Peut-on concilier la liberté de procréer avec l’intérêt de l’enfant et l’intérêt général ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Peut-on concilier la liberté de procréer avec l’intérêt de l’enfant et l’intérêt général ?
©LOIC VENANCE / AFP

Bonnes feuilles

Antoine Bueno publie "Permis de procréer" aux éditions Albin Michel. L'état d'urgence ultime est décrété. La démographie le démontre : avec une population mondiale de 11 milliards en 2100, notre planète est plus que jamais en péril. Nous ne pourrons pas survivre. Un seul constat s'impose : il faut repenser la liberté de procréer. Extrait 1/2.

Antoine Bueno

Antoine Bueno

Antoine Bueno est écrivain et chargé de mission au Sénat. Il se produit aussi dans son seul en scène, "Antoine Bueno, l'Espoir".

Voir la bio »

Aujourd'hui, la liberté de procréer naturellement est absolue. Or aucune liberté, aucun droit n'est illimité. Tous doivent être conciliés entre eux (la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres) et avec des principes collectifs qui leur sont supérieurs. La liberté d'expression est limitée par le droit à la vie privée ou le secret défense ; la liberté d'aller et venir par le droit à la propriété privée ou la sécurité des personnes ; la liberté du commerce et de l'industrie par l'indisponibilité du corps humain ou la santé publique. De la même manière, la liberté individuelle de procréer naturellement devrait être conciliée avec l'intérêt de l'enfant à naître et l'intérêt général. Quel est l'intérêt de l'enfant ? Posée aussi largement, la question est aussi problématique que celle de savoir ce qu'est un « bon parent ». L'intérêt de l'enfant est-il d'avoir des parents aimants, riches, puissants, empathiques, religieux ? Tenter de définir positivement l'intérêt de l'enfant pourrait susciter autant de réponses qu'il y a d'individus. En revanche, il n'est pas difficile de dégager un consensus sur ce qu'est un « mauvais parent ». L'enfant a intérêt à ne pas être maltraité ni négligé. Et ce, même avant sa naissance. Un embryon et un fœtus ont droit à la santé. Tout le monde peut s'accorder là-dessus. 

Ainsi défini, l'intérêt de l'enfant se confond avec celui de la société qui paye un très lourd tribut à la maltraitance infantile. La collectivité doit détecter les enfants maltraités  et négligés, les protéger et subvenir à leurs besoins. Elle prend aussi en charge les dépenses de santé engendrées par la maltraitance. Or les victimes souffrent des effets de la maltraitance tout au long de leur vie. La maltraitance pèse sur la société en termes d'éducation, d'emploi, de santé et de criminalité. Un enfant maltraité mal pris en charge a beaucoup plus de risques qu'un enfant bien traité de devenir un adulte malade, marginal, voire délinquant. Un chiffre éloquent : 28% des SDF français déclarent avoir subi des mauvais traitements dans leur enfance2. Enfin, non seulement la maltraitance peut ruiner la vie entière des victimes, mais elle a aussi le pouvoir de créer un cercle vicieux de la violence, les personnes ayant été maltraitées devenant à leur tour plus souvent maltraitantes que les autres. Nous reviendrons sur l'évaluation du coût financier global de la maltraitance. Il est astronomique. Mais à ce stade de l'analyse, nul n'est besoin d'en dire davantage pour démontrer que la liberté de procréer naturellement devrait être encadrée. Tout comme l'exercice de la liberté d'aller et venir en voiture est subordonnée à la nécessité de passer son permis de conduire.

Extrait du livre "Permis de procréer" d’Antoine Bueno, publié aux éditions Albin Michel.

Lien direct vers la boutique Amazon : ICI

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !