Petit mémo à tous les étourdis qui ont « oublié » la réalité des crimes du communisme <!-- --> | Atlantico.fr
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Staline saluant la foule.
Staline saluant la foule.
©ARCHIVE / AFP

Négationnisme tranquille

Qui a fait le plus de morts entre le nazisme et le communisme ? Le débat fait rage sur les réseaux sociaux. Petit rappel à l'intention des négationnistes de tous bords.

André Sénik

André Sénik

André Sénik est agrégé de philosophie.

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Atlantico : Olivier Babeau a fait polémique ce weekend sur Twitter en écrivant “la différence entre le nazisme et le communisme du point de vue du bilan, c'est le nombre de morts. Beaucoup plus dans le second cas”.  Qu’en est-il réellement ? Quel est le nombre de morts du communisme, selon les estimations dont nous disposons actuellement ? 

André Sénik : Il n’y a rien de scandaleux, ni même d’étonnant, à rappeler que le nombre des victimes du système communiste mondial est incommensurablement plus élevé que celui du nazisme. L’explication la plus évidente de cette disproportion est que le système communiste mondial a exercé sa politique de terreur sur un tiers du globe pendant 80 ans, tandis que le nazisme n’a duré que 13 ans et n’a essentiellement sévi que sur une partie de l’Europe.

En revanche, ce qui mérite de faire polémique, c’est de sembler réduire la comparaison entre ces deux totalitarismes au nombre de leurs victimes respectives, pour en conclure paresseusement que le communisme s’est révélé finalement plus criminel et plus odieux encore que le nazisme.

En réalité, la barbarie propre à chacun de ces deux systèmes ne diminue en rien la barbarie de l’autre. 

Ces deux systèmes totalitaires furent successivement des concurrents, puis des alliés, et enfin seulement des ennemis. Aucun des deux n’imposa de limites à son inhumanité. Les deux justifiaient également l’extermination de leurs ennemis, dont ils niaient l’appartenance à la communauté humaine

Quels ont été les épisodes les plus meurtriers du communisme dans l’Histoire ? A quel point y a-t-il eu des crimes de masse au nom du communisme ? 

Pour ce qui concerne les crimes de masse commis par les États communistes, la réponse la mieux documentée se trouve dans Le livre noir du communisme qui fut rédigé par un collectif d’historiens réuni par Stéphane Courtois. 

Selon ce dernier, le nombre total des victimes approche des cent millions. 

L’actualité nous rappelle le cas de l’Holodomor, cette campagne d’extermination par la famine organisée  depuis Moscou contre l’ Ukraine  en 1932 et 1933, et qui fit, selon les estimations des historiens, entre 2,6  et 5 millions de morts.

 La Chine communiste qui est également présente dans l’actualité, ne fut pas de reste. Pendant la révolution culturelle lancée par Mao en 1966, des dizaines de millions de personnes ont été persécutées, avec un nombre estimé de morts allant de centaines de milliers à plusieurs millions. 

Un autre des points culminants de l’horreur communiste fut atteint au Cambodge : le nombre de victimes des Khmers rouges se situe entre 740 000 et 2 200 000 morts sur une population d'environ 7 890 000 habitants. 

Le conseiller politique François Malausséna a estimé dans un long thread twitter en réponse à la polémique : “Pour le dire plus trivialement, pour survivre à un régime communiste, ce n’est pas idéal mais il suffit de ne pas être opposé au régime ou à son chef. Alors que pour survivre aux nazis, il faut arrêter d’être juif, rom, homosexuel ou handicapé. Les cibles des communistes le sont pour ce qu’elles font (s’opposer au régime), là où celles des fascistes et des nazis le sont pour ce qu’elles sont. Et cette différence fondamentale a une conséquence immédiate : il peut théoriquement exister un régime communiste qui ne tue personne, là où c’est impossible pour un régime fasciste.” Dans quelle mesure cette analyse est-elle juste ou non ?

Cette analyse est totalement fausse. Un État communiste imposant la dictature totalitaire du prolétariat exercée par le Parti-État, tout en respectant les droits de l’homme est une contradiction dans les termes. 

Il est totalement faux que le régime communiste ne s’en prenait qu’à ses opposants. En Union soviétique, la révolution communiste a longtemps reposé sur la Terreur, non comme moyen de se défendre, mais comme système de gouvernement : c’est pourquoi les principaux dirigeants révolutionnaires en furent les premières victimes. 

L’incitation venait de loin. Dès 1844, dans son article inaugural Sur la question juive, Karl Marx fait l’éloge de la Terreur de 1793. 

En 1848, dans le Manifeste du parti communiste, il en appelle ouvertement à une violence sans retenue : « Les communistes ne s'abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ».

La terreur de masse est inscrite dans les gènes du communisme de Marx.

Claude Askolovitch a réagi vivement à ces propos et écrit sur Twitter : “le communisme fut chez nous Gabriel Péri, Guy Moquet, Marcel Rayman, Manouchian, des ministres de De Gaulle et de Mitterrand, Krasucki, Seguy, un folklore populaire, des fusillés, René Vietto, Aragon… Qui tous t’emmerdent ou je le fais en leur nom. » Peut-on si facilement exonérer le communisme français ?

Les éructations de ce journaliste confondent volontairement la réalité du système communiste et les idéaux de ceux qui crurent en lui. Ceux-là furent mystifiés mais leurs illusions et leurs bons sentiments ne peuvent pas servir à innocenter la plus vaste entreprise liberticide du XXe siècle.

Une entreprise qui connait aujourd’hui des prolongements et des reprises, que ce soit en Chine, en Russie ou en Corée du Nord.

La chance des communistes de France fut de n’avoir pas subi le communisme soviétique, de n’avoir pas pris le pouvoir, et de profiter de la démocratie libérale tout en la présentant comme le système à abattre.

En France, le PCF fut longtemps le plus stalinien des partis communistes d’Europe. Il le demeura bien après la révélation par Khrouchtchev des crimes du communisme au XXe Congrès du parti communiste de l’Union soviétique. Contrairement au parti communiste italien, il ne diffusa pas le rapport Khrouchtchev et n’en tira aucune leçon. Aujourd’hui, il persévère dans le déni en se proclamant fièrement communiste, comme si la tragique réalité historique du communisme n’obligeait pas mettre en examen l’idée qui fut mise en pratique.

Comment expliquer une forme d’oubli, d’oeillères vis-à-vis des crimes du communisme ? Y-a-t-il une forme de soft négationnisme sur ces questions ?

Par la persistance de la tentation révolutionnaire à l’encontre de la démocratie libérale. Qu’il nous faut continuer à défendre contre ses ennemis sur tous les terrains.

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