Editorial
Pourquoi le Brexit va conduire François Hollande à accélérer sa campagne électorale
Bien qu’il ne soit toujours pas officiellement candidat à sa réélection, ses propos le font virvolter sans cesse de l’attitude du Président à celle du prétendant à la magistrature suprême, avec l’habileté du manœuvrier politique qu’il n’a cessé d’être. Et l’on peut déjà prévoir qu’il va s’engager de plus en plus hardiment dans la campagne.
François Hollande jubile .Il vient de trouver dans le vote britannique une raison supplémentaire de croire dans son optimisme légendaire en faveur de son destin, comme le démontre l’interview qu’il vient de donner au journal les Echos. Bien qu’il ne soit toujours pas officiellement candidat à sa réélection, ses propos le font virvolter sans cesse de l’attitude du Président à celle du prétendant à la magistrature suprême, avec l’habileté du manœuvrier politique qu’il n’a cessé d’être. Et l’on peut déjà prévoir qu’il va s’engager de plus en plus hardiment dans la campagne.
Car le séisme engendré par la décision anglaise de sortir de l’union européenne n’a pas pris la tournure de la crise financière que certains redoutaient. Les marchés ont certes enregistré une vive secousse, mais de durée relativement brève. Même s’ils sont appelés à connaitre des répliques étant donné leur nervosité, ils savent que les banques centrales ont appris à contrôler leurs convulsions, d’autant que les origines du malaise sont ailleurs. La crise présente est d’ordre politique et c’est un domaine où l’esprit manœuvrier de François Hollande est particulièrement à l’aise. Au demeurant, il y voit un double avantage. D’abord la France ne sera plus au premier rang des préoccupations de ses partenaires, qui dénonçaient son incapacité à se réformer, son comportement de lanterne rouge. Désormais, la Grande Bretagne va être au centre des inquiétudes car les conséquences de son départ risquent de faire des ravages que personne n’avait soupçonnés, en se traduisant par un repli sur soi et un danger de récession qui pourrait se révéler contagieux. Au lieu de venir en aide au Royaume-Uni, qui a longtemps été un allié historique et préférentiel (ne célèbre-t-on pas le centième anniversaire de l’hécatombe au cours de laquelle le sang britannique a coulé à flots dans la Somme pour venir en aide à la France ?), on décèle chez nombre de nos dirigeants une sorte de » joie mauvaise », comme l’évoque Alain Minc dans le Figaro devant la situation inconfortable où viennent de se mettre les Anglais. Michel Sapin le ministre des finances évoque « la situation catastrophique de la Grande-Bretagne », au moment où François Hollande assure qu’il faut conclure le divorce aussi vite que possible, alors que Angela Merkel plaide pour accorder des délais à celui qui avait été associé depuis plus de quarante ans à l’aventure européenne.
Ce comportement égoïste est bien loin de celui qui devrait prévaloir, car il pourrait amorcer la désagrégation progressive de l’Europe. Mais il est bien dans la logique de François Hollande depuis le début du quinquennat. Il va trouver dans la situation présente une raison de continuer de s’affranchir avec sa désinvolture habituelle des recommandations de la Cour des Compte ou des admonestations de Bruxelles pour limiter les déficits en recourant aux réformes. Il invoquera désormais le danger récessionniste que fait peser la Grande-Bretagne pour continuer à ouvrir les vannes de la dépense publique, sans s’inquiéter de l’augmentation de l’endettement du pays, à seule fin de favoriser sa réélection.
Du même coup, il tend un piège à l’opposition au cas où celle-ci serait appelée au pouvoir lors des élections de 2017. Car les cadeaux électoraux annoncés au fil des mois feront sentir leur plein effet sur les finances publiques surtout dans les deux prochaines années. Elles rendent déjà caduques une partie des mesures de redressement envisagées par l’opposition, car elles impliqueraient une austérité que la droite n’oserait pas proposer aux électeurs. C’est dire que les programmes devront être révisés et qu’en même temps tout recul serait mal interprété par une opinion aujourd’hui braquée contre François Hollande, mais qui pourrait se montrer versatile. La situation se compliquera aussi face aux comportements de nos partenaires. L’Allemagne et l’Italie entendent aussi tirer les marrons du feu de la crise actuelle. Rome envisage déjà de créer des zones franches et va tenter d’attirer capitaux et cerveaux. La France voudrait ne pas être en reste. Les discours sont prêts, mais cela supposerait de modifier la fiscalité et le droit du travail. Les actes resteront donc dans les tiroirs.
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