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Les constructeurs automobiles signent la paix avec les start-up et préparent une chaine industrielle totalement nouvelle. Pour une fois, la France n‘est pas en retard
©Fabrice COFFRINI / AFP

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Les constructeurs automobiles signent la paix avec les start-up et préparent une chaine industrielle totalement nouvelle. La France n‘est pas en retard, pour une fois !

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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L’ACF, Automobile Club de France, vient d’héberger la finale d’une compétition de start-ups de haut vol, le premier de ce genre dans l’automobile. En partenariat avec l’ESSEC et le Mondial de l’Auto, les grands patrons du secteur, à l’instar de Thierry Peugeot, les fournisseurs comme Valeo, mais aussi les prestataires de services comme l’assureur Allianz n’auraient pas manqué l’occasion et les pitchs ambitieux de ces nouveaux entrepreneurs. Et la pépite qui a remporté le Grand Prix ACF de la Startup automobile s’appelle Scortex, entreprise qui a eu l’idée de faire intervenir l’intelligence artificielle, via le deep learning, au sein même du processus de production, dans l’usine, pour le contrôle qualité des pièces.

Mais le signe encore plus grand de ce changement de regard, c’est quand le plus grand salon technologique, le CES de Las Vegas, s’associe au tout premier salon français en terme de fréquentation. Mondial Tech se tiendra en même temps que le Mondial de l’auto de Paris à l’automne prochain. On pourra y voir défiler toutes les nouvelles innovations technologiques que l’on embarquera bientôt dans les voitures. 

Alors, pris au fil de l’actualité, ces évènements auraient pu passer inaperçus mais ils marquent les esprits de tous les spécialistes de l’industrie automobile parce qu’ils annoncent des changements révolutionnaires. 

Innover pour durer est devenu le leitmotiv du secteur automobile.

Il faut dire que le secteur paie de plein pot les transformations digitales et énergétiques. Coincé par les mesures écologiques prises par les grandes villes, qui vont exclure les véhicules à moteur thermique des villes à un horizon 10 ans, encouragé par les espoirs d’une génération qui veut pouvoir commander une voiture via son smartphone et se relaxer pendant le trajet, c’est tout le secteur automobile qui doit réinventer le transport et la voiture de demain. Mais ça ne va pas sans remettre à plat quelques habitudes ancrées de l’automobile.

Première remise en cause : celle de la propriété. L’automobile vit surement en ce moment  son apogée, avec plus de 95 millions de véhicules vendus en 2017, alors que le cap des 100 millions sera probable franchi pour 2018. Et trois premiers constructeurs se démarquant au dessus des 10 millions d’exemplaires, avec Renault-Nissan, Toyota et Volkswagen. Pour l’instant, ça leur offre surtout la possibilité de s’imposer par rapport aux géants du digital dans la course à la voiture connectée. Pourtant, la loi du chiffre pourrait ne pas durer.

Car si l’on prend le temps d’utilisation d’une voiture particulière, il n’est guère élevé, la voiture étant à l’arrêt près de 98% du temps. Mais si, demain, la voiture est partagée entre des dizaines d’utilisateurs, plus que la quantité, c’est la qualité – et la valeur ajoutée embarquée du véhicule – que les constructeurs se disputeront. Selon le cabinet A.T. Kearney, le contenu et le software totaliseront 60% du coût total du véhicule en 2030 (contre 10% actuellement). 

Deuxième remise en cause : celle de l’intégration d’acteurs plus petits à la chaîne industrielle. Oui, il faut être gros pour compter dans l’automobile, mais on s’aperçoit aussi que les innovations les plus prometteuses (logiciel, internet et big data) viennent souvent d’entreprises du monde de la technologie, en dehors de l’écosystème et du cadre à penser traditionnel de l’industrie automobile. Et cette fois, alors qu’on l’a longtemps crue hermétique aux petits acteurs et aux disrupteurs, l’automobile semble vouloir élargir sa chaine industrielle. Pour cause, dans un secteur où les terrains d’innovations sont très nombreux – sur la production du véhicule, la sécurité du passager, son confort… - et où l’avenir se joue sur les technologies de pointe, les constructeurs automobiles ont tout intérêt à approcher les startuppers et leurs idées, afin de ne pas manquer l’innovation majeure et même de la favoriser.
C’est pourquoi l’initiative de l’ACF, Automobile Club de France et sa compétition de start-ups est un vrai marqueur de changement de mentalité. Ou encore celle de l’arrivée de Mondial Tech, fusion du Mondial de l’Auto et du CES de Las Vegas, qui exposera tout ce qui est haute technologie à bord du véhicule en même temps que le Mondial de l’Auto à Paris.
Dans cette course à l’innovation vers la voiture de demain, ce qui est intéressant c’est que la France, pays qui aime à se complaindre, est très bien partie. Renault Nissan est le leader mondial de la voiture électrique, en totalisant deux fois plus de ventes que Tesla. Même si, en ce qui concerne le véhicule autonome, la prudence est de mise. La sécurité sera évidemment le domaine clé où ne pas lésiner. Sécurité physique d’abord, car les annonces d’accident, on l’a vu avec Uber, ont tendance à inquiéter l’opinion. Et surtout sécurité digitale, car si la voiture est connectée, il faudra la protéger contre l’intrusion de hackers qui pourraient prendre le contrôle du véhicule.

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