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Lisez cet article maintenant ! Les stratégies fondées sur la recherche scientifique pour vaincre le procrastinateur qui est en vous
©Flickr

Sans reporter...

La tendance à reporter au lendemain est désormais mieux comprise par la science et ses mécanismes peuvent être contrés.

Catherine Berliet

Catherine Berliet

Catherine Berliet intervient depuis 15 ans en conseil, formation, coaching de cadres et dirigeants pour le compte de grandes entreprises françaises. Diplômée en communication, elle est également thérapeute, praticien en Rêve Eveillé libre. Elle est co-auteur de : Et si je choisissais d’être heureux  ! : Le bonheur mode d’emploi  paru en juillet 2014 aux Editions Eyrolles, Manager au quotidien et Les outils de développement personnel du manager aux Editions Eyrolles. Elle est auteur de Et si je prenais mon temps aux Editions Eyrolles et co-auteur de "Et si je choisissais d'être heureux" avec Capucine Berliet toujours aux éditions Eyrolles

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Question introductive : Quelles sont les "sept tentations" qui guettent le procrastinateur et comment opèrent-elles ?

Nous nous en voulons presque toujours d’avoir procrastiné, car ce que nous avons reporté aux calendes grecques ou à la Saint Glinglin, ce qui devait s’effectuer sans heurt a finalement viré au cauchemar, ou pire, est tombé dans les oubliettes de nos agendas. 
Les remords nous submergent après coup, et pourtant nous recommençons aussitôt, tel l’addict qui multiplie les actes de contritions et les promesses d’abstinence  tout en sachant parfaitement qu’il ne les tiendra pas.
S’intéresser aux mécanismes de la procrastination c’est constater que ce sont toujours les mêmes types de déclencheurs qui nous paralysent et nous inhibent. A cet effet, Tim Pychyl,  auteur de « Solving the Procrastination Puzzle », a identifié 7 déclencheurs de la procrastination : 
1°/ Quand la tâche est ennuyeuse 
Rien de plus démotivant que d’en passer par les fourches caudines d’un travail dénué d’intérêt. Je fais référence à tous ces passages obligés de la vie professionnelle qui nous rebutent et nous désespèrent, comme par exemple : rédiger des notes longues comme un jour sans pain, demandées à corps et à cris par votre N+1 qui, quoiqu’il en soit, ne lira même pas la première ligne. Je pense également à tout le rangement, le classement et le tri que nous différons systématiquement. Quand vous êtes passionné, vous foncez et ressentez cet élan intérieur qui vous fait soulever des montagnes et qui n’a rien à voir avec l’aboulie affichée lorsque l’intérêt n’est pas au rendez-vous.
2°/ Quand la tâche est frustrante 
Car son retour sur investissement n’est pas à la hauteur de l’énergie dépensée. Je veux parler de ces activités que nous jugeons peu valorisantes, car oh Combien chronophages... En cela elles deviennent nos bêtes noires même si nous adorons notre travail. Pour ma part, en tant que Consultante et formatrice, la réponse aux appels d’offre est une tâche fastidieuse  car pas toujours efficiente. Elle vampirise mon emploi du temps même si elle reste un passage obligé de la démarche commerciale. La frustration perçue est une incitation quasi pavlovienne à la procrastination. 
3°/ Quand la tâche est difficile
La peur d’affronter une réalité exigeante, le risque d’être déstabilisé par un échec, nous poussent inconsciemment à freiner des quatre fers, à contourner l’obstacle pour ne pas ébranler notre confiance en nous et éviter de nous sentir déclassés. Après avoir anticipé un stress situationnel nous préférons choisir un chemin plus facile. Henri Laborit, médecin biologiste ne dit-il pas que : « L’homme est doté d’un programme de survie qui lui fait fuir le stress et rechercher en priorité le plaisir. » Vous avez envie de postuler pour obtenir le job de vos rêves et pourtant vous vous donnez toutes les bonnes raisons de reporter vos entretiens. Quand vous imaginez vos difficultés à venir et le trac à surmonter, vous semez les ferments d’une hypothétique incapacité, et déclenchez les aérofreins… « Je n’irai pas… »
4°/ Quand la tâche est ambiguë
Car « Si c’est flou, il y a un loup… » Là encore notre petit vélo dans la tête s’emballe et nous plonge dans le cercle vicieux du : « Que vais-je décider ? », « Et si je me faisais avoir… ». Ainsi de l’ambigüité d’une situation naîtra une série d’atermoiements, d’hésitations, qui feront le lit de la procrastination. Je vous entends vous dire : « Et si je me laissais le temps de la réflexion… », ou encore, « La nuit porte conseil… », « Tu verras bien… ». 
5°/ Quand la tâche est déstructurée 
Si les actions à finaliser nous semblent désincarnées et ne s’inscrivent pas dans un tout que nous pouvons cerner, quantifier, jauger, convertir en monnaie temps passé, nous avons tendance à les considérer comme une succession de mini tâches inconsistantes et à faible valeur ajoutée. Automatiquement nous les taguons comme inutiles et sous-estimons leur importance. Regardons du coté de nos « to-do-list » et de leurs litanies de tâches « à faire », ou prêtons attention à nos dossiers « divers » que nous nous promettons indéfiniment d’acter.
6°/ Quand la tâche est peu gratifiante
Nous avons la fâcheuse habitude de différer le non gratifiant, parce que nous le valons bien. Voici pourquoi nous peinons à nous focaliser sur ce qui n’est pas enrichissant, au sens propre comme au sens figuré.
7°/ Quand la tâche est vide de sens
Car agir sans finalité, c’est se priver d’une motivation. La finalité est le nerf de la guerre, car elle incarne la vision, le sens, mais aussi le chemin et ce qui nous fait briller les yeux. Ce « pour quoi ? » quand il est absent siphonne toute notre énergie et génère un « à quoi bon… » ou un « cela ne sert à rien… » Aujourd’hui si beaucoup de managers savent déployer des objectifs, très peu pensent à donner une vision mobilisatrice. Cet oubli fait le lit de la procrastination

