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Pourquoi 2013 restera une année perdue pour l'économie française malgré la reprise mondiale
©Reuters

Editorial

Réformes insignifiantes, indécision au sommet de l'Etat, refus de voir la réalité en face... Alors que le train de la reprise est reparti pour l'économie mondiale, la France, elle, est restée à quai.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les dégâts provoqués par la récession entre 2008 et 2012 ont pu être effacés, mais rien n’indique que le pays reprendra l’indispensable marche en avant- ne fût-ce que pour faire face à l’accroissement de sa population. L’appel d’air extérieur paraît sans effet. L’anxiété est la règle car la visibilité est nulle pour l’avenir. Et le dernier record battu, dérisoire, est celui des inscriptions aux Restos du cœur qui ont franchi la barre du million, comme si la paupérisation était en marche.

Au sommet de l’Etat, c’est toujours l’indécision qui prévaut. Avec un souci de bouger les lignes le moins possible pour éviter tout ce qui pourrait susciter des mouvements dans l’opinion qu’on tente de chloroformer par des déclarations optimistes auxquelles personne ne croit plus, tant les agissements du pouvoir obéissent à des mobiles contradictoires. François Hollande plaide pour l’égalité et la concurrence, mais continue de choyer certains lobbies comme on vient de le voir à propos des opticiens ou des taxis. Il exalte la recherche et la création, mais il vilipende ceux qui vont de l’avant et secouent les rigidités ambiantes comme Xavier Niel.

Le crédit d’impôt compétitivité emploi n’échappe pas à la critique : il traduit une vision passéiste du capitalisme puisqu’il aboutit à subventionner des industries appelées à décliner dans le contexte international, à maintenir des emplois condamnés, alors que l’argent fait cruellement défaut pour développer les vrais secteurs de demain. Le terme d'emploi d’avenir est un contresens puisqu’il vise des métiers au bas de l’échelle, alors que tous les efforts devraient être orientés vers les activités de demain.

Et les réformes sont insignifiantes sur tous les plans : en matière de retraite, on refuse de voir les réalités en face qui justifieraient de retarder l’âge de la fin du travail. En matière de formation professionnelle, on laisse la gestion des milliards d’euros récoltés aux partenaires sociaux qui visent avant tout à protéger l’argent qui fait vivre les syndicats.

Et l’on refuse de revenir sur les droits acquis, véritable dogme, comme si ceux-ci étaient intangibles pour l’éternité, alors qu’ils ne pourront se moquer indéfiniment de la conjoncture. Le plus grand scandale est de voir l’Etat indigent continuer de faire la sourde oreille pour amorcer enfin le reflux de la dépense publique que tous les grands pays ont résolu avant nous. Refusant de tailler dans le vif, malgré les injonctions dont il fait l’objet, il continue allègrement de ponctionner le secteur privé en procédant à une sorte d’étatisation rampante pour maintenir un système social qui prend l'eau de toutes parts, car on continue de boucher les trous au coup par coup plutôt que d’investir sur le long terme.

Il est vrai que les marges des entreprises sont tombées à leur plus bas niveau depuis 1985 et que le taux de la valeur ajoutée en France est le plus bas de la zone euro, ce qui a déjà provoqué des cris d’alarme de Bruxelles. Il serait impératif de réduire les charges du secteur marchand, alors que les cotisations sociales vont connaître une nouvelle hausse au 1er janvier pour financer les retraites. Pour diminuer le coût du travail et améliorer la compétitivité défaillante, il faudrait pouvoir briser la rigidité des salaires et éviter que ceux-ci continuent d’augmenter sans tenir compte de la capacité des entreprises.

Le pouvoir reste enfermé dans son discours sur l'inversion de la courbe du chômage, malgré le cinglant démenti que viennent de lui infliger les chiffres de novembre, au lieu de se préoccuper de la croissance qui seule éviterait le recours à des emplois artificiels. Car, ce qui nous guette c’est une stagnation solitaire dans un monde qui bouge, où la principale richesse de la France résidera bientôt…dans ses musées.

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