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Obama-Gate: petit scandale sur-gonflé à l’hélium des pro-Trump
©GABRIEL BOUYS / AFP

Hyberbole

Dans les rangs des populistes et autres esprits rebelles de ce côté ci de l’Atlantique, une vision erronée se répand largement. Petit rappel des faits établis pour démêler le vrai du faux.

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa est spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l’université Assas-Paris II. Il est chercheur au centre Thucydide. Son dernier livre s'intitule Géopolitique des Etats-Unis (Puf, 2022).

Il est également l'auteur de Hillary, une présidente des Etats-Unis (Eyrolles, 2015), Qui veut la peau du Parti républicain ? L’incroyable Donald Trump (Passy, 2016), Trumpland, portrait d'une Amérique divisée (Privat, 2017),  1968: Quand l'Amérique gronde (Privat, 2018), Et s’il gagnait encore ? (VA éditions, 2018), Joe Biden : le 3e mandat de Barack Obama (VA éditions, 2019) et la biographie de Joe Biden (Nouveau Monde, 2020). 

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Atlantico : L'article publié par Charles Gave intitulé "Obama Gate : Histoire d’un coup d’Etat Foireux", fustige l'entourage de Barack Obama, en particulier les exactions du FBI. Quel point de vue portez-vous sur cet article ? 

Jean-Éric Branaa : L’article est intéressant parce qu’on y voit un nouvel exemple qui montre comment on peut totalement réécrire un narratif, simplement en omettant ce qui gêne. La plupart des éléments, qui sont qualifiés de « factuels », le sont réellement. Le « Dossier russe » est devenu tellement complexe avec le temps, que seul un petit groupe de spécialistes est aujourd’hui capable d’y distinguer quelque chose. Alors, d’un côté comme de l’autre (chez les démocrates comme chez les républicains) on récupère des pans entiers de cette histoire, pour réécrire une troisième histoire. Cela fait même glisser certains dans le complotisme, et ils réinventent ainsi un vaste complot international en vue, d’après eux, d’engendrer une gigantesque déstabilisation.

Plus prosaïquement, dans les différentes versions que l’on trouve, il s’agit d’un côté de dénoncer la malhonnêteté de Donald Trump et de l’autre de défendre le même Trump, en arguant que l’enquête de Robert Mueller l’a totalement blanchi.

Là encore, la vérité est au milieu du chemin puisque :

  1. L’enquête de Robert Mueller ne portait pas sur Donald Trump, quoi qu’en disaient les démocrates les plus remontés (et c’est la raison pour laquelle je ne cessais de dire au plus fort de l’enquête et des commentaires que cette affaire ferait « pschitt »), et
  2. Le rapport Mueller a effectivement établi qu’il n’y a pas eu de collusion avérée entre la campagne du candidat républicain en 2016 et la Russie, mais sans l’exonérer d’autres charges, dont l’appréciation a été laissée au congrès.

On est donc bien dans la politique et les républicains pourraient se borner à remarquer que les démocrates n’ont pas rouvert ce dossier pendant le procès en destitution, certainement le signe le plus flagrant qu’il n’y avait pas de quoi mettre en difficulté Donald Trump avec cette histoire.

Le dossier étant fermé à gauche, il a donc été rouvert à droite, et cet article est un exemple de la façon dont on peut « revisiter » le narratif.

Charles Gave explique qu’il passe sur « les tentatives de déstabilisation » de la campagne Trump (Carter, Manafort…), « faute de place » ajoute-t-il. Dommage de faire cette économie, en réalité : c’est vrai que la question russe a pris un nouveau tour au mois de mars 2016, lorsque Donald Trump a voulu relancer sa campagne avec un remaniement assez profond de son équipe. Parmi les hommes qui ont été propulsés au premier plan on a alors vu émerger ces deux personnalités complexes que sont Carter Page et Paul Manafort.

