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Pourquoi le Brexit va conduire François Hollande à accélérer sa campagne électorale
©Reuters

Editorial

Bien qu’il ne soit toujours pas officiellement candidat à sa réélection, ses propos le font virvolter sans cesse de l’attitude du Président à celle du prétendant à la magistrature suprême, avec l’habileté du manœuvrier politique qu’il n’a cessé d’être. Et l’on peut déjà prévoir qu’il va s’engager de plus en plus hardiment dans la campagne.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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François Hollande jubile .Il vient de trouver dans le vote britannique une  raison supplémentaire de croire dans  son  optimisme légendaire en faveur de son destin,  comme le  démontre l’interview qu’il vient de donner au journal  les Echos.  Bien qu’il ne soit toujours pas officiellement candidat à sa réélection, ses propos le font virvolter sans cesse de l’attitude du Président à celle du prétendant  à la magistrature  suprême, avec l’habileté du manœuvrier politique qu’il n’a cessé d’être. Et l’on peut déjà prévoir qu’il va s’engager de plus en plus hardiment dans  la campagne.

Car le séisme engendré par la décision anglaise de sortir de l’union européenne n’a  pas  pris la tournure de la crise financière que certains redoutaient. Les marchés ont certes enregistré une vive secousse, mais de durée relativement  brève. Même s’ils sont appelés à connaitre des répliques étant donné leur nervosité, ils  savent que les banques centrales   ont appris à contrôler  leurs convulsions,  d’autant que les origines  du malaise sont ailleurs. La  crise  présente est d’ordre politique et c’est un domaine où l’esprit manœuvrier  de  François Hollande est  particulièrement à l’aise.  Au demeurant, il y voit un  double avantage.  D’abord la France ne  sera plus au premier rang des préoccupations de ses partenaires, qui dénonçaient son incapacité à se réformer, son comportement  de lanterne  rouge. Désormais, la Grande Bretagne  va être au centre des inquiétudes car les conséquences de son  départ risquent de faire des ravages que personne n’avait soupçonnés, en se  traduisant par un repli sur soi et un danger de récession qui pourrait se révéler contagieux.  Au lieu de venir  en aide au Royaume-Uni,  qui a  longtemps été un allié  historique et préférentiel (ne célèbre-t-on pas le centième anniversaire de l’hécatombe au cours de laquelle le sang britannique a coulé à flots dans la Somme pour venir en aide à la France ?), on décèle chez nombre de nos dirigeants une  sorte de » joie mauvaise », comme l’évoque Alain  Minc dans le Figaro devant la situation inconfortable où viennent  de se mettre les Anglais. Michel Sapin le  ministre  des finances évoque « la situation catastrophique  de la Grande-Bretagne », au moment où François Hollande assure qu’il  faut conclure le divorce aussi vite que possible, alors que Angela  Merkel  plaide pour accorder des délais  à celui qui avait été associé depuis plus de quarante ans à l’aventure européenne.

Ce comportement égoïste est bien loin de celui qui devrait prévaloir, car il  pourrait amorcer la désagrégation progressive de l’Europe. Mais  il est bien  dans la logique de François Hollande depuis le début du quinquennat.  Il va trouver dans la situation présente une raison  de continuer de s’affranchir avec sa désinvolture habituelle des recommandations de la  Cour des Compte ou des admonestations de Bruxelles pour limiter les déficits en recourant aux réformes. Il  invoquera désormais le danger récessionniste que fait peser la Grande-Bretagne  pour continuer à ouvrir les vannes de la dépense  publique, sans s’inquiéter de l’augmentation de l’endettement  du pays, à seule fin de favoriser sa réélection.

Du même coup, il tend un piège à l’opposition au cas où celle-ci  serait appelée au pouvoir lors des élections de 2017. Car les cadeaux électoraux annoncés au fil des mois feront  sentir leur  plein effet sur les finances publiques surtout dans les deux prochaines années. Elles rendent déjà caduques une partie des mesures de redressement envisagées par  l’opposition, car elles impliqueraient  une austérité que la droite n’oserait pas proposer aux électeurs. C’est dire que les programmes devront être révisés et qu’en même  temps  tout recul serait mal interprété par une opinion aujourd’hui braquée contre François Hollande, mais qui pourrait se montrer versatile. La situation se compliquera aussi  face aux comportements  de nos partenaires. L’Allemagne et l’Italie entendent  aussi tirer les marrons du  feu de  la crise actuelle. Rome envisage déjà de créer des zones franches et va tenter d’attirer capitaux et cerveaux. La France voudrait ne  pas être en reste. Les discours sont prêts, mais cela supposerait de modifier la fiscalité et le droit du travail. Les actes resteront donc dans les tiroirs. 

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