Mais pourquoi la métropole EELV de Lyon achète-t-elle des détecteurs de radioactivité ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le maire EELV de Lyon, Grégory Doucet.
Le maire EELV de Lyon, Grégory Doucet.
©DENIS BALIBOUSE / POOL / AFP

Peur sur la ville

La Métropole de Lyon, dirigée par le maire EELV Grégory Doucet, a décidé de verser 146 000 euros à la Criirad, association anti-nucléaire fondée par une eurodéputée EELV, afin d'installer deux détecteurs de radioactivité.

Jean-Philippe Vuillez

Jean-Philippe Vuillez

Jean-Philippe Vuillez est président de la SFMN (Société Française de Médecine Nucléaire et Imagerie Moléculaire).

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Atlantico : Le maire EELV de Lyon Grégory Doucet a peur du nucléaire et selon lui, il faut poursuivre le débat concernant cette énergie pour aboutir à des solutions durables et rassurantes pour l’avenir de l’humanité. Au-delà des paroles, la Métropole de Lyon a agi sur cette question et va dépenser plus de 146 000 euros pour s’équiper de détecteurs de radioactivité. Est-ce réellement nécessaire de surveiller la radioactivité dans le Bugey et dans le sud de la métropole ? Le risque, est-il réel ? L’État, ne s’occupe-t-il pas déjà de ça ?

Jean-Philippe Vuillez : Si bien-sûr. D'abord, si on s'attarde sur la centrale du Bugey, évidemment qu'il est nécessaire de surveiller qu'il n'y ai pas d'accidents ou d'incidents. On veille à ce qu'il n'y ai pas de fuite radioactive. Le risque de fuite et la dangerosité sont des points essentiels et tout est fait dans le programme nucléaire actuel français pour avoir des mesures préventives par rapport aux anomalies et au seuil de dangerosité.

Une centrale nucléaire se surveille toute seule, mais il existe aussi des contrôles externes aux centrales. Ils ne sont pas faits par l'Etat car comme il promulgue le nucléaire, on pourrait l'accuser de ne pas bien faire les choses. C'est une autorité indépendante de l'Etat, l'Agence de sûreté nucléaire (ASN), qui a ce rôle de surveillance. On la connaît plus par ses excès de sévérité que part son laxisme. La centrale du Bugey est surveillée et je ne vois pas spécialement ce que la municipalité de Lyon va ajouter comme valeur aux contrôles déjà très largement effectués.

L’organisme qui va mettre en place le dispositif est la Criirad, connu pour ses positions anti-nucléaires. Il y a-t-il un risque d’instrumentalisation des données ?

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La Criirad a été créée au niveau de la Loire, où ils avaient détecté des taux de Tritium anormalement élevés. Nous étions à deux ou trois fois la concentration habituelle de Tritium, tout en étant 10 fois sous le seuil d'alerte, et 100 fois en dessous du seuil de dangerosité, qui n'est pas celui de l'Etat français, mais de l'OMS. On a crié au loup pour rien, et à présent, on jette la suspicion. Si on met des détecteurs, nous trouverons des isotopes comme le Tritium, à cause de la sensibilité de ces appareils.

Ils veulent créer une peur et un danger qui n'existe pas. Si on prend le Tritium, médicalement, lorsqu'on est 100 fois sous la teneur de dangerosité, ça ne présente aucun danger pour la santé humaine. Cette peur est utilisée à des fins politiques.

Les associations, sont-elles à même de gérer ce type d’informations ?

Ces associations sont non-légitimes parce qu'autoproclamées. Même si elles ont des compétentes en métrologie pour faire des mesures, l'exploitation des données devrait être laissée aux gens qui ont autorité pour le faire. On peut toujours se présenter comme un donneur d'alerte et mettre en évidence une carence dans la responsabilité des gens dont c'est le rôle de surveiller, encore faut-il que ce soit fondé. Ici, nous pouvons avoir de sérieux doutes.

En tant que médecin nucléaire qui utilise la radioactivité tous les jours sur des patients, et qui ai une idée à peu près correcte de la dangerosité des faibles doses de radioactivité, je serais le premier à alarmer les populations si j'avais connaissance d'un taux très élevé de radioactivité dans l'environnement. Si on en cherche dans l'environnement, nous en trouverons forcément, il y en a de façon naturelle. Et nous ne devons pas confondre un phénomène de détection d'une anomalie qui peut interroger, avec un réel danger pour la santé des populations. Cet amalgame permet de faire levier pour des motivations qui dépassent le champ médical et scientifique.

Je refuse que l'on s'oppose au nucléaire pour des raisons qui ne sont pas des réalités.

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