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Mensualisation des salaires : pourquoi il est aberrant d'être payé en fin de mois
©Reuters

Bonnes feuilles

La France est-elle condamnée à subir la domination de la Chine et des pays émergents ? Doit-elle se résoudre au déclin de son économie ? Ce n'est pas l'avis de Xavier Louy, qui dresse ici un inventaire passionnant du potentiel industriel de notre pays en passant en revue les nombreuses filières et les entreprises françaises qui font la course en tête. Extrait de "Parions France !", de Xavier Louy, publié aux éditions le Cherche-Midi (1/2).

Xavier  Louy

Xavier Louy

Du cabinet du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas à l’animation du réseau des « 100 plus beaux détours de France » en passant par la Sécurité routière, des responsabilités locales, en qualité de maire-adjoint de Sarlat, et douze années à la direction du Tour de France, Xavier Louy, économiste et auteur, est reconnu comme l’un des meilleurs experts en développement local.

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À cet égard, il faut revenir sur la question de la mensualisation des salaires, instituée par Georges Pompidou après l’élection présidentielle de 1969 et qui avait été saluée comme une avancée sociale.

À première vue, il est vrai que le versement d’un salaire mensuel est apparu comme un progrès par rapport à la situation précédente où nombre de travailleurs étaient payés à la journée, à la semaine, voire à la tâche !

Mais concrètement, et on peut s’étonner que les syndicats n’aient pas réagi à cela, les foyers ont dû dès lors attendre la fin du mois pour percevoir une rentrée financière alors qu’auparavant elle tombait chaque jour ou chaque semaine.

Comme dans le même temps de très nombreuses dépenses du foyer doivent être payées d’avance, on se retrouve avec plus de 20 % des familles françaises qui ont des comptes courants dans le rouge et des découverts répétés qui génèrent des intérêts proches de l’usure – autour de 18 % – au bénéfice des établissements bancaires !

Au fait, qu’est-ce qui justifie qu’on doive payer son loyer en début de mois, surtout après avoir versé des cautions représentant généralement deux mois d’avance ? Il en va de même pour d’autres prestations comme les contrats d’assurance auto ou habitation payables un an à l’avance ! Et cela vaut encore pour divers abonnements : EDF, téléphone, Internet…

Bref, il y a un décalage qui frise ici l’iniquité et qui traduit au bout du compte un manque évident de respect pour la valeur travail.

Et ce décalage va à l’encontre du souci actuel de relancer la consommation des ménages, ce que provoquerait indubitablement le versement des salaires en début de mois ou même le versement d’un acompte vers le 15.

La solution préconisée est claire : soit la loi revoit le principe du paiement anticipé de ces diverses prestations : loyers, assurances, abonnements divers ; soit on verse les salaires en début de mois ou à tout le moins des acomptes après quinze jours ; soit on aménage un mixte des deux afin de faire coïncider dans le temps les dépenses et les rémunérations, même si cela doit mécontenter les banques…

Rendre les banques aux déposants

Il est vrai qu’elles n’ont pas bonne presse auprès de nos concitoyens et il faudrait pourtant trouver le moyen de réconcilier les Français avec leurs banquiers tant la défiance qui existait antérieurement s’est accentuée avec l’occurrence de la crise financière de 2008.

Pour y contribuer, on pourrait utilement s’inspirer d’une démarche similaire à celle que nous préconisons pour les entreprises et basée sur la transparence et sur le partage équitable des plus-values d’actifs.

Concrètement, nous proposons de rendre les clients copropriétaires de leurs banques. On sait aujourd’hui qu’il existe des établissements qui rémunèrent les dépôts tout en apportant les services habituels. C’est reconnaître clairement que ce sont bien les clients de la banque qui lui permettent, par leurs dépôts mais aussi par le jeu de la différence des taux – comme on vient de le voir pour les découverts – et par des mécanismes techniques comme les dates de valeur, non seulement de réaliser de substantiels bénéfices comme le révèlent les bilans annuels, mais plus encore d’augmenter leur capital dans le même temps où se multiplient les guichets et les acquisitions immobilières.

Il n’y aurait donc rien de choquant à redistribuer une part du bénéfice ou de la revalorisation des actifs aux clients les plus importants et les plus réguliers dans leurs dépôts après déduction du prix des services, qui font en général l’objet d’un prélèvement automatique, peu discutable au demeurant. Un tel calcul est aujourd’hui facilité par la complète informatisation du système bancaire. Et le mécanisme mis en place vaudrait autant pour les comptes des particuliers que pour ceux des entreprises.

Que chaque année des milliers de clients se voient attribuer une ou plusieurs actions, dont le nominal aura été divisé pour faciliter l’opération, commencera à modifier le rapport de confiance en responsabilisant les uns et les autres et en donnant un meilleur accès aux comptes de ces établissements à l’exemple des relations établies avec ses actionnaires par une société comme Air liquide.

Extrait de "Parions France !", de Xavier Louy, publié aux éditions le Cherche-Midi, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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