenir un rassemblement d’une manière solide, dans l’intérêt du pays et de tous les courants politiques (...). Vous savez, je serai  toujours le premier soldat du Prince Reza Pahlavi, dans notre combat pour la liberté de notre pays, pour la reconstruction économique et sociale sur des fondements démocratiques.
Pour chaque membre du peuple Iranien, j’aurai toujours en moi l’amour mais aussi la détermination qui est à la hauteur de ceux qui luttent réellement sur place, face aux dangers.


C’est avec l’esprit de Cyrus le grand, la mémoire de Reza Shah Kabir et de Mohammad Reza Shah, que je partage cette espérance de liberté et sincèrement, j’ai la conviction que nous gagnerons tous ensemble, en étant unis. Je pense donc intimement que tout est possible. Il n’y a pas de fatalité.

Après les Mollahs, quels pourront être les rapports de l'Iran avec la Chine et la Russie ?

Je pense à titre personnel que nous ne devrons pas adopter notre politique en fonction du passé, mais plutôt en fonction de ce que nous devons reconstruire pour l’avenir du peuple Iranien. Assurément, les relations doivent être revues sur de nouvelles bases. Mais ce n’est pas à moi de dire ce qu’il y a à faire.

Mardi soir dernier, à l’initiative de Gilles Platret le maire de Chalon sur Saône, une chorale de sa ville a chanté l’hymne Baraye, devenu celui de la contestation iranienne, devant l’impératrice Farah Pahlavi et la princesse Noor qui étaient présentes au Sénat.  C’est tout un symbole …  On se rappelle pourtant qu’il y a 44 ans, la France accueillait sur son sol l'Ayatollah Khomeini. Quel regard portez-vous sur ces deux évènements ?

Ces enfants français représentent l’avenir. En chantant au Sénat l’hymne du combat du peuple iranien pour gagner sa liberté, ils symbolisent puissamment le soutien du peuple français aux Iraniens, et les fondements de la démocratie, « liberté égalité, fraternité » (…). L’ayatollah Khomeini en France était une erreur politique majeure tout comme l’influence américaine en faveur des ayatollahs. Personnellement, je pense que la trahison vient surtout de la part de ceux qui avaient la confiance de Mohammad Reza Shah. Comme l’avait très bien dit mon grand-oncle, « nous naviguons en aux troubles ». C’est le cas de tous les pays du monde face aux superpuissances. Pourquoi certains pays sont-ils devenus ce qu’ils sont ? Simplement parce qu’ils sont unis dans les moments difficiles, parce qu’ils savent s’unir malgré leurs différences politiques.

La France a-t-elle encore un rôle à jouer en Iran ? Qu'attendez-vous d'elle ?

La France et l’Iran d’hier doivent se réconcilier avec le passé pour reconstruire de nouveaux liens économiques, mais aussi pour œuvrer pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient.

Que vous inspire la dissolution annoncée de la police des mœurs iranienne par le régime ? Est-ce une première victoire du peuple iranien ?

Le régime est aux abois, il n’arrive plus à gérer la situation. Il essaye de gagner du temps. C’est donc une victoire du peuple, mais qui n’exclut en aucun cas le mensonge et la manipulation de la part des Mollahs. Je pense que cette annonce est un signe de faiblesse. Ils ne savent plus quoi faire, ils sont en panique.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !