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Et pendant ce temps-là, 
les regards sont détournés de l'Iran
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Libye, Côte d'Ivoire, Syrie...

Depuis l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche et sa politique de main tendue, l'Iran n'a cessé de poursuivre son programme nucléaire et de réprimer les protestataires. Constatant "l'échec" de la politique américaine, l'économiste et ancien fonctionnaire à l'ONU Fabio Rafael Fiallo se fait le défenseur d'une "politique de fermeté à l'encontre de l'Iran".

Fabio Rafael Fiallo

Fabio Rafael Fiallo

Fabio Rafael Fiallo est économiste et écrivain, ancien fonctionnaire à la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement). Il est diplômé d’économie politique de l’université Johns Hopkins (Baltimore).  Son dernier ouvrage, Ternes Eclats - Dans les coulisses de la Genève internationale (L'Harmattan) présente une critique de la diplomatie multilatérale.

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A cette époque charnière que vivent l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, les Etats-Unis se trouvent démunis d’une politique cohérente et efficace à l’égard de leur adversaire principal dans la région : l’Iran.

De l'échec de la politique d'Obama

La politique de la main tendue - adoptée par le président Obama au début de son mandat - montra vite ses limites : l’Iran poursuivit son programme d’enrichissement d’uranium comme si de rien n’était.

Constatant l’échec de cette politique, l’administration Obama négocie ensuite des sanctions internationales visant à persuader Téhéran de renoncer au développement de l’arme nucléaire. Toutefois, des entreprises internationales (chinoises, russes et turques notamment) passent outre au régime des sanctions, mais le gouvernement américain n’a pas pris jusqu’ici les mesures de rétorsion qu’il est en droit d’adopter [1].

Les Etats-Unis s’étaient d’autre part abstenus d’offrir un appui ne fût-ce que minimal à la vague de protestations lancée par les Iraniens en 2009. Le président Obama lui-même semble maintenant avoir des doutes sur le bien-fondé de sa passivité d’alors : lors du nouvel an persan en mars dernier, il adresse pour la toute première fois un message d’encouragement au peuple iranien dans sa lutte pour la démocratie. Trop peu, et trop tard.

En conclusion, il manque aux Etats-Unis une politique plus ferme à l’égard de l’Iran - politique d’autant plus nécessaire que l’Iran, Etat antidémocratique s’il en est, essaie de tirer profit du vent de démocratie qui souffle dans la région pour avancer ses pions et déstabiliser ses voisins.

Pour une politique américaine plus musclée

Une politique de ce genre pourrait comprendre plusieurs moyens d’action, que voici :

Porter les déboires et les demandes de la dissidence iranienne au centre de l’attention internationale et l’aider à faire un usage optimal des « média sociaux » (Internet, twitter, etc.). Faire de même avec la dissidence en Syrie, principal allié de l’Iran. Prendre les mesures de rétorsion prévues par le régime des sanctions contre les entreprises qui l’auraient transgressé. Formuler enfin un véritable plan B - qui n’exclurait pas a priori l’usage de la force - pour le cas où l’Iran poursuivrait le développement de l’arme nucléaire.

Face à une politique américaine musclée, les atouts de l’Iran se trouvent diminués par cinq éléments majeurs : l’état délétère de l’économie du pays, les effets des sanctions internationales, le malaise au sein de la population, les luttes à l’intérieur de la hiérarchie du régime, et la cyber-attaque de Stutnext.

L'Iran : un Etat affaibli à l'intérieur comme à l'extérieur

Téhéran peut, bien entendu, essayer d’exploiter la fibre nationaliste de la population et crier à l’ingérence américaine. Mais cet expédient a peu de chances de réussir. Lors des manifestations de rue de 2009, les Iraniens chantaient : « Obama ! Obama ! Es-tu avec eux, ou avec nous ? ». Si vraiment les Iraniens abhorraient l’engagement des Etats-Unis contre la dictature qui les opprime, auraient-ils demandé leur soutien ?

Les mollahs pourraient également essayer d’allumer un foyer de diversion en demandant au Hamas ou au Hezbollah de reprendre les attaques contre Israël. Cela pourrait cependant s’avérer être l’erreur de trop pour ces deux organisations. Il serait en effet insensé de reprendre à présent les hostilités contre Israël, alors qu’aussi bien le Hamas que le Hezbollah font face à un mécontentement sans précédent des populations sous leur férule : à plusieurs reprises le Hamas a interdit ou réprimé des manifestations de rue à Gaza, alors que les Libanais sont sortis en masse pour protester contre la mainmise du Hezbollah sur leur pays.

Dans leur actuel état d’esprit, les Gazaouis et les Libanais sont mûrs pour réaliser que la responsabilité de leurs souffrances reviendrait, non pas à la réaction israélienne, mais aux organisations qui systématiquement se servent d’eux comme boucliers humains pour mieux attaquer l’Etat juif.

Pour toutes ces raisons, le président Obama a besoin d'avoir, et aussi peut se permettre, une politique de fermeté à l’encontre de l’Iran.

[1] Voir “Unserious on Iran Sanctions”Wall Street Journal, 4 avril 2011.

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