Pourquoi l'Académie française pourrait pousser la bien-pensance jusqu'à l'ouverture d'esprit en élisant Finkielkraut<!-- --> | Atlantico.fr
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Alain Finkielkraut (à gauche) discutant avec Bernard-Henri Levy.
Alain Finkielkraut (à gauche) discutant avec Bernard-Henri Levy.
©Reuters

Le bon choix

L'élection d'Alain Finkielkraut à l'Académie Française serait un signe positif de l'indépendance de cette institution vis-à-vis du sectarisme intellectuel des élites françaises et d'une certaine pensée unique médiatique.

Jean-Sébastien Hongre

Jean-Sébastien Hongre

Jean-Sébastien Hongre, entrepreneur sur Internet, est l’auteur de Un père en colère aux Editions Max Milo et d’Un joueur de poker chez Anne carrières.
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Après les municipales, c'est bien le 10 avril prochain qu'aura lieu la prochaine élection symbolique; une élection discrète, feutrée, et réservée à 39 des plus brillants esprits de notre pays. On les nomme "immortels" ces enfants de l'Académie Française qui devront choisir le 40e membre de leur confrérie. Depuis quelques semaines, dans les couloirs de la prestigieuse institution, l'entrée d'Alain Finkielkraut ne faisait plus de doute.

Enfin, allait être salués à sa juste valeur toute son oeuvre, son style lumineux, sa vaste culture, la finesse de son intelligence, son amour immodéré des lettres et aussi indirectement l'assimilation réussie de ce fils d'immigré polonais.

Mais voici que ce terrorisme intellectuel de gauche qui domine depuis 30 ans le monde des medias et de la culture, placarde impunément sur des murs de cons des visages qui ne lui conviennent pas, lance des autodafés religieusement relayés par la presse dominante, a trouvé au sein de l'académie quelques esprits haineux pour  mener une violente cabale et empêcher l'élection de Monsieur Filkenkraut. L'hydre bave à nouveau sa rage dès qu'un esprit brillant fait preuve d'indépendance et lui refuse allégeance.

Disons le tout court, l'Académie se déshonorerait de ne pas faire un pied de nez à toute ce sectarisme si bien incarné par un Aymeric Caron qui n'a pas fait honneur au service public quand il a interviewé l'auteur de "L'identité malheureuse". Oui, elle rétablirait l'équilibre en récusant tous ces esprits étriqués, bien trop militants pour être capables de prendre la mesure des différents essais d'Alain Finkielkraut. On peut bien entendu ne pas être d'accord avec ses écrits. Encore faut-il être à niveau, ce qui est rarement le cas du coté de ses détracteurs ; à défaut de le lire ils ne comprennent pas ses propos dans la mesure ou la plupart récuse "le réel". Car Alain Finkielkraut est avant tout esprit des lumières, et il me fait penser à tous ces auteurs qui le long de l'histoire française se sont vus oppressés par le régime dominant. On pense à Diderot évidemment ou à Voltaire.

L'équivalent de l'aristocratie royaliste, avec les mêmes pouvoirs, tente depuis 20 ans de museler cet amoureux de la vérité et d'en faire un extrémiste. Et pourtant, c'est précisément par l'honnêteté, la lucidité et le refus de ne pas penser son époque tel qu'elle est que Finkielkraut  se bat contre les extrêmes.

Car cet humaniste engagé serait le premier à applaudir dans 30 ans l'entrée à l'Académie française d'un jeune issus des cités qui s'en montrerait digne. Et sans doute lutte-t-il en ce sens quand il fustige la perte des ambitions de transmission d'une éducation nationale "modernisée" par les thèses post soixante-huitarde. L'égalitarisme de gauche et le culte des loisirs ont tué l'égalité des chances. Il le sait bien et le déplore.

Il faut l'avoir vu se battre pour tirer notre société vers le haut, il faut l'avoir surpris tenter le pari de l'intelligence avec chacun de ses interlocuteurs, il faut l'avoir entendu nous montrer la voie des valeurs qui pourraient à nouveau constituer le creuset d'une nation unifiée quelques soient les origines de chacun pour savoir à quel point il mérite notre reconnaissance.

La dureté de son combat se lit dans ses traits creusés par l'épuisement d'une lutte solitaire, ses mains souvent agitées tant il "sent" l'urgence des choses, sa voix tendue par la gravité du propos, ses cernes qui sont la marque de la concentration épuisante de celui qui sait que de médiocres bourreaux guettent le moindre faux pas pour lancer l'hallali médiatique. Cet homme a sans doute sacrifié sa santé à la vérité, sa tranquillité d'esprit à la lucidité, et parfois son "image" à ses convictions profondes. Il s'est souvent mis en risque pour le bien commun.

Il eut été si aisé pour un esprit de cette trempe de jouer les convenances, d'être célébré par le milieu intellectuel parisien installé dans ce quartier latin qui vit avec 50 ans de retard sur la réalité de notre pays. Mais non, il y a du De Gaulle en lui. Depuis très longtemps, Alain Finkielkraut a fait le pari de l'effort et de l'exigence intellectuelle. Il tente de nous prévenir des dangers qui nous guettent, manière de rendre à la France ce qu'elle lui a donné. En réalité, en sacrifiant sa vie et sa quiétude à ce devoir élevé, il lui offre bien plus. Tout juif vit inconsciemment cette question centrale : "Aurions-nous pu éviter la Shoah ?". Alain Finkielkraut s'empare de ce pesant devoir de prévention. Le voilà à l’affût, aux aguets, et quand il décèle les signes de la déliquescence de notre société, quand il lit les prémices de guerres intestines où intérieures, quand il imagine les conséquences de l'abêtissement général, quand il constate le recul de notre système éducatif dans les classements internationaux, il mesure là les racines de drames à venir et il souffre, pour nous. Son amour des autres s'exprime dans ces cris d'alerte qu'il émet tandis que le "système au pouvoir " cherche à l'intimider par les anathèmes des curés de la bien-pensance.

Oui, messieurs de l'académie, à vous de vous montrer solidaire de Monsieur Finkielkraut si vous voulez soutenir les valeurs éternelles de notre nation et le combat pour l'élévation de l'homme par la culture.

Ou bien allez-vous vous soumettre ? Dans votre histoire, vous avez raté Descartes, Molière, Pascal, Balzac Zola et quelques autres de cet acabit. Réveillez-vous ! Soyez rebelles ! Et soyez fiers si les officines de la pensée autorisée vous conspuent le lendemain de l'élection de Monsieur Finkielkraut , ce sera le signe de la justesse de votre décision.

Car pour ma part - et je précise ne pas le connaitre personnellement -  je n'ai aucun doute qu'il entrera dans l'Histoire. Dans 100 ou 200 ans, on lira avec attention ses essais pour comprendre notre époque et les événements qui lui ont succédé.

En somme Messieurs les Académiciens, Alain Finkielkraut sera immortel, avec ou sans vous. Alors faites le bon choix.

Le sujet vous intéresse ?

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