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Pourquoi Nicolas Sarkozy fait le choix de tarder à entrer en campagne malgré sa chute sévère dans les sondages
©Reuters

Partir à point

Nicolas Sarkozy s'inquiète de sa chute dans les sondages car il craint l'effet Ségolène Royal mais il n'entend pas, pour autant, entrer en campagne avant septembre. En revanche, il veut soigner son image d'ancien président et de leader international

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Prendre de la hauteur. Physiquement mais aussi statutairement. S'éloigner de la politique qui salit. Et se glisser à nouveau dans son costume d'ancien chef d'Etat, leader de la guerre en Libye et ami des grands de ce monde. Hier midi, Nicolas Sarkozy s'est ainsi envolé pour Abidjan. Quelques jours après le terrible attentat qui a couté la vie à 19 personnes, le président des LR a renoué avec ses anciennes amours comme on tourne le dos à une histoire qui dérape. En effet, depuis la sortie de son livre "La France pour la vie" qui était supposé lui apporter un peu d'air, rien ne va plus. Certes l'ouvrage est un succès de librairie et l'ancien Chef de l'Etat enchaine les séances de dédicaces. Des files d'attente impressionnantes l'accueillent dans toutes les grandes villes de France mais les intentions de vote ne suivent pas. Hier matin encore, un sondage Elabe pour BFM et l'Opinion indiquait un écart de plus en plus important entre le maire de Bordeaux et le président des LR. Alain Juppé y était crédité de 42% d'intention de vote de la part des sympathisants de la droite et du centre et Nicolas Sarkozy de 26.5%. Pire, dans l’hypothèse d’un second tour opposant Alain Juppé à Nicolas Sarkozy, les électeurs de la droite et du centre expriment à 63% leur préférence pour le Maire de Bordeaux contre 37% pour l’ancien chef de l’Etat."Il continue à déplacer les foules mais c'est la rock star que les gens viennent voir pas le futur président", analysait récemment un observateur.

"Il est très agacé, confirme un cadre LR qui croise l'ancien président plusieurs fois par semaine. Tous ses tics sont de retour, en bureau politique il est très nerveux. Mais ce ne sont pas tant les intentions de vote à la primaire qui le préoccupent car il est persuadé de pouvoir inverser la tendance et d'être capable d'écraser Juppé quand il veut. Non, ce qui l'inquiète ce sont les sondages qui le donnent battu au premier tour de la présidentielle". Ceux-ci ont un effet mécanique sur sa popularité, l'effet Ségolène Royal, les gens votant à la primaire pour celui qui est le mieux placé pour faire gagner leur camp peu importe qu'il soit celui qui incarne le mieux leurs idées. Or, comme Nicolas Sarkozy est celui qui offre le plus de chance à François Hollande de faire un second mandat, les électeurs de droite se reportent mécaniquement sur Alain Juppé.

Pour enrayer la chute, l'ancien président a donc décidé de changer de stratégie. Alors qu'il devait multiplier les déplacements en province, aller à la rencontre des français comme le font tous les autres candidat, le voilà changeant de braquet et s'envolant pour l'Afrique. Avant ça, il a envoyé une tribune au Figaro afin de critiquer François HOllande qui a choisi le 19 mars, date du cessez-le-feu qui suivit les accords d'Evian, pour commémorer la fin de la guerre d'Algérie. Il doit accorder aujourd'hui une nouvelle interview qui sera diffusée ce soir sur Itélé. Tout en continuant à s'occuper du parti, de l'organisation de la  primaire et des investitures aux législatives, ce déplacement lui permet de soigner à nouveau son image. De remettre en avant son statut d'ancien chef d'Etat hyper actif, présent sur tous les fronts, alors que ni François Hollande ni Manuel Valls n'ont jugé utile de se déplacer en Côte d'Ivoire.  Comme en aout 2012, lorsqu'il réclamait une intervention en Syrie, comme lors des obsèques de Nelson Mandela, le voilà incarnant le principal opposant à l'actuel locataire de l'Elysée, le seul à lui tenir tête sur la scène internationale. Cela suffira-t-il?

Ses proches veulent y croire et imaginent même, pour certains, ne pas réellement refaire de terrain avant le mois de septembre. Laisser les autres s'user de déplacements en réunions de quartiers, s'épuiser en millions de poignées de main et arriver, lorsqu'ils seront sur les rotules, pour faire une campagne blitzkrieg qui les mettra à terre. Sur le papier l'idée parait bonne mais sur le papier seulement.

Car si ces déplacements internationaux ne parvenaient pas à enrayer la chute avant le mois de septembre, le risque serait grand de créer une rupture irrattrapable et surtout de se priver de nombreux soutiens qui, entre temps, auraient choisi le camp du gagnant le plus probable. Ces fameux soutiens si précieux pour faire campagne car ils sont des relais locaux, des prédicteurs d'opinion. Bref Nicolas Sarkozy joue gros à déserter ainsi le terrain. Mais on le sait, l'une des forces de l'ancien Chef de l'Etat étant de s'adapter en permanence, il ne devrait pas rester longtemps inactif si sa cote de popularité venait encore à descendre.

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