Quels sont les cinq méthodes originales et scientifiquement prouvées  pour lutter contre la procrastination ?

1. Changer de prisme
Vous regarderez la tâche qui vous assomme avec un œil neuf et positif et vous choisirez de nouvelles lunettes pour voir la vie en rose. Quand vous mettez vos lunettes noires plus rien ne vous attire. Le prisme de la bouteille à moitié pleine ajouté à l’intention positive sont de puissants leviers anti procrastination, car l’élan vital généré est le combustible du passage à l’action.
2. Se challenger pour tester sa résistance aux "tentations"
Vous avez le pouvoir de muscler votre seuil de résistance à la tentation. Si vous passez votre temps à privilégier le plaisir immédiat, en succombant systématiquement, vous risquez de rester englué dans des non choix et des positions de repli. Le travail en pointillé intensifie la procrastination. Il semblerait que ce ne soit pas une question de volonté mais plutôt une question de relation à la distraction. Commencez « petit jeu » en vous obligeant à des séquences de focus intenses mais limitées, puis au fil du temps, augmentez vos temps, comme un plongeur en apnée. Chaque minute gagnée est une victoire.
3. Se forcer à commencer le travail coûte que coûte
Au-delà du « Ce qui est fait n’est plus à faire… » Vous déclencherez l’action en vous forçant mais sur un temps donné. « Je m’oblige à écrire ce compte rendu et à m’y atteler pendant 10 mn, après j’arrête et je m’offre un expresso au café d’en face ». Traitez-vous comme le font les dompteurs avec leurs fauves : «Tu viens de réussir une partie de ton numéro de cirque, bravo !... Pour la peine je t’offre quelques friandises. » Un effort + une récompense = une occasion de rugir de plaisir. Et puis, « On attrape pas les mouches avec du vinaigre. » Une tâche commencée vous prendra moins la tête qu’un vœu pieu, ou qu’un souhait. Si vous faites le premier pas, vous aurez moins d’appréhension pour la suite ainsi vous démystifierez la tâche.
4. Faire la liste des coûts engendrés par la procrastination
A un moment il nous faut tous passer à la caisse et régler l’addition de nos remises au lendemain ou au surlendemain. Vous vous déciderez à ouvrir un dossier intitulé « Arrêter la procrastination ». Vous y consignerez dans un rapport d’étonnement toutes les conséquences de vos reports successifs, (exemple : mon refus de préparer mes réunions en dépit de mes résolutions successives, fait qu’elles dérivent systématiquement d’une heure…). Seule une prise de conscience écrite vous poussera à apporter des changements salutaires à vos modes d’organisation.
5. Se déconnecter
La déconnection attitude, c’est la posture qui nous soustrait aux multiples interruptions et nous positionne hors champ. Echapper le temps d’un instant aux ondes et dérangements numériques nous évite l’effet zapping et nous permet de travailler notre acuité attentionnelle. Haro sur les écrans ! 
Pas facile, me direz-vous, mais c’est le prix à payer pour une concentration favorisant l’ici et maintenant. Vous améliorerez votre seuil de distractibilité en désactivant certaines alertes, et en vous mettant ponctuellement sous cloche ou entre parenthèses.
Si la procrastination est un vilain défaut elle est avant tout une défense que nous mettons en place pour ne pas souffrir. Cette précaution s’apparente à une forme de déni de la réalité. C’est ainsi que demain est perçu comme moins périlleux qu’aujourd’hui.

Alors masochiste ou épicurien ? Quelle posture voulez-vous adopter ?

Proust dans « À la recherche du temps perdu » nous donne un début de réponse :
«Les difficultés que ma santé, mon indécision, ma « procratisnation », comme disait saint-loup, mettaient à réaliser n’importe quoi, m’avaient fait remettre de jour en jour, de mois en mois, d’année en année, l’éclaircissement de certains soupçons comme l’accomplissement de certains désirs. »  

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