Petits pronostics sur les rapports de force politiques post-présidentielle et législatives<!-- --> | Atlantico.fr
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Valérie Pecresse lors d'une conférence de presse pour présenter le programme culturel de sa campagne à Paris, le 21 mars 2022.
Valérie Pecresse lors d'une conférence de presse pour présenter le programme culturel de sa campagne à Paris, le 21 mars 2022.
©THOMAS SAMSON / AFP

Post-présidentielle

Contrairement à ce que beaucoup imaginent, la recomposition annoncée, espérée ou redoutée, de l'échiquier politique français pourrait bien ne pas avoir lieu, aussi bien à gauche qu’à droite. Pour LR notamment, l’espoir existe.

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy est politiologue, spécialiste de l'opinion. Il s'exprime sous pseudonyme.

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Atlantico : D’après le dernier sondage Ifop datant du 25 mars, pour le premier tour de l’élection présidentielle, la candidate LR obtiendrait 11,5 % des voix. Ainsi, elle ne serait pas qualifiée au second tour de l’élection. À quel point le destin des Républicains aux législatives serait-il entraîné par la défaite de Valérie Pécresse ?

Xavier Dupuy : Cette défaite serait forcément un handicap pour les législatives, mais concernant les députés sortants LR, une grande partie sera en mesure de conserver ses sièges. La question de la difficulté du scrutin se posera à propos des circonscriptions où le sortant ne se représente pas et dans celles visées par LR.

Nous pouvons établir trois catégories de circonscriptions pour LR sur ce scrutin. Un premier type où un sortant se représente. Une autre, détenue par LR, mais où le sortant ne se représente pas et certaines circonscriptions où potentiellement LR pourrait être en mesure de faire un résultat. Et une dernière hors de portée. Il s’agit des circonscriptions où LR a toujours été minoritaire et a peu de chances de gagner. Dans ce cas, la défaite à la Présidentielle ne changera de toute façon rien. 

Plus largement, la défaite de Valérie Pécresse compliquera l’objectif d’une majorité LR à l’Assemblée Nationale. 

Combien de sièges pourraient avoir LR à la fin juin après les élections législatives ? 

Aujourd’hui à l’Assemblée Nationale, LR a 104 députés. Sur ces députés 90/92 se représentent. Il est probable qu’une grande majorité de ces 92 députés sera réélue. Au lendemain des élections législatives, LR sera très probablement le premier groupe d’opposition à l’Assemblée Nationale, mais on ne sait pas si cela sera avec 10 députés de moins ou 10,20, 30 de plus qu’en 2017. 

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Mais où vont les droites post présidentielle ?

La seule chose que nous pouvons dire sur l’état de la droite post élection concerne l’évolution du paysage politique à la droite de LR. Il sera plus morcelé qu’en 2017 car cette année des candidats de Reconquête rejoindront ceux du Rassemblement National. Et cette division à la droite de LR pourrait permettre à plus de députés LR d’être qualifié au second tour des législatives et de remporter des circonscriptions.

Le corps électoral ne se comportera surement pas de la même manière au deuxième tour des législatives en 2022 qu’en 2017. Cela changera la donne pour LR et pour la gauche modérée. Il y a cinq ans, on a observé qu’au deuxième tour des législatives, le candidat éliminé de la gauche modérée ou de la droite modérée voyait une partie de ses candidats éliminés basculer pour LREM. Par exemple, en juin, si il y a un candidat de la gauche modérée qui se trouve au second tour face à LREM, une fraction beaucoup plus importante d’électeurs LR n’ira pas voter LREM comme cela a pu se produire en 2017.

La recomposition de la droite parlementaire va-t-elle se faire ? 

Cette recomposition a déjà eu lieu en 2017. Cette année-là, un certain nombre de circonscriptions ont été perdues par la droite et d’autres a été gagné au mois de juin puis certains élus ont quitté LR pour aller dans d’autres groupes politiques autour de LREM. Dans deux mois, les cas de défections seront beaucoup plus marginaux qu’en 2017. 

Au Sénat, c’est plus à évaluer. Une partie du groupe sénatorial est renouvelable en 2023 et certains sénateurs réfléchissent à deux fois avant de changer. Les grands électeurs dans les territoires sont majoritairement de sensibilité de droite et ce ne serait pas un bon calcul pour ceux qui jouent leur réélection en 2023 de rejoindre la majorité présidentielle après l’élection. 



