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Les posts les plus populaires sur Facebook sont des plagiats
©OLIVIER DOULIERY / AFP

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Publier du contenu original sur la plateforme ne s'avère pas gagnant et savoir cela nous en apprend beaucoup du fonctionnement de Facebook.

Anthony Poncier

Anthony Poncier

Anthony Poncier est Docteur en Histoire, membre du collectif Réenchanter Internet et expert en transformation digitale et en stratégies collaboratives. En cette qualité, il accompagne les entreprises dans la conception de leurs stratégies médias sociaux, ainsi que dans la création de leurs réseaux internes.

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Atlantico : Facebook vient de rendre public un rapport intitulé "Rapport sur les contenus les plus consultés : Ce que les gens voient sur Facebook". De quoi s'agit-il ?

Anthony Poncier : Facebook a souhaité remettre un rapport de transparence alors qu'il subissait des attaques notamment de la part de Joe Biden qui a déclaré que le réseau social "tuait des gens", en référence à toute la désinformation qu'on peut y trouver autour du Covid. Le but de Facebook est de montrer patte blanche en expliquant tout ce qui est fait en termes de modération. 

Le hic, c'est qu'au premier trimestre, Facebook avait commandé le même type de rapport mais celui-ci n'a jamais été publié. Parce que ça ne correspondait pas avec ce qu'attendait Facebook ? Le doute est permis. Là, on voit bien que le rapport qui vient d'être rendu public est fait pour donner une image positive et répondre à ce qui est dit dans la presse. Cela fait quand même quelques années que la plateforme souffre d'une mauvaise réputation sur le plan de la transparence et de la confiance qu'on peut lui accorder sur la gestion de nos données. D'ailleurs, l'autorité numérique irlandaise vient d'infliger une amende colossale à WhatsApp  par rapport à la question de transferts de données de WhatsApp à Facebook.

L'autre problème c'est que Facebook produit lui-même un rapport sur ses propres activités. Il est juge et partie. Vu l'image de la marque aujourd'hui, c'est difficile pour les gens de les croire sur parole.

Le rapport liste les 20 posts les plus vus durant le deuxième trimestre 2021. A première vue, on ne trouve rien de complotiste. Qu'est-ce que ce classement nous dit vraiment ?

C'est une liste un peu fourre-tout, on y voit aussi bien des messages sur le Covid que des mèmes ou du piège-à-clic. Maintenant, la question qui se pose c'est comment ça a été commenté, par qui et combien de fois ? S'arrêter juste au post n'a pas d'intérêt. Le principe des réseaux sociaux, c'est l'engagement et l'interaction avec les commentaires et les partages. Le rapport ne développe pas en profondeur cette question.

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On reproche souvent à Facebook d'enfermer les gens dans des bulles de filtre. Si un message antivax est posté par exemple, il faut savoir si ça touche tout le monde ou si ça ne circule que dans un groupe fermé antivax qui s'auto nourrit.

Il apparaît que sur les 20 publications, la quasi totalité sont en fait des contenus plagiés. Comment est-ce possible ?

En effet, on trouve beaucoup de contenus non-originaux sur la plate-forme. Ce sont des contenus déjà vus ailleurs, sur d'autres réseaux sociaux par exemple. Les vidéos de YouTube notamment sont largement plagiées sur Facebook car il est très simple d'en reprendre le contenu. 

Il y a une raison à cela. Contrairement à YouTube, Instagram ou TikTok, Facebook n'est pas une plate-forme qui se prête à la création de contenu. C'est plutôt un lieu où l'on partage, souvent avec un simple copier-coller d'un lien ou d'une photo.

Pourtant, comme on le voit de plus en plus avec l'émergence de plateformes de newsletter comme Substack, les gens sont prêts à payer pour accéder à un contenu original et de qualité. Facebook s'en rend bien compte et projette lui aussi de se lancer dans la newsletter.

The Verge rappelle qu’en 2016, la Russie avait utilisé des pages Facebook d'apparence anodine et inoffensive pour progressivement partager des contenus à caractères politique plus controversés. Cela doit-il nous amener à réfléchir à l'origine des posts que l'on like ? 

Dans un contexte électoral, on peut effectivement retrouver ce système de poupée russe avec des contenus qui vont devenir au fil du temps de plus en plus marqués idéologiquement. C'est le syndrome de la grenouille dans l'eau chaude. Si le contenu est directement virulent, ça peut repousser l'utilisateur. Si on amène par d'autres biais, on peut progressivement le faire rentrer dans un bulle qu'il n'avait pas forcément choisie.

Pour faire basculer une élection, ceux qui veulent influer sur le vote ne vont pas s'appuyer sur des gens qui ont déjà des positions très marquées mais sur une poignée de gens qui sont plutôt au centre pour les faire basculer dans un camp et changer l'issue du vote par un effet boule de neige. C'est d'autant plus vrai quand on est un système de vote du "Winner takes all" à l'américaine renforcé par le système des grands électeurs. 

Dans ce rapport, Facebook dit en substance qu'il n'a rien à se reprocher mais dans le même temps, on sait qu'il a l'intention de donner moins de visibilité aux contenus politiques. C'est donc bien qu'il est conscient d'un problème.

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