Plan eau : de bonnes intentions... mais un si grand flou sur son application<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron lors de sa visite à Savines-le-Lac le jeudi 30 mars.
Emmanuel Macron lors de sa visite à Savines-le-Lac le jeudi 30 mars.
©Sébastien NOGIER / AFP

Lutte contre la sécheresse

Face à l'urgence climatique et aux effets de la sécheresse en France, Emmanuel Macron a présenté jeudi un plan afin de mieux gérer cette ressource, lors d'un de ses rares déplacements (à Savines-le-Lac) depuis le début de la crise des retraites.

Kako Naït Ali

Le Dr Kako Naït Ali est ingénieur et docteur en chimie des matériaux.

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Atlantico : Emmanuel Macron, qui redoute des « situations de grand stress à l’été prochain » dans certaines communes, a dévoilé jeudi une cinquantaine de mesures pour son « plan de sobriété sur l’eau ». Que faut-il retenir de ces mesures ? 

Kako Naït Ali : Emmanuel Macron a esquissé un plan qui comprend 53 mesures pour mieux gérer la ressource en eau. Ces mesures me laissent un peu perplexe car je les trouve très générales. Ce plan parle notamment d’enlever des freins réglementaires pour la valorisation des eaux non-conventionnelles, ce qui inclut les eaux de pluie mais aussi les eaux grises. Seront concernés les industries et « certains usages domestiques, dans le respect de la protection de la santé des populations et des écosystèmes ». Pourtant, on peut déjà récupérer les eaux de pluie ou les eaux grises, à condition de ne pas utiliser les mêmes canalisations pour les eaux potables et usées. Ainsi, la législation n’autorise pas l’usage des eaux usées de la douche pour la chasse d’eau des toilettes et je ne sens pas une volonté d’ouvrir cette possibilité. 

J’ai l’impression que de nombreux projets seront mis sur la table, que des études ou des initiatives seront lancés. Sachant que d’autres pays ont déjà mis en place des mesures similaires, je ne comprends pas pourquoi nous restons aussi bloqués, malgré les recommandations de l’ANSES sur le sujet. En somme, cet ensemble de mesures me paraît assez obscur et je ne sais pas quels textes de loi vont en sortir.  

Cinq jours après les affrontements à Sainte-Soline contre les méga-bassines, le chef de l’Etat s’est exprimé sur le sujet et a réaffirmé l’utilité des stockages artificiels d’eau pour les agriculteurs. Dans quelle mesure s’agit-il d’une mesure essentielle face à la raréfaction de l’eau ?

Cette question est locale mais on en fait une question nationale. Je m’interroge sur deux points : avec l’évolution des températures et de la pluviométrie, il faudra évidemment modifier notre modèle actuel. Dans quelques décennies, il ne sera peut-être plus possible de faire pousser des plantes qui ne correspondent plus au climat dans lequel on se trouve. Enfin, j’ai l’impression qu’on fait de ces méga-bassines une sorte de symbole et qu’on arrête toute réflexion sur le sujet. Ce qui m’inquiète, c’est que si on commence à se poser des questions qui ne sont pas techniques ou scientifiques, on risque d’avoir de gros problèmes sur d'autres sujets qui concernent l’utilisation de l’eau. Il faut vraiment faire en sorte que ces sujets restent locaux et soient traités de façon technique et scientifique.  

Emmanuel Macron a également fixé l’objectif de passer l’objectif de récupérer 10 % des eaux usées, ou eaux grises, à l’horizon 2030. Comment est-ce possible ? Cela pose-t-il un risque sanitaire ? 

Je pense qu’Emmanuel Macron fait référence aux eaux grises qui passent par les stations d’épuration. Il s’agirait de récupérer les eaux traitées au lieu de les renvoyer directement dans la mer. Le principe me semble vertueux et les autorités, face aux craintes de risques sanitaires, prennent le temps de faire évoluer la loi petit à petit. Concernant les eaux grises, je pense surtout qu’ils ne savent pas trop comment ce sujet peut être maîtrisé par les individus à leur domicile, ce qui signifie qu’il faudra peut-être mettre en place de nouvelles normes lors de la construction des habitations. 

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