Macron parle, et parle, encore, Bruno Le Maire se fâche et défend son bilan … les chefs d’entreprises eux s’inquiètent !<!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno le Maire
Bruno le Maire
©STR / AFP

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Incertitudes géopolitiques, trésorerie... Les chefs d’entreprise s’inquiètent. Au Medef, à la CGPM, à Ethic …Selon l'étude Cabinet ARC / IFOP : 80 % des entreprises interrogées ne prévoient pas de croissance de leur activité au 2nd semestre 2024. Les incertitudes politiques s’ajoutent aux incertitudes de la conjoncture.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La décision de dissoudre l'Assemblée nationale et d’organiser des élections législatives dont le résultat est plus qu’incertain ne va pas arranger le moral des chefs d’entreprise qui, par définition, n’aiment pas les incertitudes. 

Emmanuel Macron a donc ouvert une période très compliquée pour le monde des affaires qui n’avait pas besoin de ces événements pour y voir clair, parce que leur horizon est déjà bien encombré par les nuages et les orages de la conjoncture. Il espère une clarification .

Après avoir choisi cette dissolution qui risque d’être tres chaotique, le président de la République a choisi de mouiller sa chemise et de participer à la campagne pour les législatives. Emmanuel Macron ne peut pas s’empêcher de tout driver. Gabriel Attal a réussi a obtenir de diriger cette campagne . C’est une demande de la base régionale. Mieux vaut le premier ministre sur le terrain que le président de la république. En fait , la base aura les deux . ce qui ne va pas encore simplifier les choses. 

Bruno le Maire n’a pas tardé à descendre dans l’arène. C’était mercredi matin a un petit déjeuner du mouvement Ethic face au questionnement de 200 chefs d’entreprise qui ont découvert, médusés, un homme nouveau. Il reconnait certes quelques erreurs mais il se met en colère contre tous ceux qui considèrent que la France est dans une situation catastrophique. 

« La situation economique n’est pas catastrophique, dit-il, elle se porte relativement bien si on la compare a l’Allemagne, les investisseurs ont confiance en la France … maintenant nous avons un problème gravissime sur la dépense publique ... Dépenses publiques et sociales, d’où l’endettement qu’il faut gérer. Mais il ajoute que la responsabilité de la dette est collective. La France entière est addictive à la dépense publique, alors que chacun mesure ses responsabilités ». Y compris les chefs d’entreprises qui ont pourtant fait du bon boulot. Bruno le Maire implore les chefs d’entreprise « non pas de faire de la politique mais de faire de la pédagogie pour qu’on redresse la situation ». De la pédagogie auprès de leurs salariés, de leurs clients et de leurs actionnaires ou fournisseurs. Tous ne sont pas  coupables. Mais tout le monde est  responsable.  Le respect du principe de cohérence financière des actions politiques conditionne le bon fonctionnement de la démocratie. 

Les chefs d’entreprises , petits et grands sont donc tous inquiets . Ils craignent l’instabilité politique, ils craignent la radicalité des programmes qui ne sont pas financés. C’est ce qu ont dit les dirigeants du Medef , de la CGPME , qui craignent qu on ajoute a l’incertitude économique , des instabilités politiques . les chefs d’entreprises n’aiment pas l’instabilité  et le manque de visibilité. 

Afin de mettre en lumière l'état d'esprit des entreprises françaises dans le contexte économique et géopolitique actuel, le Cabinet ARC a mené, avec l'IFOP, une étude* portant sur la perception des entreprises françaises sur l’avenir économique du pays, Ca n’est pas fameux… Le financement des TPE/PME ainsi que la problématique des délais de paiement et leur impact sur la gestion de trésorerie. 200 entreprises de 50 salariés et plus ont été interrogées entre le 17 et le 29 avril 2024, c’est-à-dire en pleine campagne pour les élections européennes.

Des résultats, on peut tirer 3 series d’observations :

1. 80 % des entreprises interrogées ne prévoient pas de croissance de leur activité au 2nd semestre 2024**, en hausse de +5 points par rapport au 1er trimestre 2024, et 16 % en anticipent même le recul. Un pessimisme qui se retrouve également dans le degré de confiance des répondants en l'avenir : 68 %, en hausse de +5 points par rapport au 1er trimestre, se sont déclarés convaincus de la dégradation de la situation économique française au cours des 6 prochains mois.