Faisons le contraire de l’article de Charles gave et arrêtons-nous là-dessus un instant. Rejoignant l’équipe des conseillers en politique étrangère, Carter Page, la quarantaine, n’était pas très connu dans les milieux politiques de Washington, et pas beaucoup plus dans les milieux d’affaires à New York. En revanche, il était loin d’être un inconnu à Moscou : il s’y était rendu une première fois en 1991, juste après la chute du mur de Berlin et de l’empire soviétique. Il a un jour déclaré sur ABC qu’il avait été « impressionné par le grand optimisme qui régnait dans les rues et par l’attente d’un changement majeur dans les relations américano-russes. » Page a ensuite effectué des voyages très fréquents entre les deux pays et a même fini par s’installer en Russie entre 2004 et 2007, lorsque la banque d’affaires Merill Lynch lui a demandé d’y ouvrir un bureau pour son compte. Il a logiquement quitté ce pays avec un solide réseau à Moscou, tant amical que professionnel, après avoir notamment conseillé le géant pétrolier Gazprom dans l’une de ses plus importantes opérations financières, à savoir le rachat à Shell, en 2007, d’un champ d’hydrocarbures dans la mer d’Okhotsk, Sakhaline 2. L’opération avait alors coûté 7,4 milliards de dollars. De retour à New York, il a créé sa propre société, Global Energy Capital, et a gardé d’autres liens avec la Russie, outre ses connaissances, sous la forme de fonds placés dans diverses entreprises. Il est ainsi, notamment, un des actionnaires minoritaires de Gazprom. Il a donc directement et personnellement été impacté par les sanctions prononcées à l’égard de Moscou après que la Russie a annexé la Crimée.

Son implication dans la campagne a été de courte durée : la déstabilisation évoquée par Charles Gave n’existe donc pas. Le problème est que, peu après sa nomination dans l’équipe de campagne, il a confié à l’agence Bloomberg avoir reçu un très grand nombre d’emails de « satisfaction », envoyés par des amis russes qui comptaient sur une évolution de la politique américaine quant aux sanctions. Très vite, ses liens avec Moscou ont commencé à embarrasser dans l’entourage de Donald Trump. On l’a dit en contact ou proche de l’ultraorthodoxe Konstantin Malofeev, du conseiller économique de Vladimir Poutine Sergueï Glaziev, ou bien encore du nationaliste Alexandre Douguine. Il a de plus en plus souvent été présenté comme un « grand ami de Moscou ». S’il a semblé s’être consacré à ses affaires depuis son retour à New York en 2007, le FBI a pourtant commencé à le soupçonner d’être un agent à la solde de Moscou. L’agence de renseignement a même fini par demander –et a obtenu– une autorisation pour le mettre sur écoute.

En septembre 2016, l’équipe de campagne de Trump a donc brutalement affirmé que Carter Page n’a jamais fait partie de l’entourage du candidat, bien que Donald Trump en personne avait pourtant confirmé au Washington Post son intégration dans l’équipe le 21 mars. Le rôle de Page auprès de celui qui est ensuite devenu président reste ambigu, voire trouble, notamment parce qu’il semble avoir contribué à tisser des liens entre l’ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kislyak et plusieurs personnes influentes qui gravitent, ou gravitaient, autour du Républicain. Il a cependant nié à plusieurs reprises avoir eu des contacts avec Kislyak au cours de l’année 2016 mais s’est aussi emmêlé les pinceaux et a fini par se contredire lui-même entre différentes déclarations : il y a un doute très fort, en particulier, au sujet d’une rencontre supposée durant la Convention républicaine, à Cleveland, dans l’Ohio. Enfin, son nom est réapparu avec insistance en janvier 2017, à propos des fuites qui ont mis en cause Donald Trump pour son comportement lors d’un voyage à Moscou. Mais on retient que c’est Donald Trump qui a écarté ce personnage très trouble, que l’article de Charles gave voudrait réhabiliter.

Pas mieux avec Paul Manafort, un autre homme d’affaires qui a également rejoint l’équipe de campagne Trump à la même période et qui avait pour mission de restructurer la stratégie et de dynamiser la campagne. C’est un lobbyiste expérimenté, de 66 ans à l’époque, qui a travaillé aux côtés de plusieurs présidents : en 1976, il défendait les intérêts de Gerald Ford face à Ronald Reagan. Celui-ci ne lui en a gardé aucun ressentiment et l’a pris dans son équipe en 1980. Après la victoire de Ronald Reagan, Paul Manafort a fondé, en 1982, Black, Manafort, Stone and Kelly (BMS & K) une entreprise de lobbying politique installée à Washington. Cette société a fusionné avec Gold & Liebengood en 1996 pour devenir BKSH & Associates. Entretemps, George H. Bush l’a également embauché en 1988.

