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Plus fort que Siri, et c’est son inventeur qui le dit : Viv, l’assistant électronique qui ne se contente pas de vous renvoyer à Google ou une liste d’adresses mais choisira lui-même le restau que vous voulez réserver
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Skynet

La start-up à l'origine du nouveau projet Viv et anciennement de Siri, souhaite en faire l'assistant électronique du futur, capable de répondre à des ordres et à des demandes sans avoir à faire de recherche Google ou même à toucher à son téléphone.

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia est professeur à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI) où il enseigne principalement l'informatique, l'intelligence artificielle et les sciences cognitives. Il poursuit des recherches au sein du LIP6, dans le thème APA du pôle IA où il anime l'équipe ACASA .
 

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Atlantico : En quoi consiste cette nouvelle technologie d'assistant virtuel baptisée Viv ?

Jean-Gabriel Ganascia : L’assistant virtuel baptisé Viv permet de dialoguer en langage naturel. Il reconnaît la parole, pose des questions, permet à l’utilisateur de préciser l’objet de sa requête puis se charge de satisfaire ses désirs. En cela, il correspond à que l’on a appelé des "elfes" il y a quelques années, ou des agents intelligents. En d’autres termes, il se présente comme un serviteur zélé, discret, immatériel et infatigable, qui ne vise qu’à nous faciliter la vie.

Du point de vue technique, ces agents se composent de trois modules, la reconnaissance de la parole, le dialogue puis l’action. La reconnaissance de la parole fait appel à des techniques éprouvées depuis quelques années qui reposent, entre autre, sur ce que l’on appelle l’apprentissage profond (Deep Learning), à savoir sur de l’apprentissage supervisé avec des réseaux de neurones formels. Le dialogue semble faire appel à des agents conversationnels, ce que l’on appelle des chatbots, encore que l’on dispose d’assez peu d’information sur les techniques réellement mises en œuvre, et que les chatbots seuls semblent insuffisants. En effet, la difficulté avec les chatbots tient à ce qu’ils se fondent sur des modes d’expression stéréotypés et qu’ils se contentent de donner le change, sans réellement procéder à de la compréhension. Or, pour obtenir un agent satisfaisant, il faut non seulement être en mesure de répondre à des formulations extrêmement variées, souvent elliptiques et relâchées, mais aussi utiliser les informations transmises au cours du dialogue pour les agréger les unes aux autres, voire rechercher celles qui manquent en les suscitant au moyen de nouvelles questions. Enfin, le dernier module devrait permettre à l’agent d’agir dans le monde et pas seulement d’appeler un lien sur un navigateur.

En quoi la technologie Viv diffère-t-elle de l'application d'assistant virtuel Siri ?

L’assistant virtuel Siri fût créé par la même équipe que celle qui réalise Viv aujourd’hui, et qui est dirigée par deux anciens d’Apple, Dag Kittlaus et Adam Cheyer. Viv s’inscrit donc dans la continuité de Siri. Ceci étant, la prouesse technologique réalisée par Siri tenait surtout à la reconnaissance automatique de la parole. Le système de dialogue laissait un peu à désirer. En effet, dès qu’une formulation s’éloignait de stéréotypes, elle n’était pas vraiment prise en considération, encore moins "comprise". Sans doute, avec un chatbot classique qui se contente de dialoguer, ce n’est pas trop gênant. Mais, dans le cas de Viv, l’ambition est beaucoup plus élevée, puisque ses concepteurs souhaitent que l’agent ait une fonction commerciale, par exemple, qu’il passe directement des commandes auprès de marchands. Ainsi, là où un agent à qui vous demandiez de prendre un billet d’avion, vous ouvrait une page web, Viv se propose de prendre directement le billet auprès de la compagnie aérienne, après s’être assuré que toutes les informations nécessaires avaient été données et qu’elles n’étaient pas contradictoires. Bref, nous voyons là que c’est un programme très ambitieux. Réussira-t-il à satisfaire les usagers ? C’est une question ouverte, car cela fait de nombreuses années que l’on essaie de mettre en place de tels agents avec, jusqu’à présent, des succès mitigés.

Quelles seraient les applications possibles de la technologie Viv si elle se démocratise dans la vie de tous les jours (commander une pizza sans lever le petit doigt etc.)?

Les applications seraient innombrables, puisque un agent construit sur la technologie Viv faciliterait la vie de beaucoup de gens qui n’auraient plus à se soucier de chercher dans l’annuaire pour trouver un service, par exemple un restaurant, d’ouvrir une page web ou de téléphoner et ensuite de passer leur commande eux-mêmes. Au-delà de ces commodités, l’enjeu commercial et industriel est central. En effet, de même que Uber a totalement changé l’économie des taxis en faisant perdre leur indépendance aux chauffeurs, de tels agents risquent de transformer l’économie de beaucoup de secteurs commerciaux. Prenons l’exemple des chaînes de livraison de pizzas ou de sushis à domicile. Jusqu’à présent, elles mettaient en place les réseaux téléphoniques ou les sites web qui permettaient de passer commande. Dans le futur, ce seront ces agents qui passeront commande directement… et les commerçants chez qui ils se fourniront deviendront leurs obligés… Ces transformations majeures expliquent que des grandes sociétés comme Google, Apple, Facebook ou Amazon investissent énormément sur ces technologies, car ce sont des pans entiers de l’économie qui risquent de basculer.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

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