Prix Nobel d'économie 2013 : sale temps pour ceux qui ont placé leur argent dans des hedge funds<!-- --> | Atlantico.fr
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Eugène Fama, prix Nobel d'économie 2013.
Eugène Fama, prix Nobel d'économie 2013.
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Théorie

Non seulement le Nobel d'économie 2013 montre que c'est illusoire d'attendre les rendements que les hedge funds promettent aux investisseurs mais une étude avait mis en avant dès 2012 que ces fonds s'octroyaient 97% des bénéfices qu'ils généraient.

Le prix Nobel d'économie a été remis cette année à trois économistes américains. L'un d'entre eux, Eugène Fama, est l'auteur de la théorie de l'efficience des marchés, une idée selon laquelle il est impossible de prévoir l'évolution du cours d'une action en bourse. Un modèle qui met à mal les promesses faites par les promoteurs des hedge funds, ces fonds d'investissement qui basent leur rentabilité sur des placements à risques censés rapporter gros. Selon lui, la concurrence entre les différents acteurs de la bourse conduit les marchés financiers à incorporer toutes les informations extérieures, faisant ainsi évoluer de manière aléatoire et imprévisible ses cours.

Eugène Fama affirme que les prix futurs des actifs s'ajustent en fonction des informations publiques et non-publiques. Les résultats des marchés financiers se trouvent donc bien souvent inférieurs aux valeurs espérées par les chantres des hedge funds. "Mon conseil serait d'éviter des frais élevés. Vous pouvez donc oublier les hedge funds", a-t-il ainsi conseillé lors d'une conférence sur la gestion de patrimoine de l'Investment Management Consultants Association en septembre dernier, à Chicago. Dans un ouvrage paru l'année dernière, "The Hedge Fund Mirage", Simon A. Lack montrait que 97% de l'argent généré par les hedge funds entre 1998 et 2010 avaient servi à la rémunération des fonds eux-mêmes, 3% étant laissés aux investisseurs. Un argument de plus allant dans le sens des idées de celui qui a théorisé l'efficience des marchés.

Un modèle qu'Eugène Fama et ses collaborateurs ont étudié dès les années 1960, changeant ainsi la pratique du marché. Ces recherches ont notamment conduit à l'émergence des fonds indiciels, des placements dont la valeur est maintenue en conformité avec un indice boursier précis. Une sorte de valeur refuge plus rassurante pour les personnes souhaitant gagner un peu d'argent en bourse. Pour Fama, et les adeptes de sa théorie, l'efficience des marchés rend impossible le gain assuré et oblige les investisseurs qui souhaitent gagner beaucoup d'argent à prendre un maximum de risques en espérant que ceux-ci s’avéreront payants.


Le schéma affiché par le comité du Nobel lors de la remise du prix à Eugène Fama.

Un modèle contesté au moment de la crise financière de 2008

La crise financière de 2008 a, cependant, ébranlé le modèle de l'efficience aux yeux de nombreux économistes. "Il y a beaucoup de méprises concernant mon travail. Comme si j’avais dit un jour que les cours ne pouvaient pas fortement baisser ! Les marchés financiers ne se sont pas comportés de manière anormale. Ils ont commencé à descendre, parce qu’une grande récession était en vue. Cela n’a rien d’insolite", se défendait alors Eugène Fama dans L'Echo, en juin 2010. Selon lui, les causes de la crise ne sont ni à chercher dans "les marchés inefficients" ni dans "les emprunts subprime", la raison à tout cela n'étant "pas aussi simple".

Eugène Fama ne considère toutefois pas son modèle comme étant inébranlable. Un marché efficient n'exclue pas, d'après lui, la régulation des marchés. "Il faut veiller à ce que le jeu reste juste. Ma théorie ne dit pas que les marchés n’ont pas besoin de régulation. Ou qu’un intervenant ne cherchera pas à tromper un autre. Il faut une régulation pour s’assurer que les marchés continuent à bien fonctionner", affirme-t-il, ajoutant qu'il faut "sanctionner les gangsters (...) ceux qui induisent les marchés en erreur avec de fausses informations". Reste que ces "gangsters" qui ont tenté de battre les marchés en les inondant de "fausses informations" les ont fait s'effondrer, donnant ainsi un peu plus de crédit à l'idée selon laquelle "on ne peut pas battre le marché".

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