Mais ses liens avec la Russie ne sont pas non plus négligeables. Car sa vraie « spécialité », c’est le lobbying international et il a notamment travaillé pour le président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Sa mission était alors de redorer le blason du président et d’améliorer son image. Cela a été un échec et Viktor Ianoukovitch a été chassé du pouvoir. Il est aujourd’hui réfugié en Russie.

En plein mois d’août, quand Paul Manafort a démissionné de son poste de directeur de campagne, on apprenait simultanément qu’il était soupçonné de corruption en Ukraine. Dans cette partie de l’affaire, c’est parce que son nom apparaît dans un livre de comptes secrets de l’ancien gouvernement pro-russe, que le soupçon a rapidement été très vif. Il a été dit et écrit qu’il aurait peut-être touché 12,7 millions de dollars, versés pour des prestations de conseil au profit de l’ancienne majorité pro-Kremlin, au pouvoir jusqu’en 2014. La réputation de Manafort qui était déjà un peu sulfureuse, après qu’il a accepté des contrats avec Mobutu Sese Zeko, au Zaïre, ou Ferdinand Marcos, aux Philippines, est revenue au premier plan des discussions et n’a pas arrangé sa situation. Toutefois, les preuves n’étaient pas très solides et les enquêteurs de Kiev eux-mêmes ont fait savoir que « la mention du nom de Paul Manafort sur la liste ne veut pas dire qu’il a reçu cet argent car les signatures qui apparaissent dans la colonne des destinataires peuvent être celles d’autres personnes ». Paul Manafort a donc eu beau jeu de rejeter ces accusations et de nier avoir reçu quelque versement en liquide que ce soit. Pour lui, ces reproches étaient « infondés et stupides ».

Le 15 août, Hillary Clinton s’est pourtant emparée de cette histoire et a tenté d’en faire un point d’attaque, déclenchant du même coup « l’affaire russe », et la faisant basculer dans la sphère politique : « Donald Trump a le devoir de révéler les liens qui existent entre son directeur de campagne Paul Manafort et tous ses autres employés de campagne et les entités russes ou pro-Kremlin ».

Dès lors on a commencé à s’interroger plus sérieusement sur les liaisons entre le candidat à la Maison-Blanche et la Russie de Vladimir Poutine. Fidèle à sa stratégie, Trump n’a pas cédé à la pression et a même provoqué en ajoutant que Vladimir Poutine le « traite avec un grand respect ». Hillary Clinton a alors dénoncé une « allégeance absolue » de son concurrent aux objectifs de la diplomatie russe. S’enfonçant dans cette brèche, la candidate a même été plus loin, accusant formellement Donald Trump d’avoir des liens financiers avec Moscou. Cela a aussitôt éveillé l’intérêt du FBI, qui a enquêté durant tout l’été et n’a rien trouvé de probant. « Je n'ai rien à faire avec la Russie, rien du tout et je ne connais pas le président russe en personne », a alors déclaré sobrement le candidat républicain, visiblement peu gêné par ces investigations.

Si politique et justice s’entremêlent dans cette histoire et pourrissent depuis les rapports entre les deux camps, c’est surtout parce qu’ils sont alimentés par des chroniqueurs peu scrupuleux.

Cet article apparaît comme un révélateur des racines de l'affrontement entre Républicains et Démocrates. Au-delà des points de vue partisans, où peut-on situer la vérité ? Y-a-t-il réellement un Obama Gate?

L’article de Charles Gave porte plus spécifiquement sur Michael Flynn, puisque c’est lui qui est dans l’actualité depuis la demande du ministère de la justice de l’abandon des poursuites contre lui. Les républicains se servent de cet événement pour relancer le dossier russe et en faire un argument de campagne, visant bien entendu à dénoncer la cabale incessante contre Donald Trump. Le sort de Flynn est bien secondaire.

