Parlement européen : Giorgia Meloni en marche pour une alliance avec le PPE plutôt qu’avec le groupe ID du RN ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Giorgia Meloni.
Giorgia Meloni.
©Piero CRUCIATTI / AFP

Revirement ?

Le groupe national conservateur de Giorgia Meloni rejette la droite souverainiste et propose une "majorité de centre-droit" au Parlement européen.

Tamás Orbán

Tamás Orbán

Tamás Orbán est journaliste politique pour The European Conservative, basé à Bruxelles. Né en Transylvanie, il a étudié l'histoire et les relations internationales à Kolozsvár et a travaillé pour plusieurs instituts de recherche politique à Budapest. Ses intérêts incluent l'actualité, les mouvements sociaux, la géopolitique et la sécurité de l'Europe centrale.

Voir la bio »

Le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (CRE), dirigé par la Première ministre italienne Giorgia Meloni, est en passe de devenir le troisième plus grand groupe au Parlement européen, dépassant les 79 sièges du groupe libéral Macroniste Renew. Après avoir obtenu 73 sièges lors des élections européennes du week-end dernier, les conservateurs nationaux sont passés à 77 sièges en admettant de nouveaux partis membres, a déclaré le groupe dans un communiqué publié mercredi 12 juin en fin de journée.

Nicola Procaccini, coprésident de CRE, a également souligné les intentions du groupe de faire partie d'une "nouvelle majorité de centre-droit" au Parlement, ce qui signifie que la fusion proposée avec le groupe ID est hors de question, de même que toute coopération étroite entre les deux groupes souverainistes au cours des cinq prochaines années.

"C'est une ligne rouge", a déclaré M. Procaccini à propos de la fusion des deux groupes. "Nous sommes jaloux de l'identité politique du groupe CRE, qui a une tradition, une histoire et un projet qui va au-delà de l'Union européenne et qui est lié aux Tories britanniques, aux Républicains américains et au Likoud israélien.

Le groupe CRE a accueilli quatre nouvelles délégations nationales avec un eurodéputé chacune : le partenaire de coalition junior du gouvernement croate, le mouvement populiste de droite Homeland Movement (DP) ; le Front populaire national chypriote pro-unification (ELAM) ; la Liste unie lettone verte-conservatrice (AS) ; et le Parti de la réforme démocratique alternative catholique-conservatrice (ADR) du Luxembourg.

Avec quatre nouveaux eurodéputés issus de ces partis, le groupe CRE dispose désormais officiellement de 77 sièges, soit seulement deux de moins que le groupe libéral Renouveau d'Emmanuel Macron, qui occupe actuellement la troisième place. Toutefois, le communiqué note que les CRE s'attend à ajouter d'autres délégations lors des prochains tours d'admission, la composition finale du groupe étant susceptible de changer jusqu'au 26 juin, jour de l'élection de son Bureau.

Nouvelle coalition : PPE, Renouveau et... CRE

M. Procaccini (membre des Fratelli d'Italia de Meloni) a salué les nouveaux membres dans une récente interview et a qualifié de "crédible et attrayante" la nouvelle orientation politique privilégiée par le bloc, qui "plaide en faveur d'une voie médiane visant à mieux équilibrer les compétences entre Bruxelles et les capitales nationales".

Qualifier CRE de "voie du milieu" souligne parfaitement la nouvelle stratégie de Giorgia Meloni, qui consiste à orienter CRE vers le centre en choisissant de coopérer davantage avec le Parti populaire européen (PPE) d'Ursula von der Leyen qu'avec le groupe Identité et Démocratie (ID) de Marine Le Pen, l'allié traditionnel de CRE à Bruxelles. 

M. Procaccini l'a également confirmé en précisant l'objectif ultime de CRE, à savoir d'être un élément important d'une nouvelle majorité de centre-droit dans le prochain Parlement européen, ... de faire de l'UE un lieu prospère pour les citoyens, plutôt qu'un havre pour les activistes et les bureaucrates.

Si le remplacement de l'actuelle coalition de centre-gauche par une "majorité de centre-droit" semble une bonne chose sur le papier, M. Procaccini a oublié de préciser que la seule combinaison viable de partenaires de coalition sous ce nom serait le PPE centriste et le parti libéral Renew, deux des trois groupes qui composent l'actuelle "coalition Ursula". Ces trois groupes disposent actuellement de 345 sièges, soit seulement 16 de moins que ce qui est nécessaire pour obtenir une majorité, qui n'est ni facile ni impossible à atteindre.

Cela signifie que la principale coalition du Parlement pourrait changer en remplaçant sa faction sociale-démocrate (S&D) par CRE. Un changement vers la droite, certes, mais qui obligerait le groupe CRE à faire également un compromis en se déplaçant vers la gauche. 

Un premier signe de la volonté de compromis des CRE a déjà été donné par Procaccini, qui a confirmé que les CRE était prêt à soutenir la présidente parlementaire sortante du PPE, Roberta Metsola, en échange d'un second siège de vice-présidente du PE au sein du Bureau du Parlement.

D'un autre côté, M. Procaccini a refusé de donner une réponse claire lorsqu'on lui a demandé si le groupe CRE soutiendrait également la réélection de Mme von der Leyen à la présidence de la Commission, bien que ce soit clairement le prix à payer pour garantir une majorité de centre-droit au cas où Mme von der Leyen serait nommée par le Conseil.

CRE doit faire preuve de prudence quant aux personnes qu'il souhaite admettre pour occuper les sièges restants, car certaines délégations sont aussi taboues pour ses nouveaux alliés du PPE que certains membres du groupe ID. 

Bien que le parti n'ait pas encore officiellement posé sa candidature, les 11 sièges du Fidesz hongrois, par exemple, contribueraient grandement à la réalisation de l'objectif d'CRE. Cependant, le PPE et Mme von der Leyen ont clairement indiqué qu'ils considéraient la coopération avec le parti du Premier ministre Viktor Orbán comme une ligne rouge, comme c'est le cas avec le parti nationaliste roumain AUR. AUR souhaite apporter ses six sièges à l'CRE, mais sa rhétorique explicitement anti-Ukrainienne rend les négociations problématiques.

Cet article a été initialement publié sur The European Conservative.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !