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Pourquoi la fonte du permafrost pourrait avoir des conséquences encore pires que prévues
©Wikipedia / Brocken Inaglory

Atlantico Green

Une étude parue dans la très sérieuse "Atmospheric chemistry and physics" rapporte que l'on a sous-estimé la quantité de protoxyde d'azote qui s'échapperait du fait de la fonte du permafrost

Nicolas Imbert

Nicolas Imbert

Nicolas Inbert est directeur exécutif de Green Cross France et Territoires.

Co-auteur de l'ouvrage "OCEAN: des clés pour agir " www.desclespouragir.com 

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Atlantico : Une étude parue dans la très sérieuse "Atmospheric chemistry and physics" rapporte que l'on a sous-estimé la quantité de protoxyde d'azote qui s'échapperait du fait de la fonte du permafrost. Quelles pourraient en être les conséquences sur l'environnement ?

Nicolas Imbert : D'une manière plus générale du protoxyde d'azote, l'arctique est actuellement dans une situation de grave danger où l'on se rend compte que le dérèglement climatique arrive de manière accélérée par rapport aux feuilles de routes établies sur les autres continents. Il arrive en accord avec les prévisions les plus alarmistes du GIEC à ce sujet. On est en train de s'acheminer vers une trajectoire +4, +5 voire +6 degrés avec ce que cela suppose en effets dévastateurs.

Le fait d'avoir un permafrost qui ne joue plus son rôle et des terres qui auparavant été gelées toutes l'année a un effet accélérateur sur le dérèglement climatique et induit des problématiques globales.

Il y a donc une urgence à interpeler pour que les décideurs puissent vraiment comprendre ce qui est en train de se passer. C'est d'ailleurs le cœur de notre engagement à Greencross.

Aujourd'hui en Arctique on peut compter trois effets cumulatifs. Des poches de méthane entière sont en train de revenir à l'air libre et de se dégager dans l'atmosphère avec un effet accélérateur pour le réchauffement climatique. On a de nouvelles substances et dont le dégagement a aussi un effet accélérateur comme le protoxyde d'azote qui touche directement la couche d'ozone et n'avait pas été anticipé à ce stade. De la même manière les Nox, au-delà du protoxyde d'azote changent l'albedo de la banquise (capacité à refléter la lumière solaire) et un troisième effet sur lequel les scientifiques américains nous alertent depuis un an. Le fait qu'il y a des microparticules de plastique et des perturbateurs endocriniens en masse jusque dans les zones arctiques.

Sous l'effet de libération des gaz, les habitants terrestres ou marins sont de plus en plus vulnérables. C'est encore sans parler des peuples autochtones qui sont directement impactés, sont en train de souffrir des activités économiques qui se développent dans le secteur mais aussi des conséquences du réchauffement climatique.

Cette bombe climatique en train d'exploser est-elle suffisamment prise en compte dans les études et est-ce que cette nouvelle étude va nous mener à rehausser encore nos estimations concernant le réchauffement climatique ?

Les travaux du GIEC tels qu'ils ont été fiats et en particulier sur les océans et l'Arctique se sont faits sur des bases extrêmement crédibles. Les décideurs publics ont voulu entendre que le dérèglement climatique allait se baser sur les "fourchettes basses" donnée par le GIEC. Ce dont on se rend compte depuis un an et demi et qui devient impossible à masquer c'est que le dérèglement climatique est plutôt calqué sur la "fourchette haute" (au moins +4 degrés). En parallèle, l'Humanité et en particulier la France et l'Europe sont très en retard sur la feuille de route dans la lutte contre le dérèglement climatique. On a fait à peu près 30% du chemin que l'on aurait dû faire à cette date. Dit autrement, nous n'avons toujours pas fait 70% des efforts nécessaires.

Plutôt que de casser le thermomètre à chaque fois qu'une nouvelle mauvaise nouvelle arrive, il est beaucoup plus intelligent d'accélérer et de ne plus avoir le pied sur le frein pour mener à bien toute mesure contre le dérèglement climatique. Cette étude nous montre que nous ne sommes toujours pas matures et qu'il faut aller 5 à 10 fois plus vite en termes de réaffectation de moyens.

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