Marqués à vie : les abus sexuels commis sur les enfants les poursuivent à vie dans une sorte d’indifférence générale<!-- --> | Atlantico.fr
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Photo prise le 14 août 2006 à Paris d'une affiche de la campagne lancée par l'association Action Innocence pour sensibiliser parents, enfants et adolescents aux dangers de la navigation sur Internet.
Photo prise le 14 août 2006 à Paris d'une affiche de la campagne lancée par l'association Action Innocence pour sensibiliser parents, enfants et adolescents aux dangers de la navigation sur Internet.
©PIERRE VERDY / AFP

Pédocriminalité

Le rapport présenté par Jean-Marc Sauvé sur la pédocriminalité au sein de l’Eglise a révélé un nombre tragique de victimes. Pour celles-là comme pour les autres victimes de pédophiles, la société ne fait pas toujours ce qu’il est pourtant possible de faire pour alléger le fardeau.

Philippe Genuit

Philippe Genuit

Philippe Genuit est psychologue clinicien au Centre Ressource pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles (Criavs) de Midi-Pyrénées à Toulouse.

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Atlantico : Le rapport présenté par Jean-Marc Sauvé sur la pédocriminalité au sein de lEglise a révélé un nombre tragique de victimes. Pour celles-là comme pour les autres victimes de pédophiles, ces traumatismes marquent à vie. Comment se traduisent ces traumatismes dans la vie d’adulte ?

 Philippe Genuit : Le stress post-traumatique dans l’enfance va se poursuivre de façon différente selon les personnes toute leur vie. Il y a des facteurs de résilience selon les individus qu’elles rencontreront, selon le fait qu’elles leur donnent ou non la possibilité de s’exprimer et d’être écoutés. Lorsque la mère prend par exemple le parti de l’enfant, cela ouvre la question de la résilience et il peut évoquer des choses par le langage et par le comportement. Et s’ils ne sont pas entendus le psycho-traumastisme va durer plus longtemps dans leur vie.

Dans la vie d’adulte, le traumatisme peut se traduire par une question d’hyper vigilance ou d’hyper sensibilité. Il y a même des cas de développement physiologique et même neuronaux différents chez certaines victimes. Tout dépend des personnes et de l’histoire qu’elles vont rencontrer en tant qu’adulte. De la même façon que le cerveau se reconstruit à travers la plasticité neuronale, il peut aussi se détruire après un acte pédophile. Étant donné que le corps dirige le cerveau, il va y avoir des influences. La maltraitance dépassant l’acte, il suit la victime sur de nombreuses années.

Les effets de la maltraitance se retrouvent de la même manière chez les personnes incarcérées. La sensorialité va être pris par le cadre carcéral des murs et la physiologie des prisonniers va être impactée. Chez les enfants, cela va être encore plus probant. Le risque de détérioration va être important avec une carence affective, émotionnelle, d’amour parental et des modes de sociabilité. Cela joue donc sur la corporalité et elle peut se détruire avec les années.

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Agissons-nous suffisamment sur ces problèmes ?

Les situations se découvrent parfois longtemps après les actes. Il faut que la société soit prête à entendre l’histoire de ces personnes. Pour les victimes heureusement, il y a France Victimes et à Toulouse là où je suis basé, il y a l’Association Previos. Si l’on appelle France Victimes, les bénévoles de l’association aiguillent toujours les demandeurs vers la bonne structure. Mais, il faut souligner que les structures ont été submergées par l’ampleur du phénomène. Le phénomène a été longtemps nié, heureusement aujourd’hui les victimes sont mieux comprises. La parole n’est tout de même pas encore facile…

Que pouvons nous faire pour améliorer la prise en charge des victimes ?

Il faudrait quitter le champ de l’idéologie pour aller faire l’analyse clinique et épistémologique. Nous devons essayer de comprendre les différentes facteurs sociaux, éthiques, moraux, corporels. Ainsi, nous pourrons voir comment évolue le physique des victimes. Les intervenants (judiciares, sociaux, médicaux, psychologiques) doivent parler entre eux et qu’il y ait des interactions entre eux.

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