La technique pour tenter de convaincre est alors toujours la même : il s’agit de montrer par quelques détails que les accusations portées contre ce personnages subalterne sont totalement infondées, voire injustes. Notez la précision croustillante qui fait de lui « un démocrate de longue date et de lignée », alors que Flynn est tout le contraire : proche des milieux de l’alt-right, c’est lui qui déclarait sur son fil twitter en février 2016 que « la peur de musulman est rationnelle ». On peut reprendre chacun des éléments de la description qui est faite de Michael Flynn et de son action, et les contredire. Mais on le ferait alors tout en sachant que, pour chaque contradiction, cela va attirer dix pages supplémentaires d’autres éléments contradictoires : c’est ainsi que c’est construit l’histoire du « dossier russe » !

On se contentera donc de relever qu’il n’y a rien de choquant à ce que le FBI enquête sur quelqu’un, surtout lorsqu’il est soupçonné d’avoir reçu des pots-de-vin d’un pays étranger, que ce soit la Russie ou un autre, et qu’il occupe une place stratégique dans le dispositif gouvernemental, comme Michael Flynn qui a été ministre de la sécurité nationale.

L’implication directe de Michael Flynn est en réalité une nouvelle affaire dans l’affaire. Durant la campagne, il s’était déjà vu reprocher ses liens étroits avec la Russie. L’ancien directeur de la Defense Intelligence Agency était, en effet, régulièrement rétribué par la chaîne RT pour ses commentaires et il avait été l’un des intervenants majeurs du gala de la chaîne en décembre 2015 à Moscou, soirée durant laquelle il partageait la table de Vladimir Poutine. Le 12 janvier, David Ignatius rapportait dans le Washington Post que Flynn avait eu plusieurs conversations téléphoniques avec l’ambassadeur russe aux États-Unis Sergey Kislyak le 29 décembre, le jour même où le gouvernement Obama a annoncé des sanctions contre la Russie pour son ingérence dans l’élection. S’il n’y a rien d’inhabituel à ce qu’un membre de l’équipe de transition s’entretienne avec un représentant d’un pays étranger, le fait que Flynn ait pu rassurer la Russie d’une manière ou d’une autre au sujet des sanctions était potentiellement illégal et soulevait la question d’une sorte de contrepartie accordée au Kremlin pour son soutien à Trump durant la campagne. Le lendemain, Trump louait « l’intelligence » de Poutine face aux sanctions.

Flynn a publiquement nié avoir parlé des sanctions lors de ses appels ou de ses rencontres. Le vice-président Mike Pence a également déclaré lors d’une interview télévisée en janvier que Flynn lui avait dit que le sujet des sanctions n’avait pas été évoqué dans ses conversations avec des citoyens russes. Toutefois, fin janvier, comme l’a rapporté plus tard le Washington Post, Sally Yates, procureure générale des États-Unis, a informé la Maison-Blanche que Flynn avait trompé le gouvernement et qu’il pouvait être vulnérable à un chantage de la part des Russes. Flynn, qui aurait été en contact avec Kislyak durant toute la campagne, a alors été interrogé par des agents du FBI au sujet de ses appels durant les premiers jours de son mandat. Il a ensuite été écarté de son poste de conseiller à la sécurité nationale le 13 février 2017 par McMaster –et donc par l’équipe Trump– après qu’il est devenu évident qu’il a menti aux membres du gouvernement et que, par sa faute, Pence a transmis publiquement des informations qui se sont révélées fausses.

Le FBI savait, apparemment grâce aux appels interceptés, que Flynn et Kislyak avaient parlé des sanctions, mais rien n’a été rendu public et personne ne sait exactement ce que Flynn a dit à l’ambassadeur. Il a ensuite été poursuivi pour parjure et a accepté de collaborer avec la justice. L’affaire a pourri depuis ce moment, avec des renvois successifs, jusqu’à cette proposition d’abandon des charges, qui soulève le cœur des démocrates.

