Personnes en situation de handicap : les grands oubliés des élections législatives<!-- --> | Atlantico.fr
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Pourquoi pas un mot sur ces 12 millions de personnes en situation de handicap, sur ces familles et ces aidants qui les accompagnent au quotidien ?
Pourquoi pas un mot sur ces 12 millions de personnes en situation de handicap, sur ces familles et ces aidants qui les accompagnent au quotidien ?
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Laissés pour compte

Quelques jours avant le premier tour des Législatives, j’attendais de la part des candidats qu’ils prononcent le mot « handicap » au détour de leurs interviews, mais pas un mot.

Olivia Cattan

Olivia Cattan est écrivaine, journaliste, présidente de Paroles de Femmes et de SOS autisme.
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Pouvoir d’achat et factures d’électricité, sécurité, école et laïcité, travail, immigration, écologie, autant de sujets importants mais pourquoi pas un mot sur ces 12 millions de personnes en situation de handicap, sur ces familles et ces aidants qui les accompagnent au quotidien ? Cela concerne pourtant des millions de personnes, des millions d’électeurs et de voix potentielles, mais rien n’a été dit ou proposé, car le sujet, m’a-t-on dit en off, ne serait pas « porteur » ni « majeur ». Pourtant beaucoup de ces candidats disent avoir compris le ras le bol de nombreux Français, qui ne se sentaient pas suffisamment entendus dans leurs préoccupations quotidiennes par un Président déconnecté du monde réel. Alors pourquoi rester, à leur tour, insensibles aux préoccupations de ces millions d’électeurs ? 

Qu’en est-il du manque d’accessibilité de certains lieux, du manque d’inclusion dans les écoles et les entreprises, de ce chômage qui touche avec plus de violence les personnes en situation de handicap ? Pourquoi ne parle-t-on pas non plus du manque de soins, de spécialistes ou de prise en charge ? Pourquoi omettre de parler de ces longs mois d’attente pour avoir un diagnostic d’autisme ? De ces années d’attente pour obtenir un centre d’accueil pour les handicaps les plus lourds ? Pourquoi ne jamais parler de ces auxiliaires de vie scolaire précaires qui ont massivement quitté l’Éducation nationale à cause de conditions de travail inacceptables. Pourquoi ne pas revaloriser ce métier occupé à 90% par des femmes et embaucher des personnels qualifiés et diplômés afin de permettre à chaque élève d’avoir un accompagnement individuel et performant ? Qu’en est-il de ces formations nécessaires des professeurs tant de fois promises mais qui n’ont jamais été faites ! Autant d’obstacles qui empêchent tous nos jeunes en situation de handicap d’avoir accès à l’Instruction, droit obligatoire et fondamental pour la construction de tout individu. Comment trouver un emploi et parvenir à l’autonomie sans avoir accès à l’école de la république ? 

Rien non plus sur la santé mentale en France et ces services psychiatriques laissés à l’abandon dans nos hôpitaux qui ressemblent aujourd’hui davantage à des mouroirs ? Pas un seul mot pour nous familles, obligées parfois de quitter la France pour apporter à nos enfants une meilleure prise en charge ou une école qui acceptent nos enfants ? Pas un mot pour nous, maman qui arrêtons de travailler pour devenir les aidants de nos enfants, faute de professionnels ou de moyens ?

Finalement ces Élections sont encore représentatives de notre classe politique qui préfère choisir des sujets « vendeurs » que des sujets fondamentaux touchant les citoyens les plus vulnérables. Est-il normal d’être encore confrontés au silence, à l’indifférence et au mépris de nos futurs dirigeants, avant même de les avoir élus ?

Ce silence sur le sujet du handicap n'est pas seulement une omission, c'est une trahison des principes mêmes de notre République qui n’assure plus, depuis longtemps, une égalité réelle entre tous ses citoyens.

En laissant le handicap dans l'ombre, vous niez à ces millions de personnes la possibilité d'être reconnus comme de véritables citoyens français. Vous les enfermez encore dans l’invisibilité. Car ne pas parler du handicap, c'est refuser de reconnaître leur humanité et leur droit à une vie digne et autonome.

Alors il serait temps de renverser cette logique d’exclusion en faisant entendre la voix de ceux à qui, on ne donne jamais la parole. Il serait temps d’exiger des candidats des propositions concrètes afin de répondre à toutes nos urgences. Mais nous ne voulons plus de vaines promesses ou de simples mesurettes, nous voulons des paroles fortes et engagées pour nous permettre de choisir le candidat le plus à même de nous représenter. 

La classe politique de notre pays doit cesser de considérer le handicap comme une question secondaire. Le handicap est une question de justice sociale, de valeur morale, et d’humanité. Ne pas parler de handicap, c'est accepter qu’une partie des citoyens français n’ait pas accès à leurs droits fondamentaux, c’est accepter que notre société reste fragmentée, injuste et inégalitaire. 

Le véritable progrès d’une société ne se mesure pas seulement à notre capacité à croître économiquement ou à sécuriser nos frontières. Il se mesure à notre capacité à inclure, à respecter l'intégrité de chaque individu, et à valoriser son potentiel, quelle que soit sa différence. 

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