Micro-doser le LSD n’offre pas le boost de créativité fantasmé par les cerveaux de la Silicon Valley<!-- --> | Atlantico.fr
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Cette photo montre des doses de LSD, sous la forme de buvard.
Cette photo montre des doses de LSD, sous la forme de buvard.
©PAUL J. RICHARDS / AFP

Etude

Balazs Szigeti a mené une étude sur l'exploration du microdosage du LSD.

Balazs  Szigeti

Balazs Szigeti

Balazs Szigeti a obtenu un baccalauréat et une maîtrise en physique mathématique à l'Imperial College de Londres, puis a terminé son doctorat en neurosciences computationnelles à l'Université d'Édimbourg. Balazs a été impliqué dans le projet OpenWorm, un projet de science ouverte visant à créer des simulations précises des systèmes nerveux primitifs. Il a également travaillé comme ingénieur en logiciel biomédical à l'Icahn Institute of Genetics à New York. Balazs s'intéresse également à la science psychédélique. Il a collaboré avec le Global Drug Survey pour étudier quantitativement les modèles de consommation de drogues et, plus récemment, il a conçu et dirigé l'étude de microdose auto-aveuglante de l'Imperial College - Beckley.

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Atlantico : Vous avez décidé d'étudier l'impact positif supposé du microdosage de LSD en menant une étude placebo. Quelle était votre méthode et votre hypothèse avant de commencer cet essai? 

Balazs Szigeti  : Cette étude a utilisé une nouvelle méthodologie de science citoyenne "auto-aveuglante", à laquelle les participants, qui ont microdosé, de leur propre initiative, en utilisant leur propre substance, pouvaient participer en ligne. La nouveauté de la méthode est que les participants ont reçu des instructions en ligne sur la façon d'intégrer le contrôle placebo dans leur routine de microdosage sans supervision clinique (en science, "aveugle"' signifie que l'on ne sait pas s'il prend un placebo ou un médicament actif, c'est pourquoi nous appelons notre méthode "auto-aveuglante"). À notre connaissance, il s'agit de la première étude "auto-aveuglante", non seulement dans la recherche psychédélique, mais dans toute la littérature scientifique.
La force de cette conception est qu'elle nous a permis d'obtenir un échantillon de grande taille tout en mettant en œuvre un contrôle placebo à des coûts logistiques et économiques minimes. L'étude a été complétée par 191 participants, ce qui en fait le plus grand essai contrôlé par placebo sur les substances psychédéliques à ce jour, pour une fraction du coût d'une étude clinique.
L'objectif principal de l'étude était de tester si le microdosage de substances psychédéliques produit des résultats supérieurs par rapport au placebo sur l'état psychologique et la fonction cognitive. Nous avons émis l'hypothèse que les améliorations par rapport à la ligne de base seront positivement corrélées avec le nombre de microdoses prises pendant la période de traitement et que les résultats aigus / post-aigus seront meilleurs sous / après la prise d'une microdose.

Votre principale conclusion est que les effets psychologiques identifiés après la prise de LSD sont les mêmes lorsqu'un placebo est pris. Quels sont ces effets? Cela signifie-t-il que la microdose de LSD n'a aucun des effets positifs qu'elle est censée avoir? 

Notre critère de jugement principal était la modification du bien-être psychologique après 4 semaines de microdosage. Un point crucial ici est que notre étude est la première étude contrôlée par placebo à évaluer les effets du microdosage répété, toutes les autres études ont examiné les effets aigus d'une seule microdose.
Nous avons constaté qu'après 4 semaines de microdosage, tous les paramètres psychologiques mesurés (bien-être, pleine conscience, satisfaction à l'égard de la vie, paranoïa) se sont améliorés statistiquement de manière significative. Cette découverte confirme bon nombre des anecdotes positives sur le microdosage. Cependant, les participants du groupe placebo se sont améliorés de manière similaire et il n'y avait aucune différence entre les groupes dans aucun résultat, c'est-à-dire que les participants du groupe avec la microdose ne se sont pas améliorés plus que le groupe placebo. Nous n'avons trouvé aucune preuve de changement des performances cognitives dans le groupe placebo ou microdose.

Votre objectif était-il de tester la crédibilité de déclarations plus anecdotiques comme celle de Fadiman sur l'effet du microdosage? Étiez-vous préoccupé par l'utilisation croissante de cette pratique, notamment dans des entreprises comme celles de la SIlicon Valley?

Il est crucial de souligner que nos données montrent clairement les avantages psychologiques du microdosage. Cependant, les mêmes avantages sont reproduits par les participants prenant des placebos. Par conséquent, notre conclusion est que les rapports anecdotiques sur les avantages du microdosage sont valides, cependant, nos données indiquent que le mécanisme derrière ces améliorations n'est pas lié à l'action pharmacologique du microdosage, mais plutôt expliqué par des effets d'attente de type placebo. Nos résultats sur le microdosage sont négatifs, mais ils peuvent être considérés comme un résultat positif quant à l'importance des effets d'attente de type placebo. 
Je ne connais aucune donnée qui montrerait que le microdosage est plus répandu dans la Silicon Valley que partout ailleurs. Cette notion revient dans chaque conversation sur le microdosage et cela pourrait être vrai, mais il n'y a aucune preuve à l'appui. Je soupçonne fortement que ce n'est qu'une légende urbaine.
Notre étude n'a trouvé aucune preuve que le microdosage ne serait pas sûr. Cependant, certains chercheurs s'inquiètent d'un lien possible entre le microdosage et la valvulopathie cardiaque via l'agonisme du récepteur de la sérotonine 2B. À la lumière de cela, je ne dirais pas que je suis très préoccupé par la santé et la sécurité des personnes qui ont recours aux microdosages, mais tout le monde doit comprendre le manque de données sur le plan de la sécurité et des dangers à long terme et que des résultats négatifs sont possibles. 

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