2. 1/4 des entreprises pensent toujours ne pas pouvoir faire face au remboursement cumulé de leurs créances, PGE, investissements et factures** et manifestent clairement leurs inquiétudes :

- Pour 6 entreprises sur 10, les banques se désengageront vis-à-vis des TPE/PME qui n'ont pas encore remboursé leur PGE utilisé.

- 37 % des sociétés appréhendent une hausse des taux d'intérêt.

- Pour la quasi-totalité des entreprises interrogées (96 %), la situation économique entraînera une augmentation du nombre de dépôts de bilan de leurs clients. Celle-ci sera "importante" voire "extrêmement importante" pour 37 % des sondés.

3. Dans cette conjoncture morose, où le besoin de trésorerie est majeur, les entreprises attendent un changement fort en termes de sanction pour celles qui ne respectent pas les délais de paiement : plus de 70 % d'entre elles souhaitent que, pour être plus efficaces, les amendes infligées par la DGCCRF soient proportionnelles aux résultats des sociétés sanctionnées. Près de 8 entreprises sur 10 (77 %, soit 3 points de plus qu'au 1er trimestre 2024) continuent de déclarer que c'est en premier lieu grâce à l'allongement des délais de paiement des fournisseurs que sont compensés les besoins en trésorerie, très largement devant le recours à leur découvert bancaire (48 %).  97 % des sociétés interrogées estiment que les délais de paiement de leurs clients ne se sont pas améliorés et pour 17 % qu'ils se sont dégradés au cours du premier trimestre 2024. 

Pour Denis LE BOSSÉ, Président du Cabinet ARC, "Les sociétés sont donc toujours plus nombreuses, à 80 % aujourd'hui, à ne pas prévoir de croissance de leur activité au 2nd semestre 2024 et leur conviction en une hausse des dépôts de bilan est massive, à 96 %. Dans un contexte morose où les TPE-PME continuent de manquer structurellement de fonds propres, entraînant de plus en plus de défaillances d'entreprises, et où 68 % des entreprises sont convaincues de la prochaine dégradation de la situation économique française, les délais de paiement constituent toujours plus un enjeu capital. Ces derniers sont encore considérés à une très large majorité (77 %), comme le premier moyen utilisé pour compenser les besoins de trésorerie. Et si la plupart des grandes entreprises appliquent des pratiques vertueuses et que la stratégie de « name and shame » permettant à l’État de dénoncer les contrevenants se veut dissuasive, certaines continuent d'user de leur position dominante pour imposer des conditions de paiement contraignantes à leurs fournisseurs, tant la sanction maximale actuelle est anecdotique, financièrement, pour elles."

Faut dire que ces perspectives tombent au plus mauvais moment. La conjoncture n’est guère brillante partout en Europe. Mais on sait qu’en plus la gouvernance européenne va être encore plus hésitante. Les élections européennes annoncent des changements dans le fonctionnement de l'Union européenne. Mais autre facteur d’incertitude, la montée en puissance des courants politiques très conservateurs ou radicaux, qui n’éclaircissent pas l’horizon. Enfin , les chefs d’entreprise craignent par-dessus tout, les réactions sociales des populations à des promesses qui ne seront pas réalisées parce qu’elles ne sont pas réalisables. Le sentiment d’avoir été trompé par des politiques qui cherchent avant tout accéder a des postes de pouvoir qu’ils ne peuvent pas exercer .  

À propos de Cabinet Arc :  Le Cabinet ARC, acteur majeur de la gestion du poste client et du recouvrement de créances, accompagne les entreprises depuis plus de 30 ans en phase précontentieuse grâce à son activité de relances en marque blanche et en phase contentieuse par l’application de stratégies de recouvrement novatrices. Fondé en 1989 par Denis LE BOSSÉ, son Président, depuis plus de 10 ans, le Cabinet ARC publie un Baromètre annuel réalisé par l’IFOP qui vise à mettre en évidence la perception par les entreprises de l’évolution de leur activité et de l’avenir économique de la France, du financement de la trésorerie des TPE/PME et des pratiques en matière de délais de paiement. Ce Baromètre, est devenu un indicateur de référence sur les problématiques du financement des entreprises et de leur santé financière. 

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