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Le match des programmes économiques
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A la loupe !

De l'examen général des programmes économiques des candidats à la présidentielle découle un constat : le pragmatisme économique du candidat de l'UMP marque un attachement à l’efficacité, qui s'oppose à un programme socialiste essentiellement basé sur une critique de la politique menée, et une approche plus idéologique.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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La question du programme économique des deux candidats en présence se pose en 3 axes distincts, mais nécessairement liés. L’enjeu étant précisément la capacité du futur président de combiner une politique budgétaire, une politique de croissance, et un recadrage de la politique monétaire, au sein d’une ligne cohérente.

La situation européenne dans son sens large, dépendra largement des ambitions et des moyens affichés au lendemain du second tour de l’élection présidentielle française.

Sur la politique monétaire des candidats... 

Le consensus est de mise, les deux candidats ayant fait appel à la prise en compte de la notion de croissance par la Banque centrale européenne. Ce débat est essentiel, l’autorité monétaire assume la responsabilité du niveau de la demande au sein de l’union, demande aujourd’hui insuffisante pour l’ensemble de la zone, Allemagne exceptée. Cette différence marque le point de rupture actuel pour la zone euro, un surcroît de croissance nécessaire à la majorité des États ayant pour conséquence un choc inflationniste en Allemagne.

Les candidats n’évoquent cependant pas de projet de refonte des traités, afin de modifier le mandat actuel de la BCE, nécessitant l’unanimité européenne. Cette question se posera au cours des prochains mois, et l’enjeu pouvant être mise en perspective relève dès lors de la capacité politique d’un homme à rassembler une majorité, une unanimité sur un tel projet. Il semble également tout à fait indispensable de remettre le président de la Banque centrale à sa place, en lui signifiant que son mandat s’arrête précisément à la politique monétaire, et non à quelques recommandations de politique économique, relevant elles, de la souveraineté des États.

Les positions doctrinales socialistes sont aujourd’hui arrêtées autour d’un projet de relèvement du seuil « tolérable » d’inflation de l’ordre de 4% (rapport Blanchard du FMI). La majorité actuelle s’opposera sans aucun doute à un tel projet, et devrait se positionner sur le « dual mandate » propre à la Fed (réserve fédérale américaine), laissant aux gouverneurs la latitude de mettre en place une politique monétaire cohérente s’inscrivant entre croissance et stabilité des prix.

Bien que peu débattu, cet aspect à venir est le point essentiel du prochain mandat. Les difficultés actuelles de la zone euro sont la résultante d’un manque de demande, dont la responsabilité relève bien de l’autorité monétaire.

Sur la politique budgétaire...

L’objectif sera ici de rééquilibrer dépenses et recettes, et le clivage entre les deux candidats est sans doute ici le plus marqué. Deux voies s’offrent à eux, hausse des impôts, ou baisse des dépenses. L’enjeu est sensible, les modifications apportées à la situation actuelle ayant des répercussions sur le niveau de la confiance des acteurs économiques. Les réformes proposées doivent ainsi aller dans le sens du retour de la confiance, soutien majeur de la croissance.

François Hollande marque sa volonté de revenir sur les deux réformes majeures de la mandature Sarkozy, retraites, et baisse du nombre de fonctionnaires. Les propositions supplémentaires du candidat socialiste reposent sur la hausse du niveau d’imposition, aussi bien sur le travail, que sur les revenus du capital. Le refus de la mise en place de la règle d’or étant contrebalancé par un objectif de retour à l’équilibre budgétaire en 2017.

Le cocktail est ici explosif, et il semble peu vraisemblable qu’un tel programme puisse être mené sans provoquer de larges turbulences financières sur la dette de l’État. La remise en question de la politique d’effort menée aujourd’hui, alourdie de hausses d’impôts, forme un bloc de défiance vis-à-vis des acteurs économiques. C’est un fait de dire que le recours à la hausse d’impôts est le moyen le plus inefficace de l’allègement de la dette, ces derniers étant compensés par la baisse du niveau de confiance, et par la hausse des taux des emprunts d’États.

Les propositions de Nicolas Sarkozy, de continuer les efforts de réductions des dépenses, d’inscription de la règle d’or au sein de la constitution, sont à même de crédibiliser la position française, mais sous une condition indispensable, le retour de la croissance.

Sur les mesures de croissance...

Bien que la croissance future dépende pour sa plus grande part de l’attitude menée par la Banque centrale européenne, certaines mesures ont pu être proposées.

François Hollande annonce un recours à la relance « Keynésienne », à savoir la mise en place d’eurobonds soutenant une politique de grands projets. Il s’agit dès lors d’emprunter à titre collectif, via les eurobonds, solution improbable, comme le rappelle Markus Ferber, président du Groupe CSU au Parlement européen, « Ceux qui demandent à l’Allemagne d’accepter enfin des obligations d’état communs doivent être conscients que notre pays devrait ainsi quitter la zone euro, selon une décision de la cour constitutionnelle. Les adeptes des eurobonds n’en sont apparemment pas conscients ». A moins de réviser la constitution allemande, cette solution est dès lors largement compromise.

La position de Nicolas Sarkozy se porte principalement sur la TVA sociale, citée parmi les mesures les plus efficaces dans le rapport des économistes Alesina / Giavazzi, du CEPR, en se basant sur 40 années de données économiques des pays de L’OCDE. Les mesures complémentaires d’allègement du coût du travail en sont le corolaire, dont la visée est la compétitivité du coût du travail en France.

Il est à ce titre intéressant de noter l’analyse de Christina Romer, ancienne première conseillère économique de Barack Obama. Les mesures de relances keynésiennes ont été un échec aux États-Unis. Bien que de telles réformes aient eu effet de court terme, le retour à moyen terme n’a été que très décevant. Suite à cet échec, Christina Romer prône aujourd’hui l’abaissement des charges pesant sur le travail aux États-Unis, pointant  l’efficacité d’une telle mesure sur les chiffres de la croissance depuis sa mise en place.

En conclusion

De cet examen général découle une exigence, la capacité du prochain président à mener une refonte de la politique monétaire européenne. Il en découle également un constat, les réformes envisagées plaident largement en faveur du candidat de l’UMP, le pragmatisme économique déployé marque un attachement à l’efficacité, à mettre en perspective avec un programme essentiellement basé sur une critique de la politique menée, et ayant une approche plus idéologique.

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