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Pour oublier les mauvais souvenirs, pensez à dormir
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Sommeil réparateur

Selon de nouvelles études scientifiques, la phase de sommeil pendant laquelle les êtres humains font des rêves dont ils se souviennent permettrait d’oublier plus facilement les décès, les ruptures, les tensions professionnelles, et autres chocs émotionnels, alors que le sommeil reste un des grands mystères scientifiques.

Le temps soigne les blessures… surtout celui passé à dormir. C’est le résultat d’une étude menée par des chercheurs américains de l’université de Berkeley et publiée fin novembre dans la revue Current Biology. Le sommeil est nécessaire car il est réparateur, mais il aurait donc également des vertus thérapeutiques.  

L’expérience a consisté à examiner les scanners du cerveau de 34 personnes, auxquelles ont été montrées 150 images provocantes ou choquantes. Ces images, utilisées dans nombre d’autres études, allaient d’une bouilloire sur un comptoir à des photos de personnes plus ou moins sévèrement blessées dans des accidents. Les patients ont été scindés en deux groupes, l’un voyant les images le matin puis le soir, sans dormir entre les deux visionnages, l’autre groupe les regardant pour sa part avant et après une nuit de sommeil. Dans les deux cas, douze heures se sont déroulées entre les deux visionnages. Conclusion : les personnes ayant dormi  ont rapporté que les images avaient une charge émotionnelle moindre au moment du réveil lendemain matin.

Côté scientifique, l’étude conclut que la partie du cerveau qui emmagasine les émotions s’éteint pendant la phase de sommeil paradoxal. Cette phase est la cinquième et dernière phase du sommeil, au cours de laquelle les rêves qui restent en mémoire se produisent. Elle est censée représenter environ 20% du sommeil et se caractérise notamment par des mouvements d’œil rapides, une respiration et un rythme cardiaque irrégulier. Durant cette phase, les chercheurs ont constaté que l’activité du cerveau tombait dans l’amygdale - la partie émotionnelle du cerveau - ce qui pourrait permettre au cortex - partie plus rationnelle - d’adoucir le choc émotionnel provoqué par l’image.

Les rêves diminuent le stress

Par ailleurs, des électro-encéphalogrammes (qui mesurent l'activité électrique du cerveau grâce à des électrodes) ont été réalisés durant le sommeil des volontaires. Ils ont montré que les réactions du cerveau liées au stress diminuaient. "On sait que durant le sommeil paradoxal, il y a une diminution nette de la norépinephrine, une substance du cerveau liée au stress », note Michael Walker, qui a dirigé l’étude.  Durant cette phase de sommeil, "les souvenirs sont réactivés, mis en perspective, connectés et intègres, mais dans un état où les substances du stress sont supprimées de façon bénéfique”, ajoute Els van der Helm, un autre chercheur qui a participé à l’étude.

Celle-ci pourrait également s’avérer intéressante pour la compréhension et le traitement des stress post-traumatique, notamment pour les soldats de retour d’Irak ou d’Afghanistan. Nombre de ces soldats rapportent qu’ils font des cauchemars pendant de longs mois après leur service à la suite de différents chocs émotionnels. Mais Michael Walker nuance : « le flashback est déclenché, par exemple suite à l’explosion d’une voiture. Les soldats revivent alors toute l’expérience une nouvelle fois parce que l’émotion n’a pas été proprement retirée de leur mémoire durant le sommeil ». En somme, si l’image violente se répète pendant le sommeil, elle s’efface forcément d’autant plus difficilement.

Les chercheurs de Berkeley apportent en tout cas une contribution utile à l’étude scientifique du sommeil, qui reste globalement un grand mystère de la science. Nous ne savons ainsi toujours pas pourquoi nous dormons, et ce alors que nous y passons un tiers de notre vie.Nous avons compris très peu de choses concernant la science basique du cerveau, que la relation entre notre vie émotionnelle et notre vie endormie pourrait aider à approfondir", estime Michael Walker. Reste désormais à creuser le fonctionnement de la fameuse phase de sommeil paradoxal. Et peut-être à découvrir si notre cerveau l’aurait sciemment mis en place pour nous aider à nous débarrasser des souvenirs douloureux.  

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