Les milieux économiques ne croient pas que la France se résume à deux camps prêts à se faire la guerre <!-- --> | Atlantico.fr
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Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon
©SAMEER AL-DOUMY / AFP

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C’est à Macron de jouer pour éviter le pire à la France. Après avoir observé le spectacle ubuesque d’une classe politique qui se délite, les milieux économiques considèrent qu'il n’y a aucune solution responsable, dans aucun des deux camps extrémistes capables de ramener l'équilibre.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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C’est à Macron de jouer. Il est évident pour tous les observateurs qu’Emmanuel Macron est responsable de « la chienlit politique actuelle » et des dérapages de violences qui risquent de se produire. Il a fauté depuis le début de son mandat plus par légèreté que par incompétence ou même ambition. 

Il est arrivé au pouvoir parce qu’une majorité de Français avait compris qu’il était capable de relever les grands défis qui se posaient au pays. La France était menacée de déclassement à cause de la mondialisation, à cause aussi de ses habitudes socioculturelles, à cause de son modèle social, culturellement excessif et généreux. Il n’a pas répondu à ces défis. Il a détruit ou paralysé beaucoup de corps intermédiaires, syndicats, élus locaux et pour calmer le jeu et endormir la colère sociale, il a distribué beaucoup d’argent, sans protéger l’avenir et la souveraineté. 

D’où l’ overdose d’endettement public, les dysfonctionnements dans  les grands services publics , en dépit des moyens considérables qui leur sont dédiés , d’où le déficit d’autorité  dans toutes les strates de la société. 

C’est donc à lui maintenant de se reprendre en main. C’est l’analyse et la recommandation que lui font beaucoup de patrons. Il doit gouverner autrement. Et commencer par regrouper et motiver ses équipes . Arrêter de parler en permanence, prévoir et ne rien lâcher. 

Il doit, comme dans toute entreprise en difficulté, se fixer quelques  axes sur lesquels l’opinion attend le pouvoir. 

Un, freiner la vague d’immigration. 

Deux, restaurer les conditions d’une prospérité partagée. 

Et trois, régler les questions de trésorerie. 

L'immigration, parce que cette vague ne paraît pas contrôlée et emporte tout sur son passage. La prospérité, parce que sans croissance on ne peut rien faire, ni investir pour l’avenir , ni distribuer dans le présent .. Et enfin redresser la trésorerie, s’affranchir des banques et des marchés parce que tant que la France aura un tel endettement, elle ne sera pas souveraine. 

C’est à Emmanuel Macron et à personne d’autre de remonter les manches et de trouver dans la classe politique les soutiens qui lui manquent. Par des alliances, des coalitions, ou des accords de programme et d’actions . Bref faire enfin ce qu’il aurait pu faire en 2022 pour donner une colonne vertébrale à son deuxième quinquennat. Il a son socle majoritaire auquel peuvent s’agréger bien des personnalités de gauche et de droite, parce qu’elles ne sont ni antisémites, ni antisionistes et qu'elles sont embarquées (presque de force) aujourd'hui dans des galères où elles pensent avoir trouvé une cabine chauffée c’est-à-dire une assurance de réélection.

Il y a beaucoup de personnalités à droite comme à gauche qui sont désemparées de la situation. Elles s’interrogent sur les raisons idéologiques, techniques ou psychologiques qui valent à Emmanuel Macron autant de haine. Parce qu’il n’a évidemment pas perdu toutes ses cartes. 

Si les experts en science politique constatent honnêtement que l’engouement dont il a été l'objet lors de son arrivée au pouvoir s’est effondré, ils ne trouvent pas dans les chiffres et les faits de son bilan les raisons d’une telle désapprobation

Le bilan Macron n’est pas si mauvais si on se réfère à ce qu’était la situation précédente, si on se compare à nos voisins et si on intègre à l’analyse la crise du Covid, les effets de la guerre en Ukraine et la crise inflationniste. 

La France s’en sort plutôt bien. 

La croissance est restée positive. 

L’emploi est sous tension avec un chômage qui n’a jamais été aussi bas depuis 30 ans. 

La consommation reste soutenue. 

L’inflation est désormais sous contrôle. 

Le pouvoir d’achat ne baisse pas, il a même progressé depuis deux ans. 

Les créations d’entreprises sont plus nombreuses que les destructions.

La machine économique est attractive, donc les investissements étrangers sont nombreux. 

Le potentiel d'énergie nucléaire donne garantit l’indépendance nationale à des prix compétitifs . 

Les infrastructures de communication, d’éducation et de santé sont bonnes. Les équipements touristiques sont nombreux et de grande qualité. L'accueil et l'attractivité sont forts. La masse d’épargne disponible est considérable (plus de 6000 milliards d’euros). 

L’adhésion à l’Europe est forte , solidifiée par une défense nucléaire sur laquelle tous les pays d’Europe profitent . 

Alors, en contrepartie, il reste évidemment  des points noirs dans le tableau. 

Les structures macroéconomiques sont fragiles. 

La balance commerciale est déficitaire. On importe de l’étranger plus qu’on ne vend. Faute d’une industrie nationale forte. 

Les budgets de l’État, des collectivités locales et des entreprises publiques sont  déficitaires. 

Les dépenses publiques et sociales sont très lourdes (60 % du PIB) et absorbent donc plus de la moitié des richesses créées alors que les services publics ne donnent pas satisfaction.

L’endettement de la France est très lourd (115 % du PIB) pour un endettement global de 3100 milliards. C’est une dette dont la maturité est supérieure à 10 ans. La moitié de cette dette est souscrite par l'étranger et principalement des fonds de retraite anglo-saxons. 

Cela dit au-delà de ces failles, on s’aperçoit donc que les points noirs sont noirs parce que le ressenti est beaucoup plus lourd que la réalité. C’est vrai pour les salaires et toutes les prestations sociales. C’est évidemment vrai pour l’emploi qui n’a jamais été aussi fort.

Le ressenti alimente donc cette haine du président et de son équipe gouvernementale parce que le pouvoir n’est plus respecté. Il lui manque une autorité et la confiance de l’opinion qui est à la base du travail politique. 

Il n’y a plus dans ce pays de clivage idéologique insoluble, hormis les positions insupportables des extrémistes  qui déroulent des inepties islamo-gauchistes , sionistes , antisémites ou plus généralement carrément racistes .

Il existe néanmoins un appétit partagé par tout le monde de la prospérité qui serait le produit de l’économie de marché , avant même la lutte pour le climat, la gestion de l'immigration ou même les questions de souveraineté. 

Mais il y a surtout un besoin urgent d'explication et de prise en compte des grands défis qui se posent au pays comme à tous les pays européens. C’est au président de faire cet exercice avec ses amis ( il doit lui en rester quelques-uns ) ses alliés objectifs et ils devraient être nombreux. Normalement . La France ne se résume pas à deux  camps qui seraient prêts à se faire la guerre.

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