Pfizergate : le médiateur européen appelle les médias à cesser de se taire sur les agissements de Von der Leyen<!-- --> | Atlantico.fr
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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, photo d'illustration AFP
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, photo d'illustration AFP
©FREDERICK FLORIN / AFP

Opacité

"La nature et l'ampleur des cas de mauvaise administration que j'ai découverts [au sein de l'UE] nécessitent un débat public plus large", a déclaré la Médiatrice Emily O'Reilly.

Tamás Orbán

Tamás Orbán

Tamás Orbán est journaliste politique pour The European Conservative, basé à Bruxelles. Né en Transylvanie, il a étudié l'histoire et les relations internationales à Kolozsvár et a travaillé pour plusieurs instituts de recherche politique à Budapest. Ses intérêts incluent l'actualité, les mouvements sociaux, la géopolitique et la sécurité de l'Europe centrale.

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Cet article a été publié initialement sur The European Conservative : cliquez ICI

La Médiatrice européenne, Emily O'Reilly, a reproché aux médias traditionnels de ne pas demander plus de comptes à la Commission européenne, alors que la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a refusé de divulguer les messages textuels adressés au PDG de Pfizer, Albert Bourla, qu'elle a utilisés pour négocier le plus gros marché de vaccins de l'UE, d'une valeur de 1,8 milliard d'euros.

Plus de deux ans se sont écoulés depuis le début du scandale, souvent appelé "Pfizergate". L'affaire tourne autour du fait que la présidente de la Commission a non seulement commandé des quantités inutilement importantes de vaccins COVID-19 à Pfizer avec l'argent du contribuable - obligeant finalement les pays à se débarrasser de centaines de millions de doses périmées - mais qu'elle l'a fait en négociant le prix avec le PDG de l'entreprise (et l'associé de son mari) par le biais de messages textuels qui n'ont toujours pas été divulgués, ce qui ne s'avère pas transparent du tout.

La Commission européenne affirme qu'elle n'a "aucune trace" de ces textos, car ces messages sont souvent "de courte durée", ne sont pas soumis à des exigences de conservation et ont été supprimés depuis.

L'affaire a été portée devant le Médiateur européen en septembre 2021 et a été clôturée en juillet de l'année dernière, l'organe de surveillance juridique déclarant officiellement que la Commission avait fait preuve de "mauvaise administration" et demandant à plusieurs reprises que les textes soient à nouveau recherchés et publiés.

La Commission, cependant, n'en a cure. Comme le bureau de M. O'Reilly l'a dit à The European Conservative, le Médiateur "n'a que des pouvoirs de recommandation", et il ne dispose donc d'aucun moyen légal pour demander des comptes à Mme von der Leyen, si ce n'est en affirmant les faits et en demandant un recours. 

C'est pourquoi M. O'Reilly s'est tourné vers les médias lors d'un récent événement organisé par le cabinet de conseil stratégique SEC Newgate, basé à Bruxelles, et s'est demandé pourquoi les journalistes semblaient se retenir lorsqu'il s'agissait de Mme von der Leyen et de ce qui pourrait être le plus grand scandale de corruption de l'histoire de l'UE.

Tout en reconnaissant que la stratégie de la Commission consistant à "bloquer" les médias fait qu'il est difficile pour les journalistes de demander des comptes à Mme von der Leyen, Mme O'Reilly s'est dite "étonnée qu'une personnalité aussi éminente que Mme von der Leyen ne soit pas davantage interrogée sur les textes manquants de Pfizer".

Mercredi, Mme O'Reilly a présenté son rapport spécial à la commission des libertés civiles du Parlement européen (LIBE) - le deuxième de ce type au cours des dix dernières années - portant spécifiquement sur le manque scandaleux de transparence au sein des cercles décisionnels de l'UE.

Le rapport du médiateur révèle que la Commission européenne omet régulièrement de répondre dans les délais aux demandes de liberté d'information. Par exemple, des "retards systémiques" ont été constatés dans 85 % des cas et plus de 60 % d'entre eux ont nécessité plus de 60 jours ouvrables pour être traités, alors que le délai légal est de 15 jours.

Lors de l'audition, Mme O'Reilly a demandé aux députés européens de se joindre à son combat contre la corruption dans l'UE :

"Ce [rapport] est un dernier recours parce que la nature et l'ampleur de la mauvaise administration que j'ai constatée exigent un débat public plus large et un examen parlementaire approfondi, étant donné que les échanges et le dialogue institutionnels normaux n'ont pas permis de résoudre le problème.

Selon le règlement [de l'UE], l'accès [aux documents] est la règle et non une simple option... La Commission, au plus haut niveau, devrait démontrer dans ses déclarations publiques et dans la pratique que la transparence est la règle ainsi qu'une priorité pour l'institution."

Cet article a été publié initialement sur The European Conservative : cliquez ICI

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