Ruée vers l'or noir dans le Dakota du Nord<!-- --> | Atlantico.fr
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Les gisements d'huile et de gaz de schiste de Bakken et de Three Forks, dans le bassin de Williston (aux confins du Montana et du Dakota du Nord) comptent parmi les plus importants aux Etats-Unis.
Les gisements d'huile et de gaz de schiste de Bakken et de Three Forks, dans le bassin de Williston (aux confins du Montana et du Dakota du Nord) comptent parmi les plus importants aux Etats-Unis.
©Reuters

Western

Aux fins du fond des États-Unis, une petite ville inconnue qui s'emballe grâce au pétrole.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Las Vegas a perdu son titre de capitale mondiale du strip tease au profit de Williston dans le Dakota du Nord. Dans les deux clubs de la ville,oOn dit que ces jeunes femmes y gagneraient entre 2 000 et 3 000 dollars par soirée selon CNN Money. Que se passe-t-il à Williston ? Comment vous ne connaissez pas cette ville ?

Sachez donc que les gisements d'huile et de gaz de schiste de Bakken et de Three Forks, dans le bassin de Williston (aux confins du Montana et du Dakota du Nord) comptent parmi les plus importants aux Etats-Unis. Vu la contestation qu'affronte l'exploitation du pétrole et du gaz de chiste, via l'utilisation de la fracture hydraulique cela risque de déplaire aux écologistes. Ceci d'autant plus qu'une compagnie norvégienne qui a aussi des participations dans les projets de gaz de schiste de Marcellus (Appalaches) et Eagle Ford (Texas) s'intéresse de près à cette aventure.

Oui, l'or noir semble prêt à couler à flot dans cette région au point que la compagnie norvégienne Statoil a annoncé il y quelques jours qu'elle achetait l’intégralité des actions de l’américaine Brigham Exploration Company (qui emploie 100 personnes mais travaille de manière innovante avec des images sismiques en 3D). L’opération, sous forme d’offre publique d’achat (OPA), coûtera 4,4 milliards de dollars à Statoil. 

"Statoil, détenue majoritairement par l’Etat norvégien, contrôlera ainsi 150.000 hectares dans la zone, avec des réserves récupérables estimées entre 5 et 24 milliards de barils équivalent pétrole (bep). Elle estime que le potentiel de production est de 60.000 à 100.000 bep par jour d’ici à 5 ans, contre 21.000 bep par jour actuellement."

Dans la région on trouve aussi Schlumberger (basé à Paris et à Houston) qui vient de publier ses résultats du 3e trimestre 2011 en signalant : "Dans le Nord Dakota, l'opérateur Petro Hunt a utilisé la technologie de fracture hydraulique de canal d'écoulement HiWAY* de Services aux puits pour stimuler deux puits dans les formations Three Forks et Middle Bakken. Après le traitement, les taux de production initiaux du puits étaient de 50 % à 100 % supérieurs à ceux des puits avoisinants. La production actuelle du puits de Three Forks est supérieure de 25 % aux puits similaires complétés grâce à des techniques de stimulation conventionnelles."

Tout cela explique pourquoi des milliers d'hommes viennent se perdre au fond de ces grandes plaines pour travailler comme des fous pendant quatre jours de manière quasi ininterrompue avant de chercher à s'amuser et à se détendre à n'importe quel prix.

Même le site de la chaîne d'information arabe Al Jazeera s'intéresse à cette région et lui consacre un long article qui souligne que le Dakota du Nord est en train de devenir le deuxième état américain qui produit le plus de pétrole juste après le Texas. L'arrivée des pétroliers et les risques environnementaux qui les accompagnent inquiètent les tribus indiennes qui vivent sur ces territoires, et elles veulent leur part du gateau.

Le Dakota a tiré 43 millions de dollars de taxes du pétrole et du gaz extraits, mais les Indiens, eux, n'ont touché que 19 millions, et ils veulent renégocier les accords en cours. Et en matière d'environnement, on retrouve les mêmes critiques contre la fracturation hydraulique utilisée pour extraire les produits pétroliers, qui se révèle très polluante tout en consommant beaucoup d'eau.

L'inquiétude est d'autant plus grande que depuis une loi de 2005 sur la politique énergétique (US Energy Policy Act of 2005), l'agence fédérale pour l'environnement n'a aucun de droit de regard sur les produits injectés dans le sol lors de la fracture hydraulique. Les tribus de la région de Fort Berthold et d'autres, comme les Mandan, Hidatsa, et Arikara (MHA Nation) tentent de limiter les dégats.

Le 14 juillet dernier, dans un vote unanime le conseil tribal a adopté une motion condamnant la pollution et le stockage de déchets pétroliers sur le territoire de leur réserve avec des pénalités allant de 10 000 à 1 million de dollars. Mais selon les statistiques officielles, ces Native Americans comme on les appelle ne représentent que 5,4 %, de la population du Dakota du Nord -soit plus de 5 fois plus que la moyenne aux USA- mais c'est peu pour se faire entendre.

Mais cette année on compte 198 plateformes de forage (comme l'indique à droite, le bandeau d'un site dédié à Williston) dans le Dakota du Nord contre 107 en 2010. Le mouvement semble irréversible. 

Le Star Tribune estime que l'on devrait  devrait trouver 48 000 puits de pétrole dans le Dakota du nord au cours des vingt prochaines années donnant du travail à près de 45 000 personnes sur une longue période, ceci dans dans un état, situé au centre des USA (le long de la frontière avec le Canada) qui n'abrite que 672 591 personnes (alors que la population des USA est de 308 millions d'habitants)..

En attendant, il est délicat de loger les 20 000 travailleurs du pétrole qui dorment dans des camps de préfabriqués répartis dans 17 comtés de l'état.

Et la hausse du prix du pétrole importé, ne peut que renforcer les Etats Unis à développer, coûte que coûte, la production locale. Les stripteaseuses de Williston ont encore de belles nuits devant elles, et n'ont pas à s'inquiéter. La population de la ville est passée de 12 500 à près de 20 000 habitants en cinq ans.

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