Et la gauche, a-t-elle une chance pour ces élections ?

Il y a cinq ans, la gauche a perdu du terrain dans les territoires contrairement à la droite. Stratégiquement, une alliance de la gauche, hors LFI, pourrait lui permettre de se qualifier au second tour dans certaines circonscriptions. Dans certains cas, il pourrait même y avoir des bascules vers la gauche. La gauche a tout intérêt à s’allier, mais le contexte local et le poids des partis politiques pourrait bloquer cela. Ainsi, ils ne pourront pas le faire dans toutes les circonscriptions, mais une alliance pourrait leur rapporter 15 ou 20 circonscriptions de plus. 

Ils pourraient gagner plus de sièges qu’en 2017 étant donné leur résultats de la dernière élection où ils ont seulement récupéré les sièges de leurs fiefs. À quelques exceptions près, il y a peu de circonscriptions que la gauche va perdre, mais certains députés pourraient partir au troisième tour vers LREM… 

Reconquête rêve d’être le vaisseau mère d’une recomposition de la droite, mais avec des sondages prédisant une lourde défaite d’Éric Zemmour, quel avenir pour le parti aux législatives ?

Une dynamique serait possible si Eric Zemmour est qualifié au deuxième tour de l’élection présidentielle, mais au vu des sondages cela semble compliqué. De plus, dans de nombreuses circonscriptions, il va probablement s’appuyer sur des candidats qui n’ont pas un fort ancrage local. S' il y a une forte abstention aux présidentielles, il y aura une abstention encore plus forte aux élections législatives. Plus l’abstention est forte, plus les candidats sans ancrage local sont affaiblis. 

Les personnalités liées à Eric Zemmour ne suffiront donc pas ? 

Député européen, Gilbert Collard ne participera pas. Marion Maréchal-Le Pen, n’est plus sortante, mais elle peut gagner un potentiel siège dans le Vaucluse pour éventuellement reconquérir sa circonscription. Guillaume Peltier, lui, n’a jamais été réélu. Dans sa circonscription, il est face à un candidat soutenu par LR qui a une forte implantation locale. 

La situation sera-t-elle la même pour le RN ?

Le RN aura un fort score aux législatives au-delà d’un probable fort score à la Présidentielle. Et la volonté de faire barrage au second tour sera plus faible qu’en 2017. Mécaniquement parlant, certaines circonscriptions peuvent basculer au RN étant donné que certains candidats ont échoué à être élu avec 48 % il y a cinq ans. De 9 députés, ils peuvent passer à 15 à 18 députés en 2022. Grâce à une opposition moins forte au deuxième tour dans les circonscriptions où sociologiquement ils ont un électorat favorable, ils peuvent gagner de peu. Ce serait probablement la plus forte montée de sièges pour les législatives en pourcentage. 

Enfin, LREM et sa constellation de partis et de mouvements auront-ils une chance de réunir une forte majorité ? 

Dès lors que Macron est réélu, ils sont sûrs d’avoir cette majorité. Néanmoins, on est moins sûr si le parti aura une majorité absolue ou une majorité relative. Si la gauche gagne 30 députés, la droite 40 députés et le RN 8 ou 9, automatiquement ils n’auront plus la majorité absolue. Ils se retrouveront alors avec une majorité relative de 260 sièges et ils devront retrouver des alliés.

Pour LREM, il y aura un danger au deuxième tour. En 2017, majoritairement les électeurs sont allés au secours du président et ont voté le candidat LREM. Il est peu probable que les électeurs aient le même comportement cette année. Une partie non négligeable s’abstiendra et cela aura une influence non négligeable sur le nombre de sièges que récupérera la majorité présidentielle. 

Macron pourrait-il être tenté d’utiliser la dissolution après la Présidentielle pour rapprocher le scrutin ? 

Sur le plan juridique, c’est possible, mais cela semble peu probable alors qu’un scrutin est déjà fixé. Surtout il ne pourrait pas se priver pendant un an du droit de dissolution car il ne sait pas quel sera le résultat des législatives et il pourrait y avoir une crise politique dans 5-6 mois.

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