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Mais où est donc passé le conflit israélo-palestinien ?
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Zone franche

Si l'on n'a pas vu venir les révolutions arabes, c'est peut-être qu'on ne regardait pas du bon côté.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je ne sais pas si vous vous en souvenez ― tout va si vite de nos jours, entre le Web à haut-débit et les potages en sachets ―, mais il y a encore deux mois, le gros souci du monde arabe, c’était Israël.

Stéphane Hessel expliquait qu'aux Oscars de l’indignation, Netanyahou raflait toutes les statuettes ; les spécialistes du Moyen-Orient affirmaient que si l’islamisme prospérait, c’était parce qu’il se nourrissait du combat palestinien ; les boycotteurs à la recherche d’une cause fédératrice arpentaient les allées des Carrefour à la recherche de produits cashers

Il y avait pourtant quelques dictatures dans le quartier dont on aurait pu signaler les agissements, de Tunis au Caire, de Tripoli à Sanaa… Mais non : nous étions bien trop concentrés sur la « mère de tous les problèmes », comme disait l’homme fort de Bagdad avant qu’il ne soit déboulonné par les Yankees.

C’est curieux parce qu’en autant de décennies de pouvoir incontesté (3 pour Ben Ali et Moubarak, 4 pour Kadhafi, 2 pour Saleh), les motifs de protestation s’étaient largement multipliés à l’égard de ces crapules. Et je ne parle pas ici de protestations officielles par voie d’ambassade mais bien de protestations citoyennes… De celles que l’on organise à coups de pétitions, de manifestations, de flottilles humanitaires et autres meetings à Normale Sup.

Mais aujourd’hui, alors que l’on se bat encore dans les rues des grandes villes libyennes et que la situation reste instable dans les autres pays touchés par ce jeu de domino révolutionnaire, s’il y a un endroit qui semble à peu près calme, un endroit où l’on serait plutôt dans l’observation distante des événements et dans le business as usual, c’est bien le bout de terrain du couple maudit Israël-Palestine.

Aucun ministre français en vacances à Eilat ? C'est bon signe

Il faut dire que, avec le nombre de journalistes internationaux présents dans la zone (la plus « couverte » au monde, dit-on) et d’universitaires chevronnés publiant trois bouquins par an chacun sur les subtilités du conflit, s’il avait dû se passer quelque chose, on imagine que les chancelleries auraient été au courant à l’avance !

Hum, un signe qui ne trompe pas, aucun membre du gouvernement français n’était allé flotter sur la mer Morte pendant les vacances de Noël. C’est dire s'il n'y avait rien à signaler…

Loin de moi l’idée qu’il n’y ait rien à dire sur l’intransigeance du gouvernement israélien ( je tiens d’ailleurs la liste de mes articles sur la question à la disposition des débutants en recherche Google), mais force est de constater que, du côté de Ramallah ou de Naplouse, si l’on n’est pas plus satisfait que d’habitude, on n’est pas davantage en colère.

Même à Gaza, où les choses ne vont jamais très bien, on parle en ce moment bien plus d’exporter des tomates que de se rassembler place Tharir.

En tout cas, ce qui est significatif, la presse israélienne, de droite comme de gauche, est finalement plus optimiste que la presse européenne sur le nouvel ordre qui pourrait naître de tous ces bouleversements. C'est que, contrairement à une opinion répandue sous nos latitudes, être la seule démocratie de la région est plus un motif d’inquiétude qu’une cause de fierté. CQFD.

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