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Pourquoi il n'y aura pas de nouveau "21 avril" en 2012
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Onde Marine

Le dernier sondage Harris interactive, publié dimanche 6 mars par Le Parisien-Aujourd’hui en France, qui place le nouveau leader du FN en tête des intentions de vote pour la prochaine présidentielle avec 23% (devant Sarkozy et Aubry à 21%), fait trembler l’UMP et le PS. Chacun y va de sa déclaration et les médias commentent avec fièvre l’ « électrochoc politique » (sic). Mais les uns et les autres ont-ils raison de se faire peur ?

Christian Delporte

Christian Delporte

Christian Delporte est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin et directeur du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines. Il dirige également la revue Le Temps des médias.

Son dernier livre est intitulé Les grands débats politiques : ces émissions qui on fait l'opinion (Flammarion, 2012).

Il est par ailleurs Président de la Société pour l’histoire des médias et directeur de la revue Le Temps des médias. A son actif plusieurs ouvrages, dont Une histoire de la langue de bois (Flammarion, 2009), Dictionnaire d’histoire culturelle de la France contemporaine (avec Jean-François Sirinelli et Jean-Yves Mollier, PUF, 2010), et Les grands débats politiques : ces émissions qui ont fait l'opinion (Flammarion, 2012).

 

Son dernier livre est intitulé "Come back, ou l'art de revenir en politique" (Flammarion, 2014).

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Au secours, Le Pen arrive ! Dans son édition de dimanche 6 mars, Le Parisien reproduit une courbe de sondages où, en quatre mois, Marine Le Pen passe de 12 à 23%. Impressionnant ! Sauf qu’il puise dans des enquêtes qui n’ont rien à voir entre elles : les candidats testés ne sont pas les mêmes et les méthodes des sondeurs y sont différentes.

Le sondage du Parisien en question

Harris Interactive est ainsi l’un des rares à pratiquer le sondage en ligne, là où ses concurrents préfèrent la bonne vieille méthode du téléphone qui a fait ses preuves (le « face-à-face », trop coûteux, est aujourd’hui quasiment abandonné). L’institut de Jean-Daniel Lévy ne nous explique pas comment il arrive à un taux de non réponse record de 35%, là où tous les autres le situent sous la barre des 10%. Il ne dit rien de la fermeté du sondé dans son choix (la seule donnée qui compte à un an du scrutin). Il ne rappelle pas non plus que la marge d’erreur minimale est de plus ou moins trois points, ce qui peut aboutir à placer Le Pen derrière Sarkozy ou Aubry. Et une question taraude : pourquoi ne pas avoir testé les sondés sur un second tour qui aurait conclu à la défaite de Marine Le Pen ?

La menace FN arrive trop tôt

Maintenant, faisons un pari audacieux : il n’y aura pas un nouveau 21 avril, à l’endroit ou à l’envers. En 2002, Jean-Marie Le Pen (qui stagnait à 7% en mars 2001 !) a bénéficié d’un effet de surprise dont ne profitera pas sa fille. Or, le haut niveau actuel d’intentions de vote pour Marine Le Pen est une chance paradoxale pour les candidats des deux grands partis de gouvernement. La menace du FN va d’abord peser sur les états-majors politiques. L’UMP n’aura ainsi pas d’autre choix que de faire bloc derrière Nicolas Sarkozy et, au PS, on réfléchira à deux fois avant de se lancer dans une dissidence que ne pardonnerait pas l’électorat.

Mauvaise nouvelle pour les "petits" candidats

Si, à l’approche de l’échéance, la candidate du FN se mêle au trio de tête, l’effet du vote utile jouera en faveur des deux autres. Pourquoi ? Pour une raison simple : celui des deux qui se retrouverait au second tour contre Marine Le Pen serait élu président de la République. Les électeurs de gauche et d’extrême-gauche ne prendraient pas le risque d’un second mandat Sarkozy. Les électeurs de droite non sarkozystes, eux, voudraient éviter le retour de la gauche au pouvoir. Quant aux électeurs centristes, ils s’appliqueraient à empêcher le FN d’accéder au second tour.

Bref, la donnée Le Pen est d’abord une très mauvaise nouvelle pour les « petits » candidats. A cet égard, la réaction de Jean-Luc Mélenchon au sondage de dimanche est caractéristique. Contrairement au PS, il ne s’en est pas pris à la stratégie de Sarkozy, mais s’est appliqué à nier les résultats de l’enquête. Marine Le Pen à 23% ? « C’est aussi stupide que si le père Noël était en tête ». Le Père Noël ou la Mère Fouettard ?

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