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Pour être heureux, sachez accepter les moments où vous ne l’êtes pas
©LOIC VENANCE / AFP

Le secret du bonheur

Chercher éperdument le bonheur conduirait tout droit à la case malheur.

Florence Servan-Schreiber

Florence Servan-Schreiber

Florence Servan-Schreiber est journaliste. Formée à la psychologie transpersonnelle en Californie, elle a été l'animatrice d'une chronique dans Psychologies, un moment pour soi sur France 5 - la déclinaison télévisuelle de Psychologies magazine- en 2004 et 2005.

Elle est notamment l'auteure de "Trois kifs par jours et autres rituels recommandés par la science pour cultiver le bonheur" publié aux éditions Marabout.

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Atlantico : Brock Bastian, professeur à l'Université de Melbourne, affirmait dans un article paru dans la revue Emotion que la recherche excessive du bonheur menait souvent à être plus stressé et plus malheureux. Comment expliquer ce phénomène ?

Florence Servan-Schreiber : tous les excès entraînent des déséquilibres. L’étude que vous citez parle avant tout de la promotion du bonheur, et donc, de la comparaison dans laquelle nous nous projetons. S’il ne circule autour de nous que des cas et images d’absence de difficulté, nous sommes déroutés par la réalité de nos propres expériences et culpabilisons de nous sentir autrement que ce que nous renvoie le monde autour de nous. Alors, sans recul, nos émotions négatives pèsent plus lourd, puisqu’en plus de les ressentir, nous nous les reprochons.

Les méthodes de développement personnel se multiplient pourtant. Faut-il, selon vous, renoncer à les utiliser sous peine de ruminer nos échecs ou bien leur utilité se trouve-t-elle ailleurs ?

Il est essentiel, là aussi de faire la distinction entre une pratique qui peut nous permettre de traverser un moment difficile ou de mieux savourer les situations formidables, et un dictat comportemental. Dès lors que nous cherchons à caler nos émotions sur des règles extérieures, il est très facile de se sentir à côté de la plaque. Mais utiliser des méthodes du développement personnel pour mieux interpréter ce qui se passe dans notre vie, et apporter plus de légèreté à nos réactions habituelles, peut se comparer à choisir une paire de chaussures de course avec plus de ressort. Nous devrons quand même faire l’effort de courir, mais en nous sentant plus soutenus.

Alison Darcy, psychologue en recherche à Stanford, a créé une application appelée le Woebot, qui permettrait d'être plus heureux, sans néanmoins nous culpabiliser lors des moments plus tristes. Ce genre d'initiatives vous semblent-elles pertinentes ?

Pour être exact, il s’agit d’une appli développée pour proposer à des patients, qui souffrent de certains symptômes tels que de l’anxiété ou des attaques de panique, d’appliquer, dans ces moments-là, des techniques de thérapie cognitivocomportementale.

Cette forme de thérapie peut ressembler à des exercices, tels que respirer, ou reformuler l’évocation d’une situation, pour désamorcer l’escalade d’émotions qui l’accompagnent. Le pari de ses créateurs est que l’accès à l’appli, lorsqu’on est bouleversé, ou que l’on se sent en difficulté, peut détourner l’attention du patient pour la recentrer sur des émotions plus gérables, comme le ferait une conversation avec un thérapeute.

Les premières comparaisons effectuées entre l’efficacité d’une telle thérapie en face à face ou par un biais numérique sont encourageantes. Ce type d’appli pourrait donc faire partie de l’arsenal possible de solutions pour combattre la dépression et ses symptômes. Son objectif est moins de nous rendre plus heureux que de nous permettre d’aller mieux. Ce qui n’est pas toujours la même chose, tout en allant dans le même sens. Affaire à suivre.

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