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Les évidentes conséquences psychologiques graves d'une GPA
©Capture d'écran

Bonnes Feuilles

Enquêter sur la gestation pour autrui, c’est s’interroger non seulement sur un phénomène majeur de notre civilisation mais aussi sur l’avenir de l’humanité tout entière. C'est cette enquête qu'a voulu mener Eliette Abécassis dans son dernier essai, Bébés à vendre, publié chez Robert Laffont.

Eliette Abécassis

Eliette Abécassis

Romancière et essayiste, Eliette Abécassis alterne textes intimistes (La répudiée, Mon père, Un heureux événement), épopées (Qumran, Le Trésor du Temple, Sépharade) et essais (Petite métaphysique du meurtre, Le Livre des Passeurs, Le Corset invisible). Elle collabore par ailleurs régulièrement à des journaux (Le Monde des Religions, Le Figaro littéraire, Elle) et travaille pour le cinéma (Kadosh, Un heureux événement).

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Sur le marché, le corps des femmes devient donc à la fois outil et marchandise. La marchandisation du bébé assimile le bébé à un bien consommable. Or le droit et la morale disent qu’on ne peut pas faire le commerce du corps, ni dans sa totalité (esclaves) ni en partie (organes, cellules). Comment la société par le truchement de la loi peut-elle déclarer et admettre que l’opération est légale ? Comment construire une société sur un tel déni ? Comment une femme enceinte d’un enfant peut-elle dire que cela ne la fait pas souffrir d’avoir le projet de l’abandonner à la naissance ? Pour qu’une mère accepte d’abandonner son enfant et de le vendre, il faut une préparation morale, psychologique et spirituelle que la novlangue et la construction de la mythologie parentale lui fournissent : croire que son enfant n’est pas son enfant, refouler ses émotions, se persuader que cet abandon est fait pour le bien des autres, le bien de l’humanité. Les bons sentiments permettent peut-être en partie de s’exonérer de cette aberration de la vente et de l’abandon de son enfant. Cette sophistique du bien commun est le fondement même d’un nouveau type de barbarie : une "barbarie à visage humain".

Le moyen de défense utilisé pour y parvenir est la dénégation. En refoulant les émotions liées à l’attachement prénatal que la mère ne peut manquer de ressentir, elle parvient à se persuader que sa grossesse n’est pas importante pour elle. On peut en effet apparenter la démarche à celle du déni de grossesse à l’origine de certains infanticides où le bébé ne parviendra pas à s’inscrire dans le psychisme de la mère. Mais pour ces femmes, le processus est névrotique, alors que pour les "mères porteuses" il est induit et nécessaire. Les agences qui encadrent les mères porteuses prescrivent d’ailleurs des séances avec un psychologue ou un psychiatre pour opérer ce détachement.

Et que dire de l’enfant qui s’aperçoit qu’il a été un bébé conçu pour être abandonné ? Ces enfants des contrats sont à leur façon des enfants virtuels : ils deviennent non plus des sujets mais des objets du droit. Lorsque l’enfant est ainsi objectivé, sa "gestatrice" l’est par ricochet, qui devient un sac, une femme sans qualités et sans affects.

Soutenir qu’un enfant peut sortir du ventre de sa mère et être vendu sans qu’il en subisse les conséquences psychiques est une aberration et un danger pour l’humanité.

Extrait de Bébés à vendre, d'Eliette Abécassis, Robert Laffont, 2018.

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