Mais qui défendra désormais l’Arabie saoudite si les menaces d’attaques iraniennes venaient à se confirmer ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Mohammed ben Salmane Prince héritier d'Arabie saoudite
Mohammed ben Salmane Prince héritier d'Arabie saoudite
©FETHI BELAID / AFP

Attaque Imminente

Le Wall Street journal a révélé la possibilité de menaces imminentes, mettant le royaume wahhabite devant un dilemme géopolitique alors que ses liens avec Washington sont distendus et que la Russie soutient Téhéran.

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy est enseignant en géopolitique à l'Université Catholique de Lille, à l'Institut Supérieur de gestion de Paris, à l'école des Hautes Études Internationales et Politiques. Il est également président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). 

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Atlantico - L'Arabie saoudite s'est inquiétée auprès des États-Unis d'une attaque imminente de l'Iran contre plusieurs cibles au sein du pays et contre Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Plusieurs renseignements auraient été partagés par les Saoudiens, révèle le Wall Street Journal. Qu’en est-il à l’heure actuelle ?

Emmanuel Dupuy - Les relations entre l’Arabie et l’Iran ne sont pas bonnes depuis des dizaines d’années, et depuis notamment la révolution islamique en Iran de 1979. Malgré ça, on assistait récemment à un réchauffement des relations entre les deux pays. Mais le meurtre par la police des mœurs iranienne de la petite Mahsa Amini le 16 septembre (la jeune kurde avait enfreint le code vestimentaire de la République islamique d’Iran) a relancé les hostilités. Hossein Salami, le chef des Gardiens de la révolution iranienne, accuse Riyad, par le biais de chaînes d’information satellite en langue farsi, y compris « Iran International », de soutenir les manifestations contre le régime iranien, tout comme l’Iran accuse les Etats-Unis et Israël. 

L’Arabie saoudite, qui est à la tête de la coopération internationale arabe contre les Houthis au Yémen, accuse l’Iran de soutenir les rebelles chiites Houthis. Le royaume de Mohammed ben Salmane (MbS) a été frappé par une attaque de drones iraniens en 2019 sur des raffineries de pétrole, qui avaient fortement perturbé le commerce mondial à l’époque. 

En somme, il existe un faisceau de préoccupations émises par le conseil de sécurité américain qui lui font dire que ces menaces sont à prendre très au sérieux. Du côté saoudien, on estime également que ces menaces peuvent être un écran de fumée afin de détourner l’attention par rapport à l’ampleur des manifestations en Iran, qui n’arrivent pas à être jugulées par le régime des Mollahs. 

D’ailleurs, l’Arabie saoudite n’est pas le seul pays menacé. L’Irak est accusé d’accueillir des organisations terroristes kurdes. 

Ce partage d’informations est-il étonnant ?

Cela arrive dans un contexte de vives tensions entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis. Le dernier déplacement de Joe Biden en Arabie saoudite n’a pas été fructueux puisque les membres de l’OPEP+ ont décidé, dans les jours qui ont suivi, de réduire les quotas de production, provoquant une hausse du prix du baril qui n’était pas pour déplaire à la Russie. 

L’Arabie saoudite a maintenant besoin de montrer qu’elle ne coupe pas totalement les ponts avec les Etats-Unis. Elle ne veut pas être accusée de faire le jeu de la Russie. 

Est-ce un aveu de la part des Saoudiens concernant leur dépendance aux Etats-Unis en matière de défense ?

Oui. Cela montre la grande fragilité sécuritaire du royaume de MbS qui est obligé d’appeler à la rescousse tous ses partenaires stratégiques. Il veut s’inscrire dans une logique où l’adversaire principal reste l’Iran, alors même que l’accord sur le nucléaire iranien laissait penser qu’un jeu d’équilibre aurait pu s’installer entre les deux pays. 

Le fait que l’Iran redevienne un producteur important d’hydrocarbures inquiète l’Arabie saoudite. Par ailleurs, n’oublions pas que l’Arabie saoudite regarde avec attention le retour au pouvoir de Netanyahou en Israël, qui exigera une plus forte pression sur le régime d’Ebrahim Raïssi, le président iranien. MbS souhaite normaliser ses relations avec Israël. 

«Nous n'hésiterons pas à agir dans la défense de nos intérêts et partenaires de la région», a déclaré un porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain. Faut-il comprendre que l’Arabie saoudite et les Etats-Unis restent des alliés ?

L’Arabie saoudite est un allié indéfectible des Etats-Unis depuis le pacte du Quincy en 1945. Mais les Etats-Unis sont de plus en plus autonomes en matière de production d‘hydrocarbures, puisqu’ils sont devenus le premier pays de production, dépassant le nombre de barils produits par l’Arabie saoudite. Ce qui a entrainé des tensions non négligeables ces derniers mois. 

Mais la véritable question est de savoir si les Etats-Unis seront en mesure de défendre le royaume saoudien en cas d’attaque iranienne. Lors des attaques de septembre de 2019 contre des raffineries d’Aramco, celles-ci n’ont pas été défendues par les Américains. Pis, les systèmes de défense anti-aérienne vendus par les Etats-Unis n’ont pas été capables d’empêcher les attaques de drones iraniens Shahed-136 ou Arash 2. 

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