Petit rappel entre amis : le fascisme, c'est quoi ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Marc Ayrault affirme vouloir "tailler en pièces les mouvements d'inspiration fasciste et néo-nazie".
Jean-Marc Ayrault affirme vouloir "tailler en pièces les mouvements d'inspiration fasciste et néo-nazie".
©Reuters

Purée idéologique

Après la mort de Clément Méric, jeune militant d'extrême gauche tué dans une rixe avec un groupuscule d'extrême droite, la gauche crie à "la menace fasciste" quitte à vider l'expression de tout son sens.

André Sénik

André Sénik

André Sénik est agrégé de philosophie.

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Atlantico : Après la mort de Clément Méric, jeune militant d'extrême gauche tué dans une rixe avec un groupuscule d'extrême droite, Jean-Marc Ayrault affirme vouloir "tailler en pièces les mouvements d'inspiration fasciste et néo-nazie" tandis que l'extrême gauche crie à "la menace fasciste". Sans vouloir minimiser la portée de cet incident tragique, l'usage du mot fasciste à tort et à travers n'est-il pas un peu abusif ?

André Sénik : L’usage abusif et aveuglant du mot fascisme révèle les caractéristiques de l’extrême gauche anticapitaliste, et de ceux qu’elle influence encore.

D’abord l’envie que les problèmes d’aujourd’hui soient exactement ceux d’hier et qu’il n’y ait rien de nouveau à penser.

Ce refus de penser conduit à l’interdiction de penser et de nommer. Grâce à la reductio ad hitlerum, quiconque parle de la patrie, du travail et de la famille est un adepte de Pétain. Quiconque parle des problèmes posés par certains immigrés recommence la Shoah.

Peut-on renvoyer le fascisme et le stalinisme dos à dos ?

André Sénik : Crier au fascisme est un réflexe décérébré qui fait entendre la nostalgie des années 30.

Époque bénie pour les révolutionnaires des deux bords parce que tout paraissait binaire. L’antifascisme faisait passer Staline pour un ami et même pour un démocrate, et obligeait les vrais démocrates à se ranger derrière la bannière des antidémocrates du bord opposé au fascisme. 

Nous savons maintenant, enfin, que le communisme et le nazisme étaient des frères ennemis, ennemis mortels de la démocratie libérale.

Quelles leçons devons-nous tirer de cette régurgitation rhétorique des années 30 ?

D’abord que l’habit fait le moine et que les passionnés de violence peuvent être des deux bords.

Aujourd'hui, les groupuscules violents qui sévissent en France sont-ils les instruments d'un véritable projet politique comparable au fascisme ?

En France, les brutes violentes et racistes qui cassent et qui cognent n’agissent pas comme les bandes fascistes italiennes qui interdisaient la tenue des meetings de gauche et faisaient régner la terreur. Ils ne sont pas les instruments d’un projet politique autoritaire et raciste capable de se présenter aux élections. Nous ne sommes pas en Grèce. Il faut donc les cataloguer avec les mots adéquats.

Mais le plus important est de se débarrasser de ce mot-réflexe, de ce mot-écran qui empêche de penser la situation et ses problèmes.

Pour le dire sans tourner autour du pot, on ne doit pas parler de fascisme à propos de Marine Le Pen en France, et, en Europe, à propos de la droite qui monte à la droite de la droite de gouvernement.

Ils ne sont pas fascistes, tout ce qu’ils disent n’est pas nazi a priori., On ne les combattra pas en se trompant sur ce qu’ils disent et sur ce que leurs électeurs entendent.

Pour en savoir plus, lire Le gauchisme, maladie sénile du communisme de Benoît Rayski sur Atlantico Éditions.

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