En réalité, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard et chaque camp surjoue la pièce. Donald Trump, qui est loin d’être idiot et qui y a vu une formidable opportunité pour sa campagne, s’en est alors emparé et l’a englobé dans sa dernière attaque en date : « l‘Obamagate. »


Donald Trump sait qu’il a intérêt à entretenir les oppositions. Le lancement de sa campagne contre Joe Biden a donc porté plus spécifiquement sur des allégations de viols, d’attouchement ou sur l’idée que Biden est sénile. Il s’agit bien entendu de déstabiliser l’adversaire, à la manière ce qu’il a fait en 2015-2016 avec tous ceux qui s’opposaient à lui. « L’affaire Flynn « fait partie de ce dispositif et « le complot ukrainien » reviendra très vite au premier plan. La principale fonction de cette stratégie est d’insuffler l’idée que les médias américains ont pour priorité de remettre en cause le résultat du 8 novembre et de faire tomber ce président. Ses supporters, qui en sont persuadés depuis longtemps, adhèrent donc sans aucun problème.

Joe Biden semble pourtant difficile à arrêter par une simple stratégie de déstabilisation. Il faut donc affaiblir aussi ses points forts. Or, son point le plus fort est sa proximité avec Barack Obama, qui le rend particulièrement solide auprès de l’électorat afro-américain, et cela pourrait être une des clés du scrutin. Donald Trump a donc rebondi à une réflexion de son prédécesseur, qui s’inquiétait des dérives du pouvoir actuel et s’interrogeait sur l’abandon des charges contre Michael Flynn, par le ministère de la justice. « L’État de droit est en danger » a déclaré l’ancien président. Cela a aussitôt entraîné une série de tweets par Donald Trump, qui ont commencé par un simple et mystérieux « Obamagate ! ». Un seul mot pour message, comme si cela était évident à tous. Le suffixe « gate » est fréquemment utilisé pour dénoncer les scandales de tout acabit aux États-Unis depuis le malheureux épisode du Watergate : on comprenait donc immédiatement que ce mot n’était pas flatteur. Plus tard, il en a rédigé un autre qui assurait que « Barack Hussain Obama est le premier ex-président à s'être jamais prononcé contre son successeur », ajoutant aussitôt « mais il s'est fait prendre, OBAMAGATE ! » Aussitôt tout le monde a cherché à quoi correspondait cet « Obamagate », d’autant que Trump affirmait encore qu'Obama a commis le « plus grand crime politique de l'histoire américaine », sans que personne ne puisse définir quel était ce forfait.

Quelles conséquences ces révélations pourraient-elles avoir sur les élections présidentielles américaines prévues cet automne ?

Donald Trump est devenu un champion pour motiver ses troupes et les amener à ce qu’on peut véritablement appeler un combat. On a pu s’en rendre compte lorsque les attaques ont immédiatement fusé de toutes parts sur les réseaux sociaux et dans les médias proches du président, toutes justifiées par ce nouveau slogan « Obamagate ». Des mots violents ont été prononcés ou écrits, tels que « trahison » ou « racaille humaine ». L’incendie avait pris. « Obamagate » est un formidable mot valise, qui ne porte aucun sens et aucun contenu. On y met ce qu’on veut et on laisse faire. C’est redoutablement efficace.

« C'est une honte que cela soit arrivé, » a encore ajouté Donald Trump dans un autre tweet, déclenchant immédiatement une nouvelle tempête. Interrogé à deux reprises par un journaliste du Washington Post pour connaître l'offense exacte d'Obama, Trump a répondu de manière cryptique : « Vous savez quel est le crime. Le crime est très évident pour tout le monde. Tout ce que vous avez à faire, c'est de lire les journaux, sauf le vôtre ». Le ton de la campagne était donné ! Quatre ans plus tard, tout le monde pense avoir compris que Trump utilise la distraction comme arme principale. Pourtant, tout le monde se fait encore avoir. Et ses supporters puisent là des arguments pour mener leur guérilla contre le camp d’en face, sans avoir à s’embarrasser d’idées ou de programme. « Obamagate » sera le cri de ralliement de ce camp, comme « MAGA » l’a été en 2016. Quant à savoir si ce sera aussi efficace, c’est une autre histoire…

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