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"L'attrape-nigaud" des primaires socialistes
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Elections sous surveillance

Après le fiasco de l'élection du Premier secrétaire en 2008, le Parti socialiste s'apprête à organiser ses primaires. Malgré les efforts du Premier secrétaire par intérim Harlem Désir, beaucoup, y compris à gauche, s'interrogent sur le fonctionnement de l'élection. Décryptage avec Olivier Amiel, délégué national du Mouvement Républicain et Citoyen.

Olivier Amiel

Olivier Amiel

Olivier Amiel est avocat, docteur en droit de la faculté d’Aix-en-Provence. Sa thèse « Le financement public du cinéma dans l’Union européenne » est publiée à la LGDJIl a enseigné en France et à l’université internationale Senghor d’Alexandrie. Il est l’auteur de l’essai « Voir le pire. L’altérité dans l’œuvre de Bret Easton Ellis» et du roman « Les petites souris», publiés aux éditions Les Presses Littéraires en 2021.

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Sectaire sur son projet et incapable d'organiser correctement une simple élection de Premier secrétaire sans éviter une avalanche de suspicions de fraudes, le Parti socialiste veut aujourd'hui nous faire croire qu'il est en mesure de proposer des primaires ouvertes à l'ensemble des sympathisants de gauche.

Des hommes, des femmes mais peu d'idées

En premier lieu, le choix des candidats offert aux électeurs n'est pas satisfaisant puisqu'il ne compte que des socialistes à l'exception du président du Parti radical de gauche, venu en échange de deux sièges au Sénat et qui le regrette déjà dans la presse… les primaires ne serviront qu'à tenter de légitimer une candidature socialiste au mépris des candidats des autres composantes de la gauche. Or, l'absence de débat de fond est navrante. Le Parti socialiste demande simplement à des Français volontaires d'arbitrer son combat interne entre chefs de clans. Le choix entre les deux candidats les mieux placés actuellement ne se fait qu'en raison de rapports de forces locaux et de considérations électoralistes à venir. Les primaires sont ainsi une mascarade ne permettant pas une confrontation d'idées sur la politique économique ou l'évolution européenne et internationale de notre pays, puisque ces questions ont déjà été tranchées en amont par les seuls militants socialistes lors du vote de leur programme en mai dernier. Du coup, il était culotté de demander aux autres formations politiques de venir justifier cette manœuvre inique. Les nigauds qui se déplaceront en octobre ne pourront pas voter pour une vision de la France qu'ils souhaitent, mais pour un simple visage à donner au projet socialiste lors de la campagne présidentielle. Ils seront les « idiots utiles » d'un parti qui propose des primaires ouvertes, mais un projet fermé.

Un fiasco annoncé

En second lieu, comment faire confiance à l'appareil socialiste pour une telle organisation ? Il faut se souvenir du lamentable spectacle offert lors de l'élection du Premier Secrétaire de ce parti en 2008 avec un écart de seulement une centaine de voix entre Martine Aubry et Ségolène Royal, et un long feuilleton de suspicions de fraudes, de bourrages d'urnes et de contestations diverses, se réglant in extremis dans la discrétion des bureaux de Solférino. Néanmoins, à la sortie en 2009 d'un ouvrage accablant sur cette affaire par deux journalistes (Karim Rissouli, Antonin André, Hold-uPS, arnaques et trahisons), les langues vont se délier : « Je n'ai pas triché ! Fabius, d'accord, mais pas moi ! » (Martine Aubry), « On savait que cela avait triché mais pas avec cette ampleur » (Ségolène Royal). Il s'agissait pourtant d'une élection concernant seulement 135 000 votants, qu'en sera-t-il pour un scrutin qui en attend dix fois plus ?

Insatisfaisantes dans le fond et dans la forme, les primaires socialistes ne peuvent pas remplacer le seul débat qui vaille pour la France : celui de l'élection présidentielle, et c'est gratuit !

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