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Les sentinelles de la République : de l’utilité des maires de France
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Bonnes feuilles

Jean-Victor Roux publie "Les Sentinelles de la République, une histoire des maires de France" aux éditions du Cerf. Manque de financement, manque de reconnaissance, manque de pouvoir : les maires sont en colère. Extrait 2/2.

Jean-Victor Roux

Jean-Victor Roux

Haut fonctionnaire, Jean-Victor Roux s’intéresse particulièrement à l’histoire culturelle de la vie politique française. Son premier livre, La table, une affaire d’État, a été publié aux Éditions du Cerf.

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Au-delà de la force des institutions communales, quelle est la part de responsabilité de ceux qui les dirigent dans cette survivance du mandat de maire ? C’est, dans la perspective de la campagne municipale, cette question qui a été à l’origine de ma volonté d’écrire ce livre. Pour y répondre, je me suis astreint à fouiller dans les souvenirs, les livres d’histoire et les moments forts de notre vie politique depuis 1945. Ma conviction est la suivante : les maires ont joué un rôle majeur dans la reconstruction puis dans le développement des villes qui ont peu à peu éloigné la carte de l’hexagone du « désert français » que décrivait en 1947 le géographe Jean-François Gravier. D’abord parce qu’ils en ont eu les moyens, ensuite parce qu’ils en ont eu le temps, et enfin parce qu’ils ont pris la peine de le revendiquer. 

A bien y regarder, il existe en effet dans chaque ville une figure tutélaire, unanimement reconnue pour son importance, et qui a disposé, en plus de son mandat, d’une renommée nationale. Le souvenir des grands maires de France est encore présent dans bien des esprits, et d’abord ceux des nouveaux venus qui rêvent de leur succéder. C’est ce singulier tête à tête entre un maire et sa ville qu’il s’agit d’explorer dans les pages qui suivent. 

Passons en revue les protagonistes. Comme toute sélection, celle proposée ici est par définition arbitraire. Elle ne contient que des hommes. Justifions cela. Rétrospective, la période considérée était peu pourvoyeuse de femmes politiques de dimension nationale à la tête de grandes villes. Des personnalités aussi diverses que Martine Aubry (maire de Lille depuis 2001), Anne Hidalgo (maire de Paris depuis 2014) ou Johanna Rolland (maire de Paris depuis 2014) ont depuis fait leur chemin. 

Quels sont donc nos grands maires ? Tous ont un patronyme connu des Français. Au moins en tant que figure nationale, si ce n’est comme élu local. Notre choix s’est porté sur Gaston Defferre (maire de Marseille de 1953 à 1986), Jacques Chaban-Delmas (maire de Bordeaux de 1947 à 1995), Jacques Chirac (maire de Paris de 1977 à 1995), Pierre Mauroy (maire de Lille de 1973 à 2001), Jacques Médecin (maire de Nice de 1965 à 1990) et Georges Frêche (maire de Montpellier de 1977 à 2004). 

Plus ou moins bien élus et réélus, ces hommes ont en commun d’avoir marqué leur ville de leur empreinte. Ils ont tous occupé des fonctions ministérielles, à l’exception de Georges Frêche, qui n’en fut pas moins une figure nationale auréolée de sa réussite locale. Certains ont été condamnés par la justice, pour des faits plus ou moins graves. Deux ont été Premier ministre. Un seul a accédé à l’Elysée, deux autres n’ayant pu assouvir leur ambition présidentielle. L’un d’entre eux est mort en poste. Un dernier, cerné par la justice, n’a pu que démissionner pour prendre la poudre d’escampette. 

Ces hommes-là se sont connus, reconnus, parfois estimés, et querellés à l’occasion. Trahi par Chirac, Chaban a pleuré Defferre, qui avait pris Frêche sous son aile. Mauroy, que Chirac tenait en estime, et à qui Defferre avait suggéré de faire abattre l’avion de l’avocat Jacques Vergès, a eu maille à partir avec Médecin, amateur de joutes verbales qui a toujours préféré l’outrance à l’indifférence. A eux six, ils représentent une grande partie de notre histoire politique contemporaine.

Ont-ils tous réussi ? Certainement pas. S’il ne vise pas à distribuer les bons et les mauvais points, ce livre essaie de faire la part des choses et de ne pas céder au manichéisme. Il constitue surtout pour l’auteur une tentative de comprendre la force du mandat municipal, dans des villes auxquelles il est étranger. 

Qu’ont-ils en commun ? D’avoir été des sentinelles, jaloux de leur pouvoir, toujours sur le qui-vive, jamais las de scruter et sillonner ces villes qui furent la cause de leur vie. 

Extrait du livre de Jean-Victor Roux, "Les Sentinelles de la République, une histoire des maires de France", publié aux éditions du Cerf. 

Lien vers la boutique : ICI

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