Les confessions du majordome de Donald Trump<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Mar-a-Lago, demeure de Donald Trump en Floride.
Mar-a-Lago, demeure de Donald Trump en Floride.
©Reuters

La vie à Mar-a-Lago

Salon de coiffure privatif, portrait géant du maître, fanfare, casquette en fonction des humeurs… Aperçu de la vie eccentrique de la star de télé-réalité et favori du Parti républicain américain.

La ville de Palm Beach, en Floride, s'étend le long d'un filet de terre qui borde la côte atlantique des Etats-Unis, à une centaine de kilomètres au nord de Miami, en Floride. Station balnéaire pour résidents richissimes, elle abrite le domaine Mar-a-Lago, immense club privé possédé par Donald J. Trump, le candidat Républicain à la présidentielle américaine.

Son vieux majordome y a accueilli deux journalistes du New York Times, qui raconte leur après-midi très particulière dans cette propriété de style méditerranéen aux dimensions astronomiques, probablement destinée à devenir le palais d'hiver de la présidence dans le cas où M. Trump remporterait l'élection générale.

Anthony Senecal, 74 ans, travaille à Mar-a-Lago depuis près de 60 ans, dont 30 au service de M. Trump. Employé rompu à sa tâche, il a parfaitement en tête ses cycles de sommeil, la cuisson parfaite de son steak (terriblement à point, c'est-à-dire sans goût mais passons), et n'a jamais demandé pourquoi M. Trump possède un salon de coiffure privatif alors que celui-ci refuse à tout prix que l'on touche à ses cheveux. En somme, nul ne sait mieux servir son maître.

Par exemple, M. Senecal se rappelle distinctement d'une fois où il avait été appelé en urgence car l'arrivée du jet de son patron était imminente, et que M. Trump était de fort méchante humeur ; il avait donc engagé un musicien en un éclair, afin que celui-ci interprète Hail to the Chief au cornet à piston (la marche musicale généralement jouée lors des apparitions publiques du président des États-Unis). Son coup fut efficace : il était fier.

Après tout, les choses se passent généralement beaucoup plus sobrement. Avant l'aube, le milliardaire se fait apporter une pile de journaux, dont le New York Times et la presse locale, et n'émerge que quelques heures plus tard, en portant une casquette dont la couleur indique son humeur : si elle est blanche, l'homme est gai et affable ; si elle est rouge, mieux vaut garder ses distances.

En 2009, la demande de M. Senecal d'être relevé de ses fonctions a été refusée. Aux yeux de Trump, il est irremplaçable : "Prendre sa retraire, c'est mourir un peu", lui dit-il. Gage de sa valeur et de leur proximité, sans doute, qu'elle soit politique ou stylistique. En effet, l'homme arbore fièrement sa moustache en brosse, ses lunettes à monture d'écailles et la pochette blanche de sa jaquette, et comme M. Trump, il se montre à la fois très inquiet des attentats islamistes, et très critique des anciennes épouses de son employeur.

Après tant d'années de service, M. Senecal a appris à se montrer accommodant envers les bizarreries et les affabulations de M. Trump. Il se rappelle notamment d'une vieille habitude de ce dernier : la chambre d'une de ses filles était couverte d'un carrelage enfantin, dont M. Trump aimait à dire qu'il avait été modelé par le jeune Walt Disney – ce qui était bien évidemment faux. Quand M. Senecal, l'historien de la maison, levait les yeux au ciel, M. Trump répondait en riant : "Quelle importance ?"

C'est au début du siècle que la propriété aux 118 pièces fut construite par l'héritière d'un empire céréalier, Marjorie Merriweather Post, qui fut pendant un moment la femme la plus riche du pays. Elle avait importé des pierres de Gênes, en Italie, et des tapisseries de Flandres, qu'elle avait accrochées au mur et dont elle prenait le plus grand soin. Les rideaux étaient ainsi tirés aux heures les plus chaudes de la journée. Aujourd'hui, les couleurs se sont affadies car le soleil rentre grand dans la maison.

A sa mort, Mme Post entendait faire de la maison une retraite présidentielle, mais la somme demandée était trop importante ; ses héritiers l'ont donc vendue au plus offrant, M. Trump. Les enfants de ce dernier avaient toute liberté de jouer dans une immense bibliothèque aux rayons en vieux chêne fournis d'éditions originales rarissimes que personne ne lit. Quand la pièce a été transformée en bar, un tableau de M. Trump a été accroché.

En 1990, M. Senecal pris congé pour devenir le maire d'une ville de Virginie-Occidentale, où il fit parler de lui quand il proposa notamment que les sans-abris ne puissent mendier qu'à la condition d'obtenir un permis. Il rapporte que M. Trump lui écrivit : "C'est vraiment super, Tony".

Aujourd'hui, l'ancien majordome affiche un soutien indéfectible au candidat sur son compte Facebook. L'admiration pour l'homme semble ne pas connaître de limites : le 6 mars dernier, alors M. Trump traversait le grand salon pour rejoindre le terrain de golf, M. Senecal s'est exclamé : "Que tous se lèvent !". Les membres du club et du personnel se sont tous exécutés. La casquette était blanche.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !