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Pour un budget de l’Etat à l’équilibre
©©CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP

Tribune

Eugène Daronnat

Eugène Daronnat est membre du comité Exécutif d'Objectif France.

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Quelle drôle d’époque, celle dans laquelle l'Etat Français vivait de ses ressources, sans demander aux générations futures la possibilité de financer ses dépenses courantes. Aujourd’hui, le déficit est devenu la norme, et le débat n’est plus de savoir si l'on peut faire des déficits ou non, mais si l’on peut limiter leur progression. Les déficits publics alimentant ensuite la dette publique, cette dernière n’a cessé de croitre depuis 40 ans puisqu’en 1974, elle représentait seulement…20% du Produit Intérieur Brut, contre 114% en 2021.

S’endetter peut-être compréhensible s’il existe une réelle contrepartie à cette dette. S’endetter pour préserver l’environnement, assurer la bonne instruction de nos enfants, améliorer notre système hospitalier serait presque souhaitable… Le problème réside précisément dans le fait que nous ne faisons rien de tout cela. Nous endettons les générations futures sans leur laisser un monde meilleur. Et la conjoncture n’a rien à voir là-dedans ! Le déficit structurel (hors conjoncture, donc) s’élevait à 2,9% du PIB en 2019, il devrait être à 3,7% du PIB en 2022.

L’opacité des indicateurs

Pour le commun des mortels, ces chiffres peuvent paraitre bien incompréhensibles. C’est précisément l’objectif recherché, avec unindicateur de déficit sur PIB qui de plus ne revêt aucun fondement économique. Dans le Projet de Loi de Finances 2022, le gouvernement a ainsi annoncé un déficit contenu de 4,8%. Mais les Français réagiraient probablement différemment si on leur indiquait que pour 310 milliards de recettes prévisionnelles en 2022, l’Etat allait dépenser en face…454 milliards d’euros ! En 2022, l’Etat Français va donc dépenser 46% de plus que ce qu’il ne gagne. Tout est question de présentation…

Au-delà de l’aspect économique, et des taux bas qui nous permettent de conserver une charge de la dette faible, cette situation de déficit est moralement inacceptable. D’autant plus que dans le même temps, le gouvernement indique que les dépenses publiques sont « contenues »…faisant référence à l’année 2020, où ces dernières ont à juste titre explosé pour palier à la situation sanitaire exceptionnelle que nous avons connue.

Faire des déficits, de surcroit pour financer des dépenses courantes, c’est manquer de respect aux Français, c’est ponctionner du pouvoir d’achat futur sous forme de dette à rembourser, c’est penser que derrière des indicateurs opaques, il est possible d’endetter les générations futures sans que les Français le réalisent. Nos compatriotes sont fort heureusement plus lucides. Dans une récente enquête Acteurs publics/EY réalisée par l’IFOP, 81% des Français se disaient inquiets par rapport à l’explosion de la dette publique. Quand il s’agit de mesures plus concrètes, 90% des Français souhaiteraient une meilleur information sur les finances publiques. Nous y voilà.

Pour une règle d’or budgétaire

La mesure la plus simple, la plus responsable, la plus cohérente, soutenue par 80% des Français selon la même étude précitée, serait d’instaurer l’obligation pour l’Etat de voter un budget en équilibre. Pour arriver à ce qui s’apparenterait à une révolution dans les finances publiques, une étape pourrait être d’exiger l’obligation d’avoir un solde structurel qui ne soit plus déficitaire, ce qui permettrait de justifier des dépenses exceptionnelles en cas de nécessité liée à la conjoncture.

Si réduire la dette publique à marche forcée n’a pas forcément de sens, l’Etat doit rendre des comptes sur sa gestion, et surtout l’améliorer, c’est le sens d’un équilibre de son budget. Financer toute baisse d’impôt par une baisse équivalente des dépenses doit redevenir la norme.

Nous ne pouvons plus accepter ces déficits à répétition suivant la célèbre formule : « qui ne dit mot, consent ».

Il est temps de fermer un cycle de 40 ans de dérapages budgétaires, et de retrouver une vision de long terme, d’avenir. De nombreux investissements sont nécessaires, ils seront rendus possible par une saine gestion de l’argent public, celui